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Sauvegarde de l'environnement : des solutions simples mais efficaces

Le développement qu'a connu le Maroc, lors de ces dernières décennies, s'est accompagné d'une exploitation accrue des ressources naturelles et de la dégradation de l'environnement. Ces phénomènes ont été amplifiés par l'absence d'une bonne gestion, aussi

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Aujourd'hui, de nombreuses études ont été menées et les bilans doivent permettre, dans un premier temps, d'établir un état des lieux de l'environnement au Maroc et, dans un deuxième temps, de trouver des réponses efficaces aux principaux problèmes.
La qualité de l'air est un problème qu'il est nécessaire de résoudre, d'autant plus qu'elle a un impact clair sur la santé de la population et en particulier sur les jeunes et les personnes âgées. En effet, même si le Maroc n'est pas un pays très industrialisé, il connaît quelques points noirs en matière de qualité de l'air.
Casablanca est la zone la plus concernée par ce problème mais toute la région s'étendant de Kénitra à El Jadida demande aujourd'hui un suivi particulier. La déforestation est, quant à elle, prise à la légère. Pourtant, 30 000 ha de forêts disparaissent chaque année au Maroc.
Enfin l'importante poussée démographique, les changements dans le mode de vie de la population, l'urbanisation et le développement socio-économique ont entraîné une véritable problématique des déchets solides. Mais tous ces problèmes ne sont que des exemples. Il en existe une liste non négligeable : bruit, eaux usées, baisse de la biodiversité… Pourtant, il existe des solutions simples, peu coûteuses et efficaces pour réduire les différents types de pollutions.
L'environnement serait-il un luxe réservé aux pays du Nord ? Sûrement pas et le Maroc, qui connaît actuellement un développement économique et social important, doit à tout pris réagir pour faire barrage aux nombreuses défaillances qu'il existe aujourd'hui dans les domaines liées à l'environnement. Il existe des solutions simples qui permettraient d'améliorer considérablement, sur le long terme, l'environnement, seule condition : la volonté…
Le développement qu'a connu le Maroc lors de ces dernières décennies, s'est accompagné d'une exploitation accrue des ressources naturelles et de la dégradation de l'environnement. Ces phénomènes ont été amplifiés par l'absence de bonnes gestions, aussi bien en matière d'eau, de déchets et de rejets toxiques, que par le manque de sensibilisations des acteurs socio-économique et du grand public. Aujourd'hui, de nombreuses études ont été menées et les bilans doivent permettre, dans un premier temps, d'établir un état des lieux de l'environnement au Maroc, et dans un deuxième temps de trouver des réponses efficaces aux principaux problèmes.
La première des priorités en matière d'environnement est incontestablement l'eau. Pourtant le Maroc devrait s'estimer chanceux. Il possède assez d'eau pour couvrir les besoins de sa population et ce, grâce à son grand réservoir naturel qu'est l'Atlas et grâce à la politique des barrages qui a été mené par feu S.M. Hassan II. A l'époque la banque mondiale avait émise des réticences sur l'utilité du projet mais il s'avère aujourd'hui que ces barrages sont primordiaux pour le Maroc. Ce dernier est donc mieux lotis que ses voisins, pourtant il connaît aujourd'hui de graves problèmes liés à l'eau.
Un gaspillage important

S'il est vrai que les sécheresses de ces quatre dernières années n'ont rien amélioré, le principal problème réside dans le gaspillage. L'agriculture utilise 90% de l'eau consommée chaque année. «Le problème, explique Saïd Mouline, directeur de GREN, groupe pour la défense stratégique de l'environnement, c'est que la moitié de cette eau est perdue avec les méthodes d'irrigation traditionnelles. Et comme le prix de l'eau est très faible au Maroc, les agriculteurs ne se soucient pas de leur consommation et les efforts sont quasi-inexistants dans ce domaine. Or, ajoute-t-il, nous allons à la catastrophe si nous ne réagissons pas. Les agriculteurs utilisent en effet de manière intensive les nappes phréatiques et il y a un risque de remonté de sel, ce qui pourrait avoir des conséquences graves sur la région concernée. C'est ce qui pourrait se produire dans un avenir proche dans la région d'Agadir et c'est pourquoi il faut réagir ». Bien sur, il existe la solution du dessalement de l'eau de mer, mais ce procédé coûte très cher et multiplie par dix le prix du mètre cube d'eau. «Comme dans tous les domaines liés à l'environnement, il faut toujours envisager les solutions les plus efficaces pour remédier à un problème avant de se tourner vers des procédés qui coûtent très chers et qui ne résolvent que partiellement le problème, explique Saïd Mouline. Dans le cas de l'eau, le Maroc a suffisamment de réserve, mais la gestion est plus que mauvaise. Il faut, avant toute chose, inciter les agriculteurs à utiliser de nouvelles méthodes d'irrigation, comme le goutte à goutte. Ils doivent être encouragés, grâce à des facilités, à utiliser ces procédés qui limiteraient le gaspillage. De plus, il faut bien comprendre que les investissements fait aujourd'hui permettront d'en éviter d'autres plus importants qui seraient apparus dans quelques années. Il est nécessaire de toujours réfléchir sur le long terme ».
Finalement le problème des ressources en eau est loin d'être catastrophique. Cependant, il est nécessaire de sensibiliser les agriculteurs et de mettre en place une bonne gestion de l'eau.
La qualité de l'air est, elle aussi, un problème qu'il est nécessaire de résoudre, d'autant plus qu'elle a un impact clair sur la santé de la population et en particulier sur les jeunes et les personnes âgées. En effet même si le Maroc n'est pas un pays très industrialisé, il connaît quelques zones noires en matière de qualité de l'air. Casablanca est la zone la plus concernée par ce problème mais toute la région s'étendant de Kenitra à El Jadida demande aujourd'hui un suivi particulier. Il existe deux responsables, bien connus, de cette pollution : les voitures et les industries.
Trop de véhicules

Le parc automobile marocain compte un million et demi de voitures dont la moitié pour la seule ville de Casablanca. De plus quatre véhicules sur cinq ont plus de dix ans. «Mais le véritable problème n'est pas l'âge des voitures, explique Saïd Mouline, c'est l'entretien de ces dernières. Elles sont souvent très polluantes par manque d'entretien et de respect des normes. Malgré l'existence d'un décret censé imposer des normes sur l'émission de gaz toxiques, les rejets sont encore bien au dessus du seuil acceptable. Il faut exiger le respect de ces normes, sensibiliser les automobilistes à l'importance d'un suivi de leurs véhicules, et introduire sur le marché des nouveaux produit moins polluant». Depuis cette été, un nouveau diesel est en effet apparu sur le marché, avec une très faible teneur en souffre. Mais la transition vers des véhicules plus propres ne s'effectuera pas du jour au lendemain, «On peut tout de même espérer des changements d'ici cinq ans. Un des objectifs serait, par exemple la disparition de l'ancien diesel au profit du nouveau, beaucoup moins polluant», prévoit Saïd Mouline. «Un autre problème connu, ajoute-t-il, réside dans les transport en commun, trop vieux, mal gérés et très polluants. Il existe des exemples d'amélioration notable. Marrakech et Agadir ont très bien réussi la transition. Marrakech a laissé la gestion à une entreprise privée. Quant à Agadir, c'est toujours le domaine public qui gère les transports en communs, mais dans ces deux villes, les bus sont très bien entretenus, polluent très peu… comme quoi, une bonne gestion peut résoudre bien des problèmes». Saïd Mouline continue « Tous les problèmes de circulation et de pollution de l'air pourraient être diminués par une solution toute bête : l'horaire continue. Elle entraîne en effet la diminution des trajets : deux au lieu de quatre, ce qui ramène les heures de pointes et de bouchon également au nombre de deux. Cela permettrait donc de réduire la pollution de l'air de 30% et en même temps l'horaire continue est bénéfique pour les employés puisqu'elle leur économise un gain de temps dans les transports. Bien sûr, il faut accompagner ce changement, qui bouleverserait les coutumes, mais c'est une solution qui ne coûte rien et qui peut améliorer sensiblement la qualité de l'air dans les grandes villes ».
Vers une énergie propre

Parallèlement, les usines constituent également une source de pollution importante. Elles se plaignent en effet de la qualité des combustibles qui contiennent beaucoup de souffre. Or la Samir n'est aujourd'hui pas en mesure de procurer aux industries marocaines des combustibles propres. Mais un projet est actuellement à l'étude afin de remplacer le fuel et le charbon par le gaz naturel, qui polluent moins, et qui permet d'autres part un meilleur rendement.
Aujourd'hui, les sources d'énergie les plus rentables sont en effet le gaz et les éoliennes. C'est pourquoi la politique marocaine dans le secteur de l'énergie se tourne actuellement vers ses deux sources d'énergie. Il existe déjà dans la région de Tétouan, un parc d'éoliennes de 50 MW, un autre d'une capacité de 140 MW devrait être construit prochainement vers Tanger et enfin un de 60MW est en projet dans la région d'Essaouira. Le Maroc se pose donc en leader dans ce domaine en Afrique et les experts considèrent qu'il y a véritablement une carte à jouer dans ce domaine des énergies renouvelables.
Enfin le développement des espaces verts est primordiale, surtout dans les zones les plus polluées. « Il est important de les sauvegarder et d'empêcher des groupes immobiliers de les acheter et de les transformer en zones commerciales ou immobilières», précise Saïd Mouline.
Sauvegarder les forêt

La déforestation est, quant à elle, souvent prise à la légère. Pourtant c'est un problème grave, car les forêts, en plus d'être un poumon pour la terre, empêchent l'avancé du désert. 30 000 hectares de forêt disparaissent pourtant chaque année au Maroc. Un tiers de la population n'a en effet pas accès au gaz butane et utilise le bois comme source d'énergie. Il faut donc agir sur deux fronts pour combattre le problème de déforestation.
D'un côté il faut reboiser, et même s'il existe actuellement un tel programme, il ne couvre pas les pertes, de l'autre il faut aider l'intégration du gaz dans le monde rural, ou, au moins, inciter les populations à utiliser des foyers améliorés pour limiter la consommation de bois. « Ce qui est intolérable, explique Saïd Mouline, c'est que il existe encore dans les villes, des hammams, des boulangeries ou des poteries qui utilisent le bois alors qu'il y a un accès facile au gaz et que des gaspillages importants pourraient être évités».
Les plastiques noirs : un fléau
Enfin l'importante poussée démographique, les changements dans le mode de vie de la population, l'urbanisation et le développement socio-économique ont entraîné une véritable problématique au niveau des déchets solides. Avec une production nationale de 5 660 000 tonnes par an de déchets municipaux, auxquels s'ajoutent 930 000 tonnes de déchets industriels, sans compter les déchets médicaux, on se rend aisément compte qu'il est aujourd'hui important de mener une véritable politique aussi bien dans le domaine de la collecte que du recyclage. Le taux de collecte des déchets est aujourd'hui situé entre 70 et 90% dans le monde urbain, de 10% dans le milieu rural et seulement 2% des déchets solides municipaux sont recyclés. Les déchets collectés sont stockés dans des décharges sauvages ne répondant à aucune norme environnementale et hygiénique. Cet état actuel des décharges favorise la multiplication des germes pathogènes et de certains vecteurs de maladies, comme les rongeurs et les insectes. «Les décharges peuvent avoir un impact catastrophique sur l'environnement car elles libèrent un liquide très toxique», explique Saïd Mouline. «Pourtant de nombreuses avancées technologiques permettent aujourd'hui de recycler les déchets.
Les municipalités n'ont pour l'instant pas été à la hauteur et il est temps qu'elles laissent des société privées gérées la collecte et le recyclage. La ville de Fès a été la première a faire cela et les résultats ont été très concluants. Il est donc très important que des efforts soient fait toujours au même niveau : la gestion ».
« Il existe un autre fléau, ajoute-t-il, les plastiques noirs. Personne ne les ramasse ou ne les recycle, car ça ne coûte pas cher… Ils peuvent tenir pendant cinq siècles alors imaginez dans plusieurs années, si le phénomène continue : nous serons submergés par les sacs plastiques».
Un investissement à long terme
Mais tous ces problèmes ne sont que des exemples. Ils en existent une liste importante, non négligeable, tel le bruit, les eaux usées et le littoral, la baisse de la biodiversité…
Pourtant, comme le fait remarquer Saïd Mouline, il existe des solutions simples, peu coûteuses et efficaces pour réduire les différents types de pollutions. Mais rien ne peut se faire sans des efforts au niveau de la gestion que de la sensibilisation. « Il faut sensibiliser le grand public, mais également sanctionner les actes gratuits, comme jeter des ordures par les fenêtres des voitures…» revendique Saïd Mouline. « Tant qu'il n'y aura pas une réelle volonté de la part des acteurs économiques, des politiques mais également du grand public, il ne pourra y avoir de véritables changements. L'environnement doit toujours être considéré sur le long terme.
Les investissements consentis aujourd'hui, seront rentabilisés dans le futur et éviteront des dépenses plus importantes. C'est ce que tout le monde doit comprendre». «Il est aujourd'hui également essentiel, ajoute-t-il, de commencer l'éducation dès le plus jeune âge et l'école est un lieu approprié pour sensibiliser les enfants».
«Les solutions existent», conclue Saïd Mouline. « Il faut maintenant la volonté. Mais allez faire passer le message aux pays du sud , quand certains pays du Nord ne font rien… ».
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