Menu
Search
Jeudi 28 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Fête du Trône 2006

Discours du Trône: une refondation Royale de la politique et de l'économie

Par sa profondeur et sa clarté pédagogique, le discours que S.M. le Roi a prononcé mardi à Tanger, à l'occasion du troisième anniversaire de son accession au Trône, constitue un tournant dans la vie nationale. Sans doute, en effet, une telle prestation a-

No Image
Il reste que le discours du Trône de l'année 2002 aura en revanche des accents nouveaux, parce qu'il se présente comme une interpellation Royale, parce que sa dimension programmatique est sans commune mesure avec les autres. L'analyse des événements comme la réflexion qui l'accompagne sont d'une haute pertinence. Elles procèdent d'un déroulement par paliers des champs et des composantes : l'alternance et ses acquis, mais aussi son ancrage dans la culture populaire, les choix qui justifient le projet de société, basé sur la promotion des libertés et la consolidation, toujours renouvelée mais jamais inachevée, des droits de l'Homme; les grands ouvrages comme la réforme de la justice, corollaire nécessaire pour une plus juste et solide relance économique; la mise à niveau économique pour s'inscrire à la fois dans une optique d'économie de marché et assumer une mondialisation heureuse ; le développement intégré qui sous-tend une politique hardie, novatrice aussi de régionalisation assumée. Puis dans le même souci, fidèle à tout ce qui a été proclamé jusqu'ici, une corrélation avec l'accord-cadre que les Nations unies essayent de mettre en œuvre pour promouvoir une solution politique au Sahara marocain.
L'analyse Royale a passé également au crible les questions de l'Union du Maghreb Arabe, réaffirmé comme une «option stratégique» la lutte contre le terrorisme, la nécessité de mettre en œuvre, sur la base des conclusions du Forum d'Agadir, des partenariats et des accords de libre-échange en s'inspirant du modèle de celui qui a été annoncé entre le Royaume du Maroc et les Etats-Unis, la récente crise maroco-espagnole sur l'îlot marocain Tourah. Et sur fond d'une allocution riche, dense et dirions-nous spectrale, tant il est vrai qu'elle a tout abordé, l'irréductible volonté de défendre notre intégrité territoriale. A cet égard, le Souverain ne se départira nullement de sa position et rétorquera avec superbe aux adversaires de notre cause : «Ainsi que nous l'avons affirmé au monde entier, au cours de notre visite bénie à la ville de Lâayoune, nous proclamons de nouveau notre volonté inébranlable de protéger notre intégrité territoriale et de ne pas renoncer à un seul pouce de notre territoire « .

Appel Royal à la vigilance

L'expérience de l'alternance, lancée en février 1998, ayant donné ses fruits, le Maroc se trouve aujourd'hui d'autant plus conforté qu'il peut lancer d'autres batailles. Celle de l'économie l'interpelle plus que jamais , elle s'impose d'elle-même parce elle s'appuierait aisément sur le socle politique et institutionnel. Or, bien avant de s'engager sur ce nouveau chantier, le Souverain prévient que la vigilance doit être de mise. «Si, comme il le fallait, a-t-il affirmé, nous avons d'abord gagné cette première bataille de l'irréversibilité de nos choix et de notre gouvernance démocratique, est-ce pour autant que chacun d'entre nous mesure les efforts et les sacrifices qui devaient être consentis ? « .

Fragile, toujours inachevée, jamais absolue au sens hégélien du terme, la démocratie est en constante reconstruction. Il convient, ce faisant, de la nourrir de fortes idées et de la conforter par un respect scrupuleux de ses valeurs. C'est dans cet esprit que S.M. le Roi s'interroge avec justesse en ces termes : « Est-ce que notre démocratie est à l'abri de tous les périls et de toutes les dérives ? Il nous faut rester encore vigilants et constamment mobilisés pour que cette démocratie ne soit pas récupérée, détournée, instrumentalisée par ceux qui rêvent au confort douillet, frileux et attentiste, répandant découragement et désespoir, comme si le Maroc tournait le dos tout à la fois à sa propre histoire, à son avenir et aux espérances de ses propres enfants « .

Ces espérances s'expriment, en premier lieu, au niveau des attentes économiques. Et S.M. le Roi s'est fait fort de les mettre en exergue en déclarant que «ces attentes procèdent de lendemains économiques plus ambitieux, plus exaltants, qui apportent aux générations montantes, une réponse plus digne, plus stable, plus sécurisante, plus valorisante en matière d'emploi et plus propice au développement rural, au mieux-être social et à une meilleure qualité de vie, grâce à la création de plus de richesses dans notre pays et grâce aussi à une répartition plus juste et plus équitable de ces richesses « . Le propos résume, en effet, toute la problématique du développement intégré qui est aujourd'hui le défi le plus exaltant du Maroc. Il reste que ce développement, entre des objectifs ambitieux et des urgences extrêmes, doit d'abord s'appuyer pour ne pas dire s'articuler sur un socle politique assaini et sur une démocratie vivante. Parce que développement et démocratie vont de pair comme deux doigts de la main, inséparables, conventionnées pour ainsi dire et complémentaires.

Là aussi, le Souverain aura été plus que clair : « Notre démocratie restera fragile, tant qu'elle ne sera pas confortée par le développement économique et par la solidarité sociale. Nous avons, certes, engrangé de multiples acquis politiques. Mais notre économie continue d'être pénalisée par ses carences en matière de productivité, de création de richesses et de leur répartition sociale» . L'appel, par conséquent, est celui d'une mobilisation coordonnée pour que soit réalisée une réelle adéquation entre politique et économie. C'est le sens donné par le Souverain au concept de mise à niveau de l'économie nationale qui, comme un corollaire, inscrit comme des urgences la réforme de l'Administration, celle de la justice et celle de la fiscalité. Mieux, l'émergence d'une économie productive, assainie, assises sur des bases modernes nous permettra non seulement d'assurer le bien-être des citoyens, mais aussi de mieux assumer la mondialisation qui frappe à nos portes.

D'où le constat Royal émis sous forme d'impératif : « Il s'ensuit donc la nécessité d'adopter une politique économique et financière cohérente, ayant une vision claire et des priorités bien définies, dans le cadre de contrats-programmes entre les pouvoirs publics et le secteur privé. « . Pour ce faire, et le Souverain l'a annoncé magistralement, le Fonds Hassan II pour le développement économique et social, continuera à assumer son rôle de levier puissant.On en veut pour preuve le fait que quelque 67 conventions ont été jusqu'ici finalisées par ce même Fonds, dix ayant été signées d'un coup hier à Tétouan sous la présidence de S.M. le Roi pour la réalisation de projets dans les domaines de l'Habitat social, de l'industrie, du tourisme et en faveur des PME-PMI. Avec des engagements cumulés de l'ordre de 6,8 Milliards de dirhams, le Fonds Hassan II est devenu un véritable propulseur de projets économiques et sociaux.

Développement durable, mise à niveau de l'économie, bonne gouvernance, ancrage dans l'économie mondiale, croissance et ouverture - grâce notamment aux zones de libre échange -, autant d'objectifs qui constituent de véritables défis. C'est une véritable nomenclature de projets, en cours de lancement ou de réalisation. Le discours Royal leur donne une indéniable impulsion, parce qu'ils confortent et justifient le grand et noble projet de société que S.M. le Roi Mohammed VI a dessiné pour nous, celui d'un Maroc moderne, solidaire des autres dont la devise reste la tolérance et la sagesse.
Lisez nos e-Papers