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Accueil next Naissance de SAR Lalla Khadija

Le tissage, en mal d'adeptes

Les origines du tissage de la laine se perdent dans la nuit des temps. Naguère prospère, le métier du tisserand fait, de nos jours, face à des difficultés diverses : une clientèle qui se fait rare, en manque total d'adaptation à la vie moderne. De pl

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Nous avons jugé utile de recueillir l'avis d'une femme spécialiste dans la confection des couvertures “Bettania”.
Elles ne sont plus qu'une dizaine au plus à El Jadida et sa région. Elles? Ce sont les tisserandes spécialisées dans le tissage des grandes pièces de laine blanche réservées exclusivement au couchage et communément appelées “Bettania” leur nombre diminue chaque année davantage. Les jeunes qui, en principe sont censés assurer la survie d'un tel métier, le fuient et le boudent.
Aux dires même de ceux qui l'exerce encore, le métier ne rapporte pas gros et ne nourrit plus. Il faut dire que ces couvertures industrielles ont fait leur percée et ont largement supplanté les couvertures traditionnelles qu'on commande encore tout juste pour faire partie d'un trousseau bien garni d'une jeune fille à marier dans le monde rural. Et encore. Pour en savoir plus, nous avons fait irruption dans la maison de madame H. B 75 ans, Madame Hnia parle de son métier à tisser avec tout le respect qu'elle lui doit. Le tout sans cesser une minute de manœuvrer son métier à tisser qu'elle semble caresser. La navette ne s'est plus arrêtée lors de notre entretien.
Pour tout éclairage, Madame Hnia a allumé deux grandes bougies. Un éclairage chiche et chancelant en dépit de la bonne volonté des deux mèches. Mais un tel éclairage semble donner des ailes à madame Hnia, mieux que tous les néants du monde réunis. Pour toute musique, elle se contente d'apprécier les notes cadencées dictées par son métier à tisser. Elle a dû s'apercevoir de mon étonnement : “Je vous étonne n'est ce pas? à mon âge, je devrais jouir d'une retraite bien méritée. Mais quand on a des charges, point de repos.

Satisfaire la clientèle

Mon métier est harassant La position fatigante infligée par le métier à tisser une cause des courbatures diverses. Mais je tiens encore grâce à Dieu. Je dois vous faire remarquer que les huit heures du jour ne me suffisent pas, c'est pourquoi je travaille une partie de la nuit, pour satisfaire une clientèle devenue rare mais exigeante quant à la qualité et au délai de livraison.
L'éclairage qui semble vous étonner ne me rebute pas tant que j'ai affaire à une laine blanche, ce qui en va bien autrement quand elle est noire au brune. Mon métier, je l'ai appris de ma mère. C'est dire que je perpétue les mêmes gertes qu'on lui a inculqués. La laine que la pratique est évidemment naturelle. Il faut dire que le métier de tissant est très dur, puisque il y a des femmes qui font un travail.
Préalable : cardage, peignage et le filage. Mais ces femmes n'existent presque plus. Elles ont perdu leurs cardes, leurs peignes et leurs fuseaux. Chose qui se répercute négativement sur mon métier.
En tous cas, une fois commencé, mon ouvrage fait exclusivement l'objet de toute mon attention, de toute mon ardeur et mon application . A la fin, une joie est double : outre le bénéfice que l'on tire et qui me permet de vivre honnêtement, je pense aussi à tous ceux qui vont étrenner cette “Bettania” généralement de nombreux mariés, ou de vieux parents frileux. Je leur garantis une chose: Ils seront bien au chaud.
Rien en vaut la laine pour se chauffer et aucune comparaison n'est possible avec les couvertures industrielles faites à la va-vite. Encore, il faut penser à perpétuer le métier : Nous nous sommes plus qu'une dizaine à El Jadida et sa région.
Dans quelques années, vous n'en verrez plus peut-être. Mais, dites l'usage de la “Bettania doukkalia” se sera-t-il aussi courant qu'aujourd'hui c'est à en douter!
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