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Mohamed Talal : Les entreprises marocaines doivent repenser leur logistique et leur système d'approvisionnement

L'entreprise marocaine se doit aujourd'hui de repenser son modèle de gestion, ce qui implique qu'elle doit être très flexible et très réactive aux changements de situations et de conjonctures. Il lui faut aussi avoir une forte résilience, et être capable de changer du jour au lendemain de fournisseurs et de chaîne d'approvisionnement sans être perturbée. Tel est l'avis du président de la commission PME à la CGEM, Mohamed Talal. Le PDG de La Voie Express plaide également pour un assouplissement des conditions de recrutement et de diminution des effectifs pour permettre aux entreprises d'assurer leur pérennité.

Mohamed Talal : Les entreprises marocaines doivent repenser leur logistique et leur système d'approvisionnement

La crise sanitaire, couplée au conflit russo-ukrainien, a entraîné des problèmes de production dans le monde et une pénurie de marchandises, de telle sorte que les entreprises sont confrontées à une concurrence de plus en plus forte et ont besoin d'une réelle flexibilité en matière d'emploi, affirme Mohamed Talal. L'invité de «L’info en face» soutient qu'une entreprise doit être capable de sauvegarder sa productivité et sa pérennité dans le temps. Pour cela, dit-il, il faut qu'une entreprise qui a des marchés puisse recruter assez rapidement, et lorsqu'elle a un problème de vente, de chiffre d'affaires ou de baisse de productivité, alors il faut qu'elle soit en mesure de réduire son personnel pour assurer sa pérennité. Et M. Talal d’expliquer que lorsqu'un chef d'entreprise a un marché devant lui, il se demande : «Dois-je le prendre ou pas ? Et il se dit : si je le prends, que vais-je faire des employés que j'aurais engagés ? Ils vont rester à ma charge et les procès relatifs aux conflits de travail se soldent souvent par des indemnisations avec des sommes astronomiques qui dépassent parfois largement les résultats des entreprises». «Voilà pourquoi les entreprises ne courent pas ce risque et optent plutôt pour la solution du recrutement d’employés intérimaires, moins qualifiés», souligne-t-il.

Par ailleurs, et devant le contexte marqué par l'inflation tel que nous le vivons aujourd'hui et qui pourrait durer, M. Talal affirme que les États ont pris conscience de la question de leur souveraineté nationale. Chaque État, souligne-t-il, essaie désormais de relocaliser sa production, soit au niveau national, soit au niveau régional. «En Europe, on parle aujourd'hui de “barycentres régionaux”. Les barycentres de la production mondiale se déplacent vers les régions, notamment vers l'Europe où les États sont en quête d'indépendance en ce qui concerne certains produits stratégiques. Ces déplacements des barycentres de production ont un impact certain sur les entreprises marocaines», dit-il. Et de faire savoir qu'«au niveau géopolitique, il faut être devin pour prédire ce qui va se passer demain. Cependant, il est très clair que les coûts du fret maritime ont explosé. Nous avons des conteneurs qui sont passés de 2.000 dollars au départ de la Chine à 11.000 ou 12.000 dollars. Par conséquent, pour les produits de très faible valeur, l'impact de cette augmentation des coûts du fret maritime est très important. Le prix de ces produits peut être multiplié par 3, 4, 5, etc. En revanche, pour les produits à forte valeur ajoutée, cet impact sera faible». Par conséquent, et de l’avis de M. Talal, «l’impact est inéluctable pour tous les produits de première nécessité ou les pièces de rechange». Dans le même sens, le président indique que les coûts asiatiques seront augmentés, ne serait-ce que par les coûts du fret. «Ainsi, une relocalisation des activités industrielles au niveau régional réduirait le coût de la chaîne d'approvisionnement, étant donné, par exemple, que le coût d'un fret maritime de Tanger Med au port de Rotterdam serait trois fois moins cher que le coût d'un fret maritime Tanger Med-Shanghai», explique-t-il. Quant au coût des matières premières qui entreront dans la fabrication des produits, M. Talal y voit une autre paire de manches. Face à tous ces nouveaux éléments, M. Talal incite les entreprises marocaines à repenser leur logistique et leur système d'approvisionnement. La logistique marocaine, insiste-t-il, doit être de plus en plus compétitive (le coût de la logistique au Maroc est aujourd'hui de 19%, contre 11% en France et 9% aux États-Unis). «Les entreprises marocaines se trouvent aujourd'hui dans une situation de sortie de crise qui consiste à repérer de nouveaux marchés, et pour cela elles doivent repenser leurs produits, leur logistique et réduire leur exposition aux risques», préconise-t-il.
 

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