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Jeudi 28 Mars 2024
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Tamegroute : lorsque le monde parlait arabe

Riche d'une collection de manuscrits, dont le plus ancien remonte au 13ème siècle, la bibliothèque de Tamegroute, un des principaux centres de rayonnement intellectuel du Maroc, abrite un legs inestimable dont les secrets restent encore à découvrir.

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A 20 km au sud de Zagora, non loin de la Zaouia Naciriya, un bâtiment récent, adossé à un institut d'études théologiques, renferme une précieuse collection de manuscrits de théologie, de littérature, d'histoire, de philosophie, de mystique et de médecine.
Ceci est une traduction en arabe d'un ouvrage de pythagore, 500 ans, explique le responsable de la bibliothèque. Là-haut, des exemplaires du Saint Coran, ici des enluminures sur peaux de gazelle, là-bas un traité de philosophie. Plus de quatre mille ouvrages, indique Fkih Mohamed Mennouni, qui a séjourné à la bibliothèque de Tamegroute et en a établi l'inventaire. Les riches compilations de ce temple, dont la fondation remonte au 17ème siècle, ont été reproduites ou acquises à leur pesant d'or par le Saint Mohamed Bennacer (1603/1675), Cheikh de la célèbre Tariqa Naciriya. Héritier de la zaouia Naciriya, fondée en 1576, Cheikh Bennacer fut, de l'avis de tous ses biographes, un féru de livres. Formé entre les écoles du Draa et du Tafilalet, il cultivait un faible particulier pour les manuscrits et ouvrages de théologie, qui ne tardèrent pas à attirer vers Tamegroute de nombreux contingents d'étudiants assoiffés au savoir.Sous ses auspices, la confrérie est devenue un véritable vivier, qui a donné au Maroc d'illustres cadis, ouléma, écrivains, historiens et hommes de lettre. Plus de 300 sections étaient rattachées à la confrérie mère de Tamegroute, dont l'aura spirituelle et intellectuelle n'était pas sans inquiéter le gouvernement central. Plutôt timores au début, les rapports de la confrérie avec le makhzen étaient promis à une véritable embellie avec l'avènement de Moulay Ismaïl (1672/1727). Rassuré que Tamegroute ne nourrissait pas de prétentions séculaires, le Sultan convoqua, en 1707, le Cheikh de la zaouia à Meknès et adopta la Tariqa Naciriya.
Tamegroute n'a pas cessé, depuis, de jouer un rôle de premier ordre dans les rouages du makhzen qui, s'appuyant sur l'influence de la confrérie, allait asseoir son autorité sur l'ensemble du Draa et bien au-delà. Epousailles ou intégration, à partir de la deuxième moitié du 18ème siècle, partout où se trouvait une section de la zaouia mère, une kasbah sultanienne était érigée.
Mais, au-delà des péripéties ayant émaillé le rapport du savoir au pouvoir dans une région qui rend toujours l'écho des caravanes, les rayons de la bibliothèque de Tamegroute continuent de conserver les éléments épars d'une mémoire archéologique à reconstituer: celle d'une époque où le monde parlait arabe.
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