Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Société

Ce qu'apporterait au Maroc la convention mondiale de l’enseignement supérieur

Vingt pays ont déjà ratifié la Convention mondiale de la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur, dont l’entrée en vigueur est imminente, selon l’Unesco. Le Maroc pourrait annoncer prochainement sa ratification. Pour le ministre de l'Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, Cette Convention rendrait plus fluides les programmes de mobilité académique et permettrait de saisir les opportunités d’emplois à l’échelle internationale.

Ce qu'apporterait au Maroc la convention mondiale de l’enseignement supérieur
Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation

Renforcer la coopération internationale dans l’enseignement supérieur et faire de la mobilité académique et de la reconnaissance des qualifications une réalité pour des millions d’étudiants à travers le monde. Tel est l’objectif de la Convention mondiale de la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur, adoptée par la quarantième session de la Conférence générale de l’Unesco en 2019.

Après avoir recueilli 20 ratifications des États membres, l’Unesco vient d’annoncer que cette convention devrait entrer en vigueur très prochainement. «L’Unesco et ses États membres prendront un tournant décisif vers un enseignement supérieur plus inclusif et équitable pour tous lorsque la Convention mondiale, qui compte 20 ratifications au total, entrera en vigueur et deviendra juridiquement contraignante pour ses États parties dans les premiers mois de l’année 2023», indique l’organisation dans un communiqué.

Le Maroc pourrait être le 21ème pays à ratifier la convention mondiale de l’enseignement supérieur de l'Unesco 

À ce jour, les États qui ont ratifié la Convention mondiale sont l’Andorre, l’Arménie, Cabo Verde, la Côte d’Ivoire, la Croatie, Cuba, l’Estonie, la France, l’Islande, le Japon, la Lituanie, le Nicaragua, la Norvège, la Palestine, la Roumanie, le Royaume-Uni, le Saint-Siège, la Slovaquie, la Suède et la Tunisie. L’Unesco souligne que le processus de ratification se poursuit, puisqu’un nombre croissant d’États membres entreprennent de ratifier la Convention mondiale.

Le Maroc pourrait annoncer prochainement sa ratification. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, on se penche actuellement sur l’examen approfondi de la convergence des dispositions de cette convention avec le cadre juridique et réglementaire national.

Il est à noter que cette convention, qui est le premier traité des Nations unies portant sur l’enseignement supérieur à l’échelle mondiale, établit des principes universels pour une reconnaissance équitable, transparente et non discriminatoire des qualifications de l’enseignement supérieur et des qualifications donnant accès à l’enseignement supérieur et offrant des possibilités d’études et d’emploi. Comportant des dispositions sur les modes d’apprentissage non traditionnels, la Convention mondiale facilite également la reconnaissance des qualifications, des acquis et des périodes d’études réalisées à distance. En outre, elle favorise la reconnaissance des qualifications des réfugiés, même dans les cas où les preuves documentaires font défaut
 

Abdellatif Miraoui : la convention mondiale de l’enseignement supérieur rendrait plus fluides les programmes de mobilité académique 


Le Matin : Est-ce que le Maroc prévoit d’adopter la convention mondiale de l’ONU sur l’enseignement supérieur qui entrera en vigueur incessamment ?
Abdellatif Miraoui : L’enseignement supérieur est l’un des domaines qui exigent pour leur développement soutenu une posture d’ouverture affirmée sur le monde. D'autant qu’aujourd’hui on s’achemine vers un modèle international de l’université qui n’est ni francophone ni anglophone, mais tout simplement universel.
D’ailleurs, le «Pacte Esri» a érigé la coopération et le partenariat à l’international en tant que levier incontournable pour le déploiement de ses chantiers prioritaires, dont les programmes de mobilité des étudiants et des chercheurs, ou encore l’ouverture de l’espace d’enseignement supérieur national pour ériger notre pays en hub continental en matière de formation, de recherche scientifique et d’innovation.
Je voudrais rappeler que le Maroc est déjà signataire de la convention sur les études, certificats diplômes et des grades de l’Enseignement supérieur dans les États arabes, lors de la conférence que j’avais co-présidée avec mon homologue égyptien en février 2022 au siège de l’Unesco. Cette Convention, qui s’inscrit dans le cadre des conventions régionales de l’Unesco, fait d’ailleurs partie intégrante de la Convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur, comme c’est stipulé dans les considérants de cette Convention.
À fin 2022, on compte 20 États qui ont ratifié la Convention mondiale. Comme c’est le cas pour les autres pays, on se penche actuellement sur l’examen approfondi de la convergence des dispositions de cette convention avec le cadre juridique et réglementaire national. Le chantier à l’œuvre de la refonte de la Loi 01.00 nous permettra d’avancer rapidement sur la voie de l’adoption de la Convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur.

Que peut apporter l’adoption de cette Convention au Maroc ?

De par sa portée multilatérale, cette Convention ouvre de grandes perspectives pour l’ensemble des pays. Elle a le mérite de faciliter l’harmonisation des procédures et des normes en matière d’octroi des qualifications de l’enseignement supérieur, bien évidemment, dans le respect et la compréhension de la diversité des systèmes d’enseignement supérieur des États. Elle permettrait d’instaurer plus de transparence et d’équité tant pour un accès non discriminatoire à l’enseignement supérieur partout dans le monde, mais aussi pour saisir les opportunités d’emplois à l’échelle internationale. En outre, cette Convention rendrait plus fluides les programmes de mobilité académique et faciliterait davantage les procédures de reconnaissance des qualifications, du moment que cette reconnaissance est fondée sur des mécanismes d’assurance qualité, garantissant la transparence, la fiabilité et le partage des données et des informations entre les États. Non moins importante, la convention contribuerait aussi au renforcement de la coopération interuniversitaire, à travers l’échange d’expérience et la mutualisation de l’expertise.
Autant d’aspects positifs qui rendent cette Convention mondiale opportune et bénéfique pour les pays signataires.

Pouvez-vous nous rappeler brièvement la vision stratégique du ministère pour améliorer la qualité de l’enseignement supérieur au Maroc ?

La vision stratégique du ministère est portée par le «Pacte Esri 2030», qui a pour finalité de propulser la qualité et la résilience du capital humain de notre pays afin d’accompagner l’élan de développement que connaît le Royaume, sous le Leadership éclaire et visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste.
Ce Pacte a été co-construit moyennant un large processus de consultation ayant impliqué les différentes parties prenantes à l’échelle des 12 régions du Royaume (acteurs universitaires, acteurs institutionnels, opérateurs économiques, acteurs de la société civile) ainsi que les compétences marocaines à l’étranger.
Le Pacte prône un modèle universitaire aux standards internationaux, centré sur la capacitation et l’apprentissage tout au long de la vie. Il met l’accent autant sur le renforcement des compétences disciplinaires que sur le développement des Power Skills des étudiants, à travers la maîtrise des langues étrangères, l’acquisition des compétences digitales et transversales, dont l’éducation à la citoyenneté et la connaissance de l’héritage historique, culturel et artistique du Royaume.
La recherche scientifique occupe une position axiale dans la nouvelle vision stratégique, avec le démarrage incessant d’un chantier de formation d’une nouvelle génération de doctorants-moniteurs, bénéficiant de mobilité internationale (co-direction/co-tutelle de thèses) et d’immersion en milieu professionnel et imprégnés des innovations pédagogiques. À cela s’ajoute la structuration de la recherche scientifique, à travers la création d’Instituts nationaux de recherche thématique, étroitement alignés sur les priorités nationales, notamment dans les domaines soulevant des impératifs de souveraineté (santé ; eau ; énergie ; technologies numériques…). En matière d’innovation, des actions fortes ont été conçues pour faire des territoires le socle d’éclosion des initiatives innovantes, moyennant un cadre incitatif à l’émergence de startups à fort potentiel, tout en favorisant l’ancrage à la culture de la créativité et de l’entrepreneuriat dans les cursus de formation et à travers les activités para-universitaires.
Le «Pacte Esri» comporte plusieurs actions novatrices visant l’impulsion de la qualité de la gouvernance de l’écosystème dans son intégralité par le biais d’une réadaptation du cadre juridique et réglementaire (refonte de la Loi 01.00 ; nouveaux statuts des enseignants-chercheurs…) et l’instauration d’un nouveau cadre contractuel favorisant l’autonomie de l’université et consacrant la pré-éminence de la culture de la performance et des résultats.

>> Lire aussi : Voici les données de la rentrée universitaire 2022-2023 exposées par Miraoui

Lisez nos e-Papers