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“El-Peaje de la Vida” : protestation contre le rejet social

“El Peaje de la Vida” (Péage de la vie) est le titre de l'ouvrage co-écrit par l'euro-député français, M. Sami Nair, et l'écrivain espagnol, Juan Goytisolo, sous forme de protestation contre le rejet social, la négation institutionnelle et les affres d

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C'est un écrit qui se distingue par l'actualité de la démarche, la force du verbe pour dénoncer l'injustice sociale dans un pays qui porte encore les signes d'identité du sous-développement et revendique en même temps le respect de la dignité humaine. Un an après la promulgation de la dernière loi sur les droits et obligations des immigrés et leur intégration sociale en Espagne(23 janvier 2001), la situation de l'immigré demeure immuable et la lutte pour les mêmes droits se poursuit parce que cette loi a été élaborée en fonction des besoins du marché de l'emploi et de la mentalité de l'entrepreneur, avide d'amortir le capital investi le plus rapidement possible.
Deux conceptions et deux attitudes d'intellectuels sont défendues par Nair et Goytisolo à partir de deux approches différentes mais complémentaires. Celle d'un sociologue et euro-député (Nair) qui a vécu en France de tout près de l'évolution de la question de l'immigration dans un pays à la longue expérience de construction d'un arsenal juridique pour rendre plus supportable le séjour de l'immigré économique, et celle d'un intellectuel progressiste (Goytisolo) qui a lutté pour le respect des hôtes venus du Sud et a suivi le développement miraculeux d'une région (Almeria, sud de l'Espagne) en l'espace de deux décennies grâce à la force physique du travailleur marocain.
Meilleure intégration de l'immigré
L'exemple d'El Ejido (Almeria), avec ses contradictions inhumaines est cité comme exemple pour illustrer la situation la plus dramatique que puisse vivre un immigré maghrébin dans une société en pleine expansion économique et aux méthodes esclavagistes dignes du IXXème siècle.
Pour Nair, la problématique de l'immigration peut être abordée dans un contexte global de la dualité Nord-Sud avec une subtile division de la société occidentale en système d'intégration et un autre de marginalisation.
Les immigrés ne sont pas des marchandises mais des êtres humains aux aspirations et besoins, aux coutumes et aspects culturels, aux difficultés actuelles, soutient M. Nair qui appelle, dans le cadre des relations globales avec les pays d'origine, à co-responsabiliser, contractualiser et à co-développer pour garantir une meilleure intégration sociale de l'immigré et éviter la soumission des flux migratoires aux mécanismes arbitraires du marché de l'emploi en Europe.
L'Espagne est un pays du Sud qui se barricade contre le Sud, soutiennent les auteurs qui déplorent le rôle néfaste joué par les médias espagnols dans le traitement de la question de l'immigration. L'analyse de la distinction faite entre les catégories d'immigrés, le regard, l'idéologie institutionnelle et le discours des médias encouragent la transmission du message selon lequel il existe en Espagne des immigrés porteurs de prospérité et de modernité culturelle (latino-américains et européens de l'Est) et des immigrés maudits qui forment la force brute du travail et se différencient par leur foi, leur culture et leurs coutumes.
Ce triste constat a été presenté par MM. Nair et Goytisolo dans un style chargé de grande amertume et de désolation. Par sa condition, cette deuxième catégorie d'immigrés est reléguée à une infériorité sociale et il n'y a qu'un seul pas pour que celle-ci se transforme en infériorité ethnique.
Le message de Nair et Goytisolo se résume en la recherche d'une solution pour lutter contre le racisme, l'intolérance, la xénophobie en vue de combattre le travail illégal, garantir la sécurité et améliorer la qualification de l'immigré.
Avec la commémoration, cette semaine, du premier anniversaire de la loi sur les droits et obligations des immigrés, il est triste de relever que 53,5 % des Espagnols considèrent encore que leur société n'est pas tolérante à l'égard des coutumes des étrangers et groupes minoritaires, à en croire le dernier sondage du centre d'investigation sociologique(CIS-public), dont les résultats ont été rendus publics, mercredi.
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