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Enjeux démocratiques et développement local

Les initiatives de développement local se sont multipliées au cours des dernières années à l’initiative des élus, des responsables économiques ou de l’Etat. Elles apparaissent aujourd’hui indispensables à la réussite de la lutte pour l&#

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• En effet, la croissance a repris dans un espace mondial sans frontières. Mais cette croissance est inégale. Elle peut accentuer les inégalités et conduire à une société duale dont on voit la réalité sociale, avec l’exclusion des moins qualifiés, mais aussi géographique avec la tendance à la marginalisation de régions, de villes, de bassins d’emplois.

Des facteurs d’identité et de cohésion

• Les inégalités engendrées par la crise ne se sont pas résorbées avec le retour de la croissance. Au contraire, cette dernière semble avoir ajouté de nouvelles disparités, engendrant parfois un besoin d’identité accru au sein de la population.

• La réponse à ce besoin d’identité peut s’exprimer de façon positive ou de façon négative. De façon négative, elle peut être à la base de la montée des nationalismes et des intégrismes. Mais elle peut être aussi la source d’une mobilisation autour d’un projet local c’est-à-dire au niveau où les citoyens ont l’impression de pouvoir agir et construire leur avenir.

• Ces considérations nous amènent à une vision élargie de l’aménagement du territoire.

L’aménagement du territoire et le développement local sont aujourd’hui les deux aspects complémentaires d’une même politique et ce, pour trois raisons :
1) On ne peut plus aujourd’hui se contenter d’agir au niveau des grands équilibres. On voit bien se juxtaposer des territoires qui vont bien et d’autres qui vont mal.
2) Sans action régulatrice de l’Etat et des Régions, la mise en concurrence des territoires peut se traduire par le renforcement des inégalités de développement déjà grandes.

3) Certaines actions locales peuvent aller plus que d’autres dans le sens des grands équilibres, de la justice, de l’équité et de la solidarité. L’Etat doit donc redéfinir son rôle en tant que partenaire au service du développement local, ce qui suppose l’abandon de certains réflexes de tutelle et une véritable mutation culturelle.

Un développement global, partenarial et contractuel

Un très large accord s’est dessiné sur la conviction que «le développement local repose sur une démarche fédérative de mobilisation des acteurs d’une zone géographique autour d’un projet d’ensemble économique, social et culturel, visant à créer une dynamique durable sur un territoire».

En effet, une source d’initiatives individuelles prises sur un territoire ne suffit pas pour créer un mouvement durable. Il faut pour cela un projet d’ensemble, appuyé sur un groupe de partenaires qui l’incarne, une stratégie et des outils.

• Le projet est un ensemble d’objectifs à long terme donnant une perspective aux forces vives d’un territoire. Il doit intégrer les dimensions culturelles et sociales autant qu’économiques et valoriser les ressources humaines au niveau local. Il peut être alors un facteur d’identité collective. Son élaboration demande du temps et un effort de formation et de communication.

• La stratégie est la traduction du projet en termes de programmes, d’opérations et de processus. Elle s’élabore à partir d’un diagnostic du territoire avec ses ressources, ses points faibles et ses opportunités.

Le point de départ de la dynamique locale pourra ainsi être de nature économique mais aussi sociale ou culturelle, le caractère global de la démarche n’étant réalisé que progressivement, par touches successives.

• Les outils sont les moyens locaux de formation, les pépinières d’entreprises, les sociétés de capital-risque, les services commis à l’exportation, les missions locales, les centres multimédia, etc.

La réussite du projet repose également sur un partenariat actif, associant tous les acteurs dans la diversité de leurs rôles.

Les élus locaux, par la légitimité du suffrage universel, sont bien placés pour apprécier les opportunités et faire converger les efforts.

Cependant personne ne peut agir seul. La réussite repose sur un esprit d’écoute et de dialogue où chacun apporte sa spécificité et où tous doivent être reconnus comme égaux, petites et grandes entreprises, associations, établissements d’enseignement, de formation, de recherche, banques, et institutions financières. Chaque partenaire est nécessaire au projet.

La cohésion nécessaire

Une plus grande cohérence dans l’action de l’Etat et des collectivités locales est aujourd’hui nécessaire.

Il existe, en effet, de nombreuses procédures émanant de l’Etat et qui s’adressent aux acteurs locaux, proposées par les différents services mais qui ne sont pas forcément et nécessairement reliées entre elles.
La mise en œuvre d’une démarche plus cohérente au niveau local est donc une priorité.
Elle est le prix payé au succès d’une véritable démocratie locale et régionale.


Kamal Drissi Enseignant-chercheur à la Faculté de Droit, Souissi.
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