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Environnement: des algues en péril

Depuis l'avènement, il y a quelques années, d'une forte demande à l'exportation des algues marines, la ruée vers l'or a fait des ravages. La densité des peuplements des algues rouges (Gelidium) au niveau du littoral atlantique(axe El Jadida-Essaouira) est

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Peu d'estivants, qui affluent en été sur les plages d'El Jadida, connaissent la nature de cette herbe rouge, connue localement sous le nom de R'bia, que des centaines de jeunes s'activent chaque été à sortir de la mer à bord d'énormes chambres à air improvisées en embarcation de fortune.
Il s'agit de l'algue marine Gelidium d'où est extraite la précieuse matière Agar-Agar, un produit à forte valeur ajoutée, utilisé dans les domaines pharmaceutique, cosmétique, agro-alimentaire et dans divers usages pour des produits bio en vogue actuellement en Occident.
Ils sont ainsi des centaines de jeunes plongeurs qui sont chaque année au rendez-vous de la saison d'extraction des algues qui s'étend du 1er juillet à fin septembre. Leur nombre ne cesse d'augmenter, et pour cause, un débutant dans le métier peut aisément se faire plus de 10.000 DH par mois.
Pourtant, ces derniers se situent au dernier rang des bénéficiaires de cette aubaine surexploitée et braconnée à volonté et qui a suscité, depuis quelques années, une véritable ruée vers l'or.
En dehors de l'intense opération d'extraction durant les trois mois ouverts à la collecte, le braconnage se poursuit durant toute l'année. Trois sociétés seulement se partagent le marché de la transformation et de l'exportation des algues. Elles sont implantées à Casablanca, Kénitra et El Jadida.
Les plongeurs reconnaissent eux-mêmes que les algues étaient, il y a quelques années, abondantes à quelques mètres seulement de la plage. On n'avait qu'à se pencher pour arracher les algues à moins d'un mètre de profondeur, explique un plongeur, ajoutant qu'actuellement il faut aller de plus en plus loin et plonger de plus en plus profondément pour extraire la précieuse algue.1
Des études récentes sur les algues Gelidium ont révélé une régression alarmante dans les principales zones de peuplement se situant notamment au niveau des zones du littoral atlantique El Jadida-Essaouira et la zone de Tan-Tan. En six ans seulement on est passé de 5 kg à 0,8 kg au mètre carré, relèvent les résultats de certaines recherches scientifiques.
Une telle situation est la conséquence inévitable d'un braconnage qui se poursuit durant toute l'année et de l'arrachage anarchique qui ne permet pas la régénération naturelle de l'algue.
Sur plusieurs plages de la province d'El Jadida et durant presque toutes les saisons, dès que les conditions climatiques sont favorables, des jeunes et moins jeunes enfilent leurs combinaisons de plongée rafistolées et partent à l'arrachage des algues.
Difficile de blâmer uniquement ces gens sans alternative, puisque la demande est toujours là. Les acheteurs et les multiples intermédiaires ne se résignent pas à limiter leur lucratif commerce aux seuls trois mois ouverts à la collecte des algues.
Lors d'une journée d'étude organisée en juin dernier à El Jadida sur l'exploitation des algues marines, en présence du ministre des Pêches maritimes, M. Saïd Chbaâtou, les participants ont été unanimés à souligner les grandes lacunes de la législation dans ce domaine, ce qui permet toutes sortes d'abus et de surexploitation de cette précieuse ressource halieutique.
Les résultats des recherches qui ont été présentées à cette occasion sont alarmants et révèlent une grave dégradation des peuplements des algues Gelidium. Le ministre a annoncé, lors de cette rencontre, que son département travaillait sur l'élaboration de nouveaux textes de loi à même de garantir l'organisation et la réglementation rigoureuse du secteur de l'exploitation des algues marines.
De telles mesures s'avèrent des plus urgentes à entreprendre en vue d'assurer une exploitation rationnelle et durable de cette ressource qui assure de l'emploi à quelques 9.500 personnes à travers le pays.
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