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Accueil next L'humain au centre de l'action future

Tanger, capitale littéraire

Le Salon International du Livre de Tanger 2002 (SILT 2002) a réuni cette année, pour sa sixième édition, plusieurs personnalités littéraires venues des deux rives de la Méditerranée.
Ce fut l'occasion de rencontrer des écrivains et poètes connus, et d'

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Les documents du Salon International du Livre de Tanger 2002 nous annonçaient Marc Dugain comme étant d'abord un homme d'affaires français, avec un parcours qui passe par des études de Sciences politiques, de droit... sa carrière littéraire se «limite» à l'écriture de deux livres qui sont cités pour mémoire. Mais, est-ce suffisant pour connaître un écrivain comme Marc Dugain?
Marc Dugain est l'auteur du très fameux roman «La chambre des officiers» (1998, Ed. JC Lattès), qui a été adapté en septembre dernier au cinéma donnant naissance au film du même nom.
Si cet écrivain a été invité au SILT 2002, c'est pour venir parler de son expérience d'écriture, («La chambre...» a été son premier roman) mais aussi du message qu'il essaye de faire passer à travers ses écrits, ayant un lien avec le thème de cette édition du Salon du Livre «L'écriture et la résistance».
La première rencontre «officielle» de Marc Dugain avec le public fut lors de sa participation à la table ronde autour du thème «L'écriture, prise en compte des utopies et dépassement du réel».
Pour cet homme, le réel et l'imaginaire dépassent de loin le simple style à adopter pour dire si il y a fiction ou non. Le plus important c'est l'essence même du texte qui prend forme entre les mains de l'écrivain. Sa méthode à lui c'est de mettre sur papier des événements bien réels, avec son message à lui : « Il faut faire preuve de plus de prudence et avoir l'esprit critique, sans réactions à chaud, face aux événements et aux différents conflits qui apparaissent ici et là», nous a-t-il confié.
Marc Dugain, parle des conflits, de la guerre... sans vraiment en parler, comme cela a été le cas dans son premier roman «La chambre des officiers». «Je ne suis pas un auteur à thèse. Ce dont je rêve c'est le progrès moral de l'humanité», explique-t-il si simplement.
Comment lire du Dugain, voire le comprendre sans chercher à connaître l'auteur. Une tâche qui ne s'annonce pas difficile quand un écrivain commence son intervention en disant : «Je ne suis pas un intellectuel».

Dugain et la guerre


Les écrits de Marc Dugain traduisent fidèlement l'humilité de leur auteur. Déjà «La chambre des officiers», avait fait couler beaucoup d'encre lors de sa sortie. «... Qui ne cache pas des blessures intérieures? le roman de Dugain leur donnait corps de manière très cinématographique...», dira-t-on de lui.
En effet, Marc Dugain est un auteur dont on peut «regarder» un livre. Pour mieux aller vers son lectorat, il a choisi un style simple qui a la particularité de pouvoir être visualisé pour être mieux assimilé. «Mes écrits vont vers le réel. D'un autre côté, je suis quelqu'un qui reste très marqué par le visuel dans mon écriture, c'est pour cela que mon premier roman a vite été adapté au cinéma... Je ne suis pas un intello. Je n'écris pas pour une minorité. J'essaye au contraire de toucher un large public, car je suis pour l'universalité du propos».
Concernant la guerre dont il tire les faits de son premier roman, Marc Dugain a dit : «Je suis de plus en plus horrifié par la guerre, par la grande problématique de notre ère, celle du pouvoir. C'est pour cela que mon but n'a jamais été d'écrire un best-seller, car c'est l'humanité qui m'intéresse. L'humanité à qui je tente de présenter mon point de vue ainsi que la transcription de ce que je vois, ce que je vis».
Pourtant, la guerre, il en a bien parlé dans «La Chambre des officiers». C'est l'histoire d'Adrien, son grand père, qui a été défiguré par un obus, et qui s'est retrouvé victime d'une guerre dont il n'a pas connu les tranchés.
Le roman a remporté, entre autres, le prix des librairies et le prix des deux-magots en 1998, ainsi que le Prix Nimier en 1999. Marc Dugain, l'homme d'affaires et spécialiste du monde financier, avait réussi à raconter, avec beaucoup de pudeur et encore plus d'émotion le drame des «Gueules Cassées», dont l'histoire est indissociable de la guerre 14-18.
Dugain s'est ainsi distingué par un style universel qui a su toucher le public plus que ne l'ont fait de nombreuses productions littéraires qui ont tenté de raconter cette guerre.
Lors de la table ronde organisé par le Salon du Livre de Tanger, Marc Dugain a d'ailleurs tenu à rappeler avec toute la finesse qui lui est connue que s'il est «facile» de s'inspirer des conflits existants pour écrire des histoires réelles ou encore des fictions, il est plus intéressant de prendre le temps d'un arrêt sur image, pour réfléchir sur ce qui nous arrive, et tenter, tant bien que mal d'anticiper sur les événements et éviter que l'Humanité repasse à chaque fois par de grands moments de crise.
«Le monde est devenu un boulevard pour la manipulation. Ce qui m'inquiète c'est qu'on est en train de faire un monde qui va exploser quelque part, sous des formes aléatoires et ce n'est qu'après qu'on se posera des questions comme on le fait toujours».
Pourtant, Marc Dugain n'est pas un fataliste. C'est juste un écrivain errant, qui cherche encore sa source de gaieté dans un monde qui continue de «lui faire peur», avec le scénario que les humains ont choisi de vivre jusqu'ici.
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