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Des escargots pour mesurer la pollution des sols

Les escargots qui ne finissent pas assaisonnés au beurre et au persil vont bientôt se voir offrir une autre alternative, celle de servir d'indicateur biologique de pollution des sols, comme viennent de le démontrer deux jeunes chercheurs de l'université d

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Jusqu'ici principalement dévolue aux vers de terre, la détection biologique des polluants par «l'Helix aspersa», plus connu sous le nom de petit-gris, présente l'avantage de mieux cerner toutes les sources possibles de pollution d'un milieu. «L'escargot vit au contact de la terre, des plantes, puisqu'il est herbivore, et de l'air puisque c'est un organisme pulmoné. Il absorbe donc les pollutions atmosphériques, du sol et de la végétation. En ce sens c'est un outil plus complet que ceux dont nous disposons», explique Renaud Scheifler, chercheur au laboratoire de biologie environnementale de l'université de Besançon.
Avec un autre jeune scientifique, Michaël Coeurdassier, et sous la direction d'Annette de Vaufleury et Pierre-Marie Badot, il a exploité une caractéristique des escargots connue des biologistes : celle d'accumuler de grandes quantités de polluants dans son organisme sans que cela lui soit trop nuisible. Le constat a été vérifié en exposant durant plusieurs semaines des petits-gris au contact d'échantillons de sol pollués par des métaux comme le cadmium, le zinc, le plomb ou le cuivre, afin de mesurer le taux de pollution de leur organisme.
«Avec 140 ppm (partie par million) de cadmium dans leur alimentation pendant quatre semaines, la croissance des escargots diminue de 50%, mais ils ne meurent pas parce qu'ils possèdent une protéine qui lie les métaux et diminue leur toxicité. Une quantité bien moindre de polluant serait fatale à n'importe quel être humain», décrit Renaud Scheifler.
Soutenus par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), les travaux des chercheurs leur ont permis de valider deux tests en laboratoire désormais disponibles pour les industriels et les bureaux d'étude qui souhaiteraient évaluer la toxicité d'un sol ou d'un déchet. «On pourrait imaginer qu'ils utilisent cet outil de manière préventive pour mesurer l'impact du rejet de tel ou tel déchet dans la nature». Pour autant, cette faculté des escargots de fixer les polluants ne doit pas inquiéter les gastronomes amateurs de gastéropodes : «on mange rarement la glande digestive qui accumule la majorité des polluants, et il faudrait en manger des dizaines par jour ramassés sur des sols très pollués pour qu'il y ait un risque».

Chaîne alimentaire

Les recherches du laboratoire se sont poursuivies pour déterminer les possibilités de transfert des polluants dans les maillons de la chaîne alimentaire, et ont abouti à une autre découverte étonnante. «Il est normalement admis qu'une partie du polluant dans un sol n'a pas la capacité d'être transférée vers les organismes vivants. Or, d'après nos expériences, le cadmium absorbé par le petit gris provient pour 16% de cette part que l'on pensait non “disponible”. Si ces résultats sont généralisables, il faudra peut-être revoir à la hausse les risques de pollution d'un site.»
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