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Un vendredi noir

Chute terrible, séance orageuse et cauchemardesque... la Bourse de Casablanca vient de vivre, cette fin de semaine, une journée des plus noires de son histoire.

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Ce qui devait arriver, arriva. La débâcle fut brutale et orageuse. D'un coup, l'IGB passe au sous-sol, franchissant le seuil fatidique des 580 points, à 574,10 points, en baisse de 1,48%,soit finalement une contre-performance annuelle de près de 13%, ou une perte cumulée sur un an glissant de près de 20%. Ce n'est pas la joie. En une seule journée, plus d'un milliard et demi de dirhams se sont évaporés. La capitalisation boursière passe sous la barre des 100 milliards de DH à 98,5 milliards de DH. Le pessimisme s'empare même de ceux qui, il y a quelques jours encore, gardaient espoir. Une situation qui rend le ciel plus tonitruant, plus menaçant. Mais le mal est déjà fait. Les porteurs de parts, de plus en plus inquiets et mécontents pour avoir perdu l'essentiel de leur labeur, abandonnent la corbeille. Mouvement de rachat normal après trois années successives de moins values, pour ne pas dire de perte sèche. Pour les petits porteurs comme pour les porteurs de parts de SICAV, la patience n'a pas été payante.
Aujourd'hui, dans un contexte de marché fortement vendeur, la Bourse de Casablanca est réduite à la portion congrue. Ce brusque décrochage ne peut être, en tout cas, passé sous silence. Cette dérive boursière, qui vient de démontrer les incohérences du système financier, doit retenir l'attention des autorités de marché. On ne peut, en aucun cas, abandonner le navire en plein tempête (électorale s'entend). Cela risque de coûter cher électoralement à ceux-là mêmes qui ont cru bien faire en ligotant l'épargne boursière. Erreur fatale. La poule aux oeufs d'or s'est transformée finalement en boîte de pandore!
Pire qu'un vote électoral, la défiance des épargnants est significative à plus d'un titre. Un: la bourse est un canular de mauvais goût, comme dans le cas des fausses alertes à l'anthrax. Deux: une perturbation qui n'a pas servi l'image du Maroc moderne. Trois: réactivité faible au moment où les connexions du monde de la finance se font à la vitesse de la lumière. En fait les responsabilités sont partagées. Il y a aussi les entreprises cotées, qui n'ont rien fait pour arrêter l'hémorragie. L'absence de communication est déjà une aberration et une absurdité grave et inacceptable). A l'inverse de ce qui se fait le plus normalement ailleurs, dans les pays à tradition boursière, chez nous, le top management des compagnies cotées se soucie très peu ou pas du tout de la dégringolade de leurs valeurs. L'animation et le soutien de la valeur est loin des normes internationalement reconnues. Depuis des décennies, les opérations d'augmentation de capital, les opérations d'échanges, de fusion ou d'absorption sont plus des mots galvaudés qu'une réalité vécue. De ce côté ci, il faut reconnaître que la léthargie est totale.
De plus, les mesures «choc» que l'on attendait depuis longtemps n'ont pas eu lieu. Le retour à l'ancienne formule, en matière de fiscalité de l'épargne boursière, est tout simplement décevant. Le marché ne pouvait réagir favorablement à ce genre tâtonnement. Il fallait réussir un dosage chimique très précis: des taux courts plus bas sans aller à pénaliser le Trésor, pour ranimer le marché des actions. Désigner aussi un régulateur de marché (pas seulement un gendarme mais aussi un sapeur pompier) qui puisse contourner les débordements. Défiscaliser l'épargne et les introductions en bourse tout en réduisant les commissions d'intermédiation ou de garde des titres, sachant pertinemment qu'avec le peu de sociétés cotées on assure déjà près de la moitié de l'IS collectée...
On dira, j'en conviens, que ce genre de constat est facile à faire. Le plus difficile, certes, c'est la mise en oeuvre et la concrétisation de ce plan de sauvetage. Au fait, cela nous amène à poser la question suivante: quelle Bourse voulons-nous pour quels objectifs? Il faut dire que l'émergence d'un marché nécessite beaucoup de travail et beaucoup de réflexion. Chez nous, en tout cas, on ne s'est pas occupé suffisamment de notre petit marché. On ne l'a pas soigné comme il fallait. On ne l'a pas régulé comme il se doit. Il est resté livré à lui même. Egaré et orphelin.
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