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Portrait d'un Premier ministre : la sérénité d'un technocrate en politique

Sa courtoisie, sa discrétion et son éternel sourire sont devenus légendaires. Son sens de la négociation aussi. Autant d'atouts qui prédisposent aujourd'hui Driss Jettou à mener des consultations pour
former le gouvernement qu'il conduira. La nouvelle

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La sérénité de l'homme vient quelque peu trancher dans l'effervescence qui s'est emparée du microcosme politique. Dans le grand déballage post-électoral et les tentatives de recomposition du paysage politique parfois à coup de mariages contre-nature, la nomination de ce technocrate venu du monde de l'entreprise pour mieux servir l'Etat est plutôt rassurante car elle échappe à toute arithmétique politico-étroite.
Driss Jettou est venu à la politique par… devoir. En remplaçant Ahmed Midaoui à la tête du ministère de l'intérieur le 19 septembre 2001, il s'est fixé pour mission, à la fois prioritaire et urgente, de mettre en place les mécanismes des élections du 27 septembre 2002.
Fort de la volonté royale érigée en vade mecum, celui qui a été Pdg de l'OCP s'attellera à la tâche pour que la vraie carte politique du Maroc sorte enfin des urnes et que, surtout, la confiscation de la volonté populaire soit reléguée au musée des horreurs. « Les élections, c'est l'affaire de tous et pas seulement le ministère de l'Intérieur », avait -t-il coutume de dire comme pour mieux ancrer la normalité d'un ministère longtemps tentaculaire.
En présentant dimanche 29 septembre les résultats des élections provinciales (265 sièges), Driss Jettou brossera le tableau du paysage politique post-27 septembre et en tirera les premières vraies conclusions : chaque parti a enfin trouvé sa juste dimension. Mais ne faisait-il pas déjà de la politique en 1996, lors de la tristement célèbre de la campagne d'assainissement ? Alors ministre du commerce et de l'industrie , M. Jettou sera l'un des très rares hauts responsables à dénoncer « cet ouragan dévastateur » dont la communauté des affaires gardera longtemps les séquelles. Aujourd'hui, il en parle avec modestie, évoquant « une parenthèse malheureuse » et « une exécution déplorable ».
Cet homme mesure ses mots et ne se précipite pas, affirment tous ceux qui ont eu à travailler à ses côtés. De l'entreprise, il a probablement gardé ce culte du travail qui le caractérise . Et le sens de la méritocratie lui vient probablement de sa propre « success story ». Né à El Jadida le 24 mai 1945, d'un père petit commerçant Soussi, l'épicerie paternelle était son tout premier univers. L'intégrité, l'honnêteté et le dur labeur étaient autant de mots qui revenaient dans la maison familiale.
Après des études secondaires effectuées à Casablanca, un DESS de physique –chimie décrochée à la faculté de Rabat et une spécialisation en management et gestion d'entreprises dans une prestigieuse université londonienne, le parcours de Driss Jettou est tout tracé : l'entreprise qui trouvera désormais… chaussure à son pied. « Je m'en suis plutôt bien sorti. J'ai créé beaucoup d'entreprises, j'ai beaucoup exporté et je n'ai pas connu de grands échecs », confiait-il dans l'une des rares interviews qu'il a accordée.
Sur tous les fronts

Le changement de cap survient en 1993 avec l'inauguration d'une carrière ministérielle dans le gouvernement Karim Lamrani. L'Executif est technocrate et Jettou en fait partie, titulaire du porte-feuille du commerce, de l'industrie et de l'artisanat. Quelques années plus tard, il sera ministre des Finances dans l'Exécutif conduit par Abdellatif Filali. « Pendant ces 5 années, Jettou, ministre, sera sur tous les fronts et donnera à voir son savoir-faire. Sa réputation de gestionnaire rigoureux lui sera acquise et de plus il a joué un rôle déterminant dans de gros dossiers : l'OMC, la mise en place des privatisations, la libéralisation des télécoms, le code du commerce », témoigne l'un de ses proches.
Il ne quittera le gouvernement qu'en mars 1998, avec l'avènement de l'alternance et l'arrivée à la primature de Abderrahmane Youssoufi pour lui succéder un certain 9 octobre 2002.
Cet homme de terrain, arrivé aujourd'hui au faîte de sa carrière, connaît bien les partis politiques pour avoir été en constante consultation avec eux durant cette année qui s'achève. Maniant le consensus sans le dévoyer quand il y avait l'ombre d'un blocage, de la préparation de la loi électorale à l'organisation du scrutin, Driss Jettou aura réussi le tour de force de voir le ministère qu'il dirigeait jusque-là enfin applaudi. A la primature et dans ses habits de médiateur idéal, « celui qui parle du Maroc comme d'une entreprise », dixit un journaliste, se mettra à l'ouvrage, au nom du jihad économique, une priorité urgentissime. Un salutaire retour aux sources en quelque sorte….
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