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La mode et la télévision iranienne : tolérance et ouverture

«La mode ne heurte pas la tradition, elle n'est pas du tout une mauvaise chose, c'est même une nécessité de la vie», dit le mollah. Il est de ceux qui parlent le plus favorablement de la mode à la télévision iranienne.

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Car quand la télévision d'Etat entreprend de répondre à la question «Qu'est-ce que la mode ?», titre d'un programme de trois minutes diffusé depuis le début de la semaine dans les journaux d'information aux heures de grande écoute, elle ne s'extasie pas devant la nouvelle collection automne-hiver de Chanel ni ne promeut le sportswear auquel une partie de la jeunesse iranienne, comme les autres, a succombé.

Il s'agit au contraire de jeter aux orties ces tenues dont les branchés et même les moins branchés s'affublent pour les avoir vues portées sur les chaînes satellitaires dont se repaissent les Iraniens bien que leur réception soit interdite.

Un jeune au tee-shirt ajusté, un trait de barbe de la lèvre au menton, est désigné à la vindicte. Son image passe et repasse sans autre commentaire après qu'il a dit: «On met ça parce que c'est ce que tout le monde porte aujourd'hui».
«Où est-ce que tu t'habilles»? demande la journaliste en tchador à un autre adolescent apprêté.

- Sur le satellite.

- Pourquoi pas à l'iranienne ?

- Parce que c'est bon pour les vieux et que j'étoufferai dans mon col, répond-il en référence au haut de chemise Mao que les Iraniens plus conservateurs portent boutonnés jusqu'en haut.

Au moment où une grande offensive est en cours pour faire respecter (surtout aux femmes) le code vestimentaire islamique, ces deux garçons sont des dévoyés.
Des centaines d'Iraniennes ont été arrêtés ces derniers mois parce qu'elles portaient mal le foulard ou le manteau qui doit cacher leurs formes et leurs cheveux au regard des hommes.

Celles qui transgressent le code vestimentaire s'exposent à des peines de prison de dix jours à deux mois ou à des amendes entre 50.000 et 500.000 rials (5,7 à 57 USD).

La loi a été appliquée avec souplesse par les réformateurs. Mais les conservateurs viennent de reprendre tous les pouvoirs. Et la police a annoncé qu'elle n'épargnerait pas les femmes qui se prennent pour des «top models».
«La mode, c'est l'un des moyens utilisés pour occidentaliser notre jeunesse, en profitant de son manque de confiance», dit une femme au volant dans «Qu'est-ce que la mode».

«La mode, mal observée, est cause de décadence, elle ne mène nulle part», renchérit une jeune femme, encore plus respectueuse du port du foulard que tant de jeunes filles portent loin sur la nuque et qui, sur elle, ne laisse pas voir un cheveu.

«La mode qui est néfaste, c'est celle que copient les gens qui négligent leurs propres racines», dit un homme d'âge mûr.

Un psychologue, interrogé entre les images de femmes mal voilées dans les parcs, de vitrines remplies d'étoffes colorées, de vêtements de marque étrangère, et même de défilés très convenables, souligne «la forte nécessité pour la jeunesse d'attirer l'attention». «Tant que la mode ne va pas à l'encontre de la culture, elle participe au développement économique et couvre les besoins des jeunes».

«S'il s'agit de rester au goût du jour, la mode est une très bonne chose», abonde un religieux, «mais quiconque délaisse la mode qui lui est propre pour celle des autres fait preuve d'étroitesse d'esprit».

Mais quelle est-elle cette mode propre à l'Iran ? «Suivez notre prochaine émission. Nous y parlerons des modèles domestiques», promet la présentatrice du programme, qui, toujours revêtue d'un tchador noir, donne l'exemple en le rehaussant d'un manteau de couleur différente. Mais à l'émission suivante, chacun convient qu'il n'existe pas vraiment de costume traditionnel iranien.
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