Menu
Search
Jeudi 18 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 18 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next L'humain au centre de l'action future

CNMM : grandes ambitions pour l'art

Le Comité National de la Musique au Maroc, rattaché au Conseil International de la Musique de l'UNESCO, s'assigne d'importantes missions pour élever la musique de qualité et sa profession aux rangs supérieurs qui leur reviennent en notre pays. En cela il

No Image
Ce début d'automne a vu la célébration de la Journée Internationale de la Musique décrétée par l'UNESCO le 1er octobre (à ne pas confondre avec la Journée Mondiale de la Musique consacrée le 21 juin, ni avec la Journée Nationale de la Musique fêtée le 7 mai). C'est au Comité National de la Musique du Maroc (CNMM), membre du Conseil International de la Musique (CIM) de l'UNESCO, que revient la tutelle de l'organisation de cette Journée Internationale de la Musique dans notre pays. Une Journée promulguée depuis 1975 par le prestigieux violoniste disparu Lord Yehudi Menuhin.
Ce Comité National a été créé il y a deux ans par l'auteur-compositeur Hassan Megri, sur l'incitation de l'UNESCO qui en a directement chargé le célèbre artiste.
Ziryab à Saïd Chraïbi

Le CNMM a donc organisé le 4 octobre une soirée spectacle au Théâtre Mohammed V de Rabat réunissant les prestations d'artistes marocains et étrangers de notoriété internationale, dont le plus grand luthiste du monde, le maître Saïd Chraïbi auquel a été décerné à cette occasion le Ziryab des virtuoses. Ziryab, mot persan signifiant « oiseau noir », surnom du créateur de la musique classique arabe, l'Irakien Hassan Ibnou Nafie, plus connu par son surnom Ziryab qu'on lui avait donné pour son teint noir.
Au cours de cette soirée qui lui rendait un hommage particulier, Saïd Chraïbi a joué des «Khawatir » arabes, deux de ses compositions dont une nouvelle. La cantatrice roumaine Rusu Johanna a quant à elle séduit le public par quelques airs d'opéra et des chants du patrimoine de son pays. Deux jeunes chanteuses marocaines ont révélé leurs capacités dans le patrimoine et le classique arabe : Zoubida El Idrissi a interprété du gharnati, et Nisrine Adraoui des chansons de Fairuz. Le public a également pu retrouver le chanteur marocain Omar Chafik qui vit au Caire et découvrir un jeune talent de treize ans, fils du sculpteur Sahbi. La troupe espagnole La Musgana s'est également produite avec succès. Cette soirée est le troisième événement à l'actif de ce CNMM qui enregistre à son actif un premier gala qui avait décerné un Rabab d'or, grand Prix couronnant des stars de la chanson arabe, à l'illustre chanteur-compositeur Abdelwahab Doukkali, et un second gala qui destina cette fois le Rabab d'or à l'illustre Abdelhadi Belkayat.
Grouper des forces musicales

Dans le sillage de la vocation générale du CIM, le CNMM s'assigne pour missions essentielles la sauvegarde du patrimoine, la réflexion et l'action pour l'évolution de la musique marocaine, l'encouragement de la création musicale, l'amélioration du sort de la musique et des musiciens au Maroc, leur accès au public international, la structuration de ce secteur … Le président du CNMM Hassan Megri précise néanmoins qu'il s'agit de contributions spécifiques qui ne sont pas à confondre avec celles d'un syndicat. « Dès que l'UNESCO m'a contacté pour créer ce Comité, affirme Megri, j'ai entrepris de le constituer en faisant appel tout d'abord à Abdelwahab Doukkali, le Doyen de la Musique au Maroc nommé par Sa Majesté Mohammed VI, ainsi qu'à d'autres personnalités du monde de la Musique tels que par exemple le cithariste Salah Cherki, le musicologue Abdelaziz Benabdeljalil (membre de la Ligue Arabe de la Musique)… ». Hassan Megri, auteur-compositeur, chanteur, critique d'art, est le créateur de l'ensemble musical des Megri, à l'origine de la musique moderne dans notre pays, nouvelle vague musicale apparue dès les années 60. Il a composé des chansons pour des vedettes comme Samira Bensaïd, Rajae Benlemlih, Fatema El Mekdadi, etc. Cadre à la RTM, il fut détaché par Sa Majesté Hassan II, que Dieu ait son âme, pour se consacrer uniquement à ses recherches et à son travail au niveau de la musique. Il a voyagé à travers le monde, de l'Egypte jusqu'en Inde, pour approfondir sa science, s'est produit sur des scènes prestigieuses telles que l'Olympia à Paris. La Maison de production Philipps a lancé les Megri dans le monde.
« Le rôle du Comité est d'élever la musique de qualité au rang supérieur qui lui revient, d'organiser des actions interculturelles avec le monde entier, de consacrer nos artistes et de les faire connaître à l'étranger, dit Megri. Ce Comité représente également un pont entre toutes les associations musicales marocaines et l'UNESCO, ainsi qu'il représente tous les styles musicaux de notre pays, à la différence de la plupart des associations qui travaillent pour un style déterminé. Notre vocation est donc plus large, nationale ». Megri souligne encore que le Comité ne recrute pas des membres à la manière des syndicats mais plutôt cherche à grouper des forces musicales. Il affirme par ailleurs que le syndicat se fixe aussi pour objectif de pouvoir aider concrètement les artistes nécessiteux. « Par exemple assister des chanteurs dans leurs enregistrements, offrir des instruments de musique à des élèves du Conservatoire…», dit Mégri. S'agissant de la situation générale des artistes nationaux de haut niveau, ambassadeurs de marque de notre pays, de leurs conditions de vie souvent précaires, de leurs difficultés financières, un phénomène illogique, qui devrait être inacceptable, le Comité est-il en mesure de l'examiner et d'y apporter des solutions ? « Voilà la question centrale de notre raison d'être, dit Megri. Nous sommes un organisme privé créé par l'UNESCO ; nous vivons de sponsors et de bienfaiteurs, et il nous faut une aide étatique, une implication sérieuse du Ministère de la Culture ».
La musique transcende la langue

Dans l'après-midi qui précéda la soirée au Théâtre Mohammed V, le CNMM a aussi tenu un colloque sur la musique en ce théâtre même, qui a abordé les thèmes de la musique andalouse, de la musique roumaine, de la musique populaire au Maroc, de l'UNESCO et la mondialisation. Ayant développé ce dernier thème, Megri a mis l'accent sur la reconnaissance, par la Journée Internationale de la Musique, de « l'importance de la musique dans la vie quotidienne de tous les habitants de la terre, moyen de communication qui transcende les barrières linguistiques ». Dans cette optique, il a relevé la nécessité de promouvoir l'art musical dans toutes les couches de la société. La musique est un luxe vital dont aucun être ne devrait être privé. Un luxe non superflu mais fondamental, « indispensable et bienfaisant pour l'esprit », comme l'a dit Saïd Chraïbi au cours de cet événement. Megri traitera ensuite de la place de la musique dans la mondialisation. « Le Conseil International de la Musique s'inquiète de l'avenir de la diversité musicale et culturelle universelle, dit-il. Son programme d'action « multi-musique » a pour but de promouvoir et de soutenir les efforts déployés pour renforcer l'appréciation, la compréhension et la préservation du riche patrimoine musical mondial. Mais la protection de la diversité musicale impose aussi de reconnaître et de soutenir la créativité ».
Lisez nos e-Papers