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Jeudi 28 Mars 2024
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Pénurie de médicaments : les pharmaciens appellent au droit de substitution

Le problème de rupture des stocks de certains médicaments refait surface et remet à l’ordre du jour le débat sur le droit de substitution réclamé par les pharmaciens et rejeté par les médecins.

Pénurie de médicaments : les pharmaciens appellent au droit de substitution

Des sources pharmaceutiques ont signalé l'indisponibilité de certains médicaments dans un certain nombre d’officines. Des patients ont été informés que certains de leurs traitements médicaux sont indisponibles ou existent en quantités insuffisantes. Il s’agit notamment des traitements de certaines maladies chroniques, telles que l'athérosclérose et les maladies du cœur, la tension artérielle, les maladies mentales et neurologiques ou encore les contraceptifs.

Ces mêmes sources ont indiqué que le niveau des stocks de certains médicaments est en-deçà de la normale ce qui oblige certains patients à se déplacer dans d’autres pharmacies des quartiers éloignés de leurs domiciles ou d’en demander dans d’autres villes. Cette situation implique une intervention urgente des autorités sanitaires concernées pour prendre les mesures nécessaires et empêcher toute perturbation du processus d’approvisionnement dans le but de préserver les stocks des médicaments. Il est également important de tenir les professionnels du secteur informés de la situation d'approvisionnement actuelle de tous les types de médicaments et des formules alternatives à celles qui sont disponibles en quantité limitée pour répondre aux demandes thérapeutiques des patients.

Pour Dr Hamza Guedira, président du Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens (CNOP), ce phénomène de rupture de stock ou de non disponibilité de certains médicaments dans certaines officines, à certaines périodes de l’année, est un fait constaté au niveau mondial et ne concerne pas uniquement le Maroc. Cette question a d’ailleurs fait l’objet d'une série de forums et de réunions auxquels l'autorité nationale des pharmaciens a participé, dont notamment le sommet de la Francophonie de 2019 à Marrakech. Cette question y a été longuement discutée et des recommandations ont été proposées pour en réduire les effets négatifs.

Plutôt rassurant, Dr. Gudira, contacté par le journal "Assahra Al Maghribia, explique que la situation est normale et qu’il n’existe à ce jour aucune indication qui justifie une exagération de ce manque de médicaments, car il s'agit d'un problème qui ne concerne pas qu’un seul pays. Toutefois, il appelle à réfléchir à des solutions réalistes et efficaces et en particulier en octroyant aux pharmacien le droit de substitution. Ce qui permet au pharmacien de délivrer un médicament alternatif au patient ayant la même composition ordonnée par le médecin traitant. Ce médicament alternatif peut ne pas avoir le même nom de marque, mais la même efficacité. A noter ici la disponibilité de nombreux médicaments en pharmacie avec des appellations différents mais la même composition.  

Le président du CNOP a exhorté le législateur Marocain à promulguer une loi spéciale sur le droit de substitution, visant à aider les patients à éviter les perturbations de telles situations de rupture et à les exempter des dépenses supplémentaires liées aux déplacements pour se procurer le médicament recherché.

Il est à noter par ailleurs que le marché mondial des médicaments est également impacté par la conjoncture actuelle et est confronté à des contraintes liées à la forte pression exercée sur la demande de nombreux pays pour obtenir les matières premières qui entrent dans l'industrie pharmaceutique, dans un contexte où le marché chinois et indien constituent la source de ces matières à 95%, ce qui justifie le retard d'accès de certains pays à ces produits pour maintenir leurs niveaux de production.

Pour le Maroc, des sources affirment par ailleurs que la gestion des stocks des médicaments est soumise à un contrôle hebdomadaire dirigé par l'Observatoire National du Médicament et des Produits de Santé de la Direction du Médicament et de la Pharmacie. Ce contrôle permet de suivre le niveau d'approvisionnement de certains médicaments, et ce dans le respect des exigences légales qui obligent les laboratoires pharmaceutiques à assurer une réserve suffisante de médicaments, pour une période d'au moins 3 mois. C’est en effet ce qui est stipulé dans le Code du Médicament et de la Pharmacie pour assurer un accès perpétuel aux médicaments et aux traitements au Maroc.

A noter également que le droit de substitution, réclamée par les instances et organisations représentatives du secteur, se heurte à l'opposition de plusieurs instances syndicales représentatives des médecins. Ces derniers estiment que ce droit constituerait une violation de la loi en vigueur qui réserve le droit de prescription des médicaments au médecin. Ces derniers s’opposent catégoriquement aux revendications des pharmaciens relatives à ce droit considérant qu’un tel acte représente un empiétement sur leur compétence. De l’autre côté, les pharmaciens s'accrochent à ce droit de substitution compte tenue de leur spécialisation dans le domaine des médicaments. Le débat reste ouvert !

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