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Coût des transferts de la diaspora marocaine : l'appel de Abdellatif Jouahri

Face à un durcissement du processus d'accompagnement des Marocains du monde par les banques marocaines installées en Europe, les opérations de transfert de fonds risquent de se compliquer. Abdellatif Jouahri estime qu'une action diplomatique d’envergure auprès des autorités de l'UE est nécessaire pour alerter sur ces développements préoccupants, sachant que les transferts des Marocains du monde constituent une réelle manne pour l'économie du pays.

Coût des transferts de la diaspora marocaine : l'appel de Abdellatif Jouahri

Les recettes en provenance des Marocains du monde (MDM) ont enregistré un bond historique de 37% en 2021 et de 13% en 2022. Elles ont ainsi atteint 8% du PIB, financé plus du tiers du déficit commercial et pèsent près de 20% des ressources collectées par les banques. Cependant, les pays sources des envois de fonds serrent la vis, avertit Abdellatif Jouahri. C’est particulièrement le cas en Europe, où les activités d’accompagnement des Marocains du monde pratiquées depuis des décennies par les banques marocaines en toute transparence et dans le respect des réglementations locales sont depuis quelques années confrontées à un durcissement sans précédent de leurs conditions d’exercice. «En effet, plusieurs autorités bancaires de pays de l’Union ont décidé de suspendre l’activité d’intermédiation opérée par les filiales bancaires situées en Europe auprès de la diaspora et pour le compte de leurs maisons mères marocaines», a alerté le wali de Bank Al-Maghrib qui s'exprimait lors du Forum sur la réduction des coûts des transferts de fonds de la diaspora africaine organisé le 12 janvier à Rabat, en présence de ministres africains et de gouverneurs de Banques centrales.

L'Europe va vers un durcissement des activités de transfert de fonds 

Cette alerte concerne toute l'Afrique, le continent qui a reçu, sur la dernière décennie, près de 870 milliards de dollars d'envois de fonds, soit une fois et demie le volume des investissements directs étrangers et celui des aides publiques au développement dont le continent a bénéficiés sur la même période.
Selon Abdellatif Jouahri, les conditions de prestation de cette activité vont davantage se durcir si le projet de directive européenne relatif notamment aux succursales de pays tiers est voté en l’état. Ce projet, dont l’adoption est imminente, prévoit l’interdiction pour les banques étrangères non établies dans l’Union européenne (UE) d’offrir des services bancaires du pays d’origine directement à leurs clients résidant dans un pays de l’Union.

«Il nous semble qu’une action diplomatique d’envergure de nos pays est nécessaire pour alerter sur ces développements préoccupants et œuvrer à préserver les acquis et à maintenir les liens, tout particulièrement des dernières générations des migrants sur le sol européen avec la mère patrie», préconise le patron de la Banque centrale.
À ces contraintes, détaille Jouahri, s’ajoute la convention de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) portant sur l’échange d’informations fiscales dont l’entrée en vigueur prochaine suscite la grande inquiétude des Marocains du monde. «Il sera nécessaire d’œuvrer, dans l’intérêt de notre continent et de nos compatriotes, pour que cette norme soit déployée sans entraver les transferts de fonds des migrants», estime le wali de Bank Al-Maghrib.

Selon Abdellatif Jouahri, le Maroc a développé depuis plusieurs décennies une solide infrastructure bancaire s’appuyant sur une présence transnationale de proximité qui constitue un atout majeur pour l’accompagnement de nos compatriotes dans leurs pays de résidence. Les banques marocaines sont ainsi présentes dans 27 pays du continent et disposent de filiales et succursales dans 7 pays européens et d’une cinquantaine de bureaux de représentation à travers différentes régions du globe.
Au Maroc, les flux de transferts reçus de l’étranger sont captés par le circuit bancaire et les établissements de paiement (généralement des filiales de groupes bancaires).

G20 : ramener à 3% le coût moyen d’un transfert à horizon 2030

Concernant les tarifs des transferts de fonds, le coût moyen d’un envoi de fonds vers l’Afrique subsaharienne sur le 3e trimestre 2022 a atteint 8,46%. Bien que ce coût ait baissé à l’instar de la tendance globale, ce corridor demeure largement le plus onéreux, comparativement à la région MENA avec 6,15% et à la moyenne mondiale qui s’affiche à 6,3%. Sur certains corridors intra-continent, le coût dépasse même 15%, regrette Abdellatif Jouahri.
La bonne nouvelle est que le G20 a pour objectif dans sa feuille de route d’amélioration des paiements transfrontaliers que le coût moyen d’un transfert soit ramené à 3% à horizon 2030 et qu’aucun corridor de transfert n’affiche un coût moyen supérieur à 5%.

«Au Maroc, nous avons été sensibles très tôt à cette question de coût. Bank Al-Maghrib a d’ailleurs décidé, dès 2009, de lever toute clause d’exclusivité liant les opérateurs internationaux de transferts de fonds à leurs partenaires au Maroc. Cette mesure a permis de réduire significativement ces coûts,» a expliqué le patron de Bank Al-Maghrib.

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