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L'architecture en perspective

Au solstice de Décembre, presque tous les Architectes du Maroc auront gelé (pas pour longtemps ) toutes leurs idées lumineuses et géniales pour élire, renouveler, éconduire, reconduire et proposer à tous les Marocains, tous leurs nouveaux représentants

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C'est dire la solennité de l'événement de ce grand jour, le plus court de l'année et dont presque personne ne parle, sauf les Architectes eux-mêmes, entre eux. Entre eux car les enjeux, “ l'Architecture 110nale ” et rien que ça, sont grands (je veux dire nobles) et les équipes concurrentes sur-dopées et surchauffées malgré des températures hivernales presque nulles. Ce grand événement serait-il un non-événement ? Après tout il ne s'agit que d'Architecture, longtemps bricolée, adaptée, rafistolée, pour se faire subir, définir, lifter, accepter, adopter et reconnaître. Une Architecture qui se cherchera toujours dans ses rêves et ses utopies comme dans ses audaces, même timides ou réchauffées, une Architecture orpheline ou officielle, de convenance BCBG ou de circonstance, obséquieuse ou effrontée. Ou peut-être une Architecture de façade avec beaucoup de façades, classiques, contemporaines, modernes, post-modernes, art-déco, régionales, simplistes, traditionnelles, marocaines, universelles, mondiales, internationales encyclopédiques, à la carte, à la mode- nous- avons- d'autres- modèles- si- vous- voulez- repasser. Ou peut-être encore une Architecture “ sereine ” et seulement conviviale, faute de caractère, bien que pas toujours conviviale, avec ses quartiers riches, ses quartiers “ économiques ” officiels et ses quartiers clandestins insalubres et officieux. Ces quartiers clandestins et insalubres seraient-ils aussi un non - événement ?
Les Hautes instructions Royales en matière d'éradication de l'habitat insalubre sont claires à ce sujet. Un phénomène pareil n'est plus tolérable pas plus que l'importante demande en logements 116iaux dont le nombre toujours croissant est sans commune mesure avec l'offre plutôt dérisoire et sporadique. Les promoteurs belges sont déjà là et les français se préparent. D'autres aussi, peut-être. Les Marocains se secouent et demandent des terrains et des mesures d'encouragement. C'est normal. Nous sommes dans un pays qui n'a pas fini de se construire, aux potentialités et aux besoins énormes. Il y en a pour tout le monde.
Pourtant ce ne sont pas les terrains qui manquent, mais de nouvelles zones d'urbanisation, de nouveaux centres d'intérêt dans les périphéries plus ou moins proches avec beaucoup de plans de développement et de plans d'aménagement conçus de manière réaliste avec une vision lointaine et des mises à jour fréquentes et régulières. Casablanca (l'exemple) étouffe sous le poids de la spéculation due au manque de terrains et de ciel (je veux dire d'étages). Pendant ce temps, des constructions clandestines se développent un peu partout en périphérie, de manière anarchique compromettant ainsi les chances d'un développement bien pensé et harmonieux. Ou va-t-on, faut-il persévérer dans cette politique de l'autruche ? Sans doute vers une nouvelle approche du problème, car si les plans d'aménagement font défaut et constituent un frein au développement urbain et économique, le nouveau concept Royal de l'autorité permettra aux walis de trouver plus rapidement des solutions efficaces aussi bien en milieu urbain que dans les zones périphériques rurales proches ou moins proches qui ont besoin d'être prises en considération et aménagées avec un souci de complémentarité par rapport aux grands centres urbains certes, mais aussi et surtout par souci de limitation de l'exode rural par l'organisation de nouveaux centres d'intérêt aux activités génératrices d'emploi, à défaut de pluie.
Revenons à la promotion immobilière. Dans le contexte que je viens de décrire, faudra-t-il attendre de nouveaux plans de développement et d'aménagement et leurs enquêtes (c'est un jargon comme un autre) ou faut-il passer outre, au cas par cas ? Dans un cas, il faudra s'armer de beaucoup de compétences et de patience et attendre encore longtemps, dans l'autre il faudra s'armer de beaucoup de vigilance, et de compétences aussi. Et si on combinait les deux phénomènes ? Des dérogations ont commencé à voir le jour au niveau central (commission ad-hoc Direction de l'Urbanisme à Rabat) pour le bonheur du citoyen-candidat au logement, au bien-être et au travail et pour le bonheur du promoteur. Espérons que les effets de la décentralisation se fassent sentir rapidement et que le guichet unique puisse voir le jour dans les meilleures conditions.
Et du guichet unique au tourisme, il n'y a qu'un pas.Tourisme écologique,rural,116ial, balnéaire,114if, d'affaire, de montagne, de plaine, de culture (il ne s'agit pas de patates), de désert, de santé ou de loisirs,autant d'opportunités génératrices d'activité économique directe et indirecte et de beaucoup d'emplois directs et indirects surtout dans nos campagnes délaissées par les promoteurs et les banquiers autant que par l'agriculture et par la pluie et qui ont besoin d'être reconsidérées si on veut contribuer à la sédentarisation des populations, à l'élévation de leur pouvoir d'achat et de leur niveau de vie. Une banque de projets si elle existe doit s'accompagner de mesures et de campagnes d'incitation et d'encouragement permanentes, martelantes et motivantes locales. Quant au tourisme de loisirs en milieu urbain et moins urbain, il devrait faire l'objet d'une véritable politique déterminée, encouragée et offensive vu qu'il n'y a pas de centres de loisirs dignes de ce nom pour les dix millions de touristes que nous attendons,auxquels il faut ajouter tous les 110naux. Les visiteurs sont cordialement invités à suivre des récitations de cours d'histoire de monuments, déclamés à toute vitesse. Il faudra songer sérieusement à créer des parcs d'attraction, à l'initiative du secteur privé sans aucun doute, et il n'est pas nécessaire d'attendre la prochaine coupe du monde pour cela.
Et par la même occasion prévoir des systèmes de tran114 en commun rationnels et HUMAINS gérés par le secteur privé. A Casablanca (l'exemple), le métro est un non-événement, et j'espère qu'il le restera car je préfère pour ma part préconiser le tramway en espérant qu'il fera l'objet d'un débat responsable et déterminant et qu'il nous épargnera tous les désagréments,encombrements et pollutions causés par la prolifération des véhicules particuliers , des taxis de toutes tailles, des bus de toutes vitesses (et des agréments ) qui empestent notre quotidien et menacent notre survie. Quel triste sort en perspective. Mais je n'y crois pas. Nos investisseurs et promoteurs publics et privés - tous secteurs confondus : immobilier, habitat insalubre et clandestin et habitat 116ial, tourisme et loisirs, tran114s en commun, industrie, etc… - ont de quoi s'occuper. Les Concepteurs, Architectes et Ingénieurs, aussi.
Mais le problème n'est pas résolu pour autant, car en supposant qu'on arrive à surmonter “ l'insurmontable ” problème des terrains, des plans d'aménagement, des plans de développement, et autres ustensiles de cette cuisine d'apparence complexe, il faudra alors se poser la vraie question qui est non plus de savoir QUE CONSTRUIRE mais COMMENT LE CONSTRUIRE. Beaucoup de remises en question réalistes sont nécessaires.Beaucoup de compétences et de bonnes volontés (Architectes, Urbanistes, Ingénieurs de tous bords, Promoteurs publics et privés, Entrepreneurs, Industriels, Banquiers) sont concernées et nécessaires pour contribuer à l'instauration d'une véritable politique d'industrialisation du bâtiment dans un esprit de partenariat efficace pour être réellement compétitif et accessible, grâce à des techniques et des procédés industrialisés (au lieu de briques à brac) qui se traduiront par une meilleure maîtrise de la qualité, de la fiabilité, des délais, des coûts, des gains etc… et ce dans l'intérêt du citoyen qui se réserve le droit à la Qualité. De plus, l'industrialisation des différentes composantes du bâtiment constitue un potentiel de développement économique 110nal stratégique et une solution évidente à la demande sans cesse grandissante en matière de logement(sans parler des domaines hôtelier, hospitalier, industriel et autres) et d'emploi. Et il n'y a pas d'utopie là-dedans. Pendant ce temps les Architectes se préparent, s'organisent, se réorganisent,se choisissent et se promettent, en attendant d'aller vers le guichet unique, et de reléguer au Musée le triste souvenir du célèbre parcours du combattant-promoteur pour obtenir la non moins célèbre autorisation de construire (ou de lotir), les Architectes s'as116ient et bientôt nous pourrons voir disparaître l' organisation atomisée des cabinets à la faveur de 116iétés d'Architectes mieux étoffés et d'envergure internationale, s'ils osent toutefois demander les mesures d'accompagnement souhaitées.
Les Architectes s'élisent pour que l'Architecture qui est un langage universel, s'affirme , pour que l'Architecture ne soit plus un non-événement. Les 25 futurs membres de chaque Conseil Régional de l'Ordre des Architectes ont du pain sur la planche. Sauront-ils dessiner une belle perspective ou bien se contenteront-ils d'en construire les lignes de fuite ?
“ Beati pauperes spiritu ”. Et pour ne pas avoir à trop médiatiser l'Architecture, ni à la vulgariser, dans un langage accessible douteux, sans doute faudra-il se résoudre à expliquer à nos enfants dès l'école primaire, la différence entre l'Architecture et le non-événement.
* Architect
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