Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Mondial de l'Automobile 2006

Le Président égyptien attendu demain en visite officielle aux U.S.A. : un voyage aux résultats incertains

Le chef de l’Etat égyptien est attendu ce samedi aux Etats-Unis pour une visite officielle de plusieurs jours. Intervenant à un moment où la région du Proche-Orient est sujette à des soubresauts et des accès de fièvre pour le moins inquiétants, cett

No Image
Ceci pour diverses raisons, objectives et subjectives, liées tant à la politique américaine qu’à l’évolution récente de la situation dans la région.
Citons-en quelques-unes.

Il y a lieu de relever, tout d’abord, qu’à moins de huit mois de l’élection présidentielle américaine, l’attention de la Maison Blanche est traditionnellement localisée sur cette consultation et, donc, sur les questions internes plus que sur tout autre problème. Tout au plus, le Président Bush qui est candidat à sa propre succession aurait pu jouer la carte du Proche-Orient pour augmenter ses chances de réélection si les récents événements en Irak et la politique de la terre brûlée de Sharon dans les territoires occupés n’étaient pas venus contrarier ses desseins.
Et, par ricochet, ceux des partenaires «amis» de Washington dans la région dont le Raïs égyptien précisément.

L’échec retentissant du dernier sommet arabe prévu à Tunis, fin mars dernier, renvoie, ensuite, une image peu reluisante du monde arabe et de ses principaux porte-parole parmi lesquels l’Egypte qui se voient ainsi privés du minimum de crédibilité requis pour faire entendre leur voix.

L’opposition clairement affichée, enfin, de Moubarak au projet américain de remodelage du Proche-Orient ne fait pas du Président égyptien l’interlocuteur le mieux indiqué et le plus habilité à convaincre la Maison Blanche de revenir à une politique plus mesurée et plus impartiale dans la région.
De quoi Moubarak et Bush peuvent-ils discuter dès lors ?
Certes, la presse égyptienne n’a pas manqué de relever que le Raïs sera reçu, lundi 12 avril, par Georges Bush dans son ranch de Crawford (Texas) et d’interpréter ce choix du lieu de la rencontre comme une marque d’attention et de déférence un peu particulière. Mais, d’un autre côté, selon des observateurs avertis, le Président égyptien qui avait pris l’habitude d’effectuer annuellemenet une espèce de «pèlerinage» aux USA ne s’y était pas rendu au printemps dernier en guise de protestation contre la guerre en Irak.

Et comme dans cette affaire Bush continue de croire dur comme fer que ceux qui ne sont pas avec l’Amérique sont, forcément, contre elle, on se demande bien quel crédit accorder encore à cette «marque d’attention» et au «dialogue stratégique» avec un Georges Bush aux choix stratégiques déjà arrêtés. Ceci, bien sûr, au cas où ce dernier serait réélu.

Une oreille américaine distraite

Nous n’oublions évidemment pas que depuis Camp David, l’Egypte bénéficie d’un traitement privilégié et est considérée comme un allié et un ami «sûr» de Washington, mais comme en politique il n’y a guère de place pour les sentiments et que seuls les intérêts comptent, il est difficile de comprendre à quoi ce statut pourrait bien servir. Particulièrement au regard de la conjoncture difficile et de la situation explosive en Irak et en Palestine occupée et des menaces, à peine voilées, que l’administration Bush fait planer sur plusieurs pays de la région au motif de combattre et d’éradiquer le terrorisme.

Il est fort à craindre, en conséquence, que pour avoir rejeté «avec force les ordonnances prêtes à l’emploi proposées de l’extérieur» (N.d.l.r. : allusion au projet américain de «Grand Moyen-Orient») le Président égyptien ne se voit prêter, par son hôte, qu’une oreille distraite et que le «dialogue stratégique» qu’il escompte établir à l’occasion de cette visite ne soit ramené, en fin de compte, à quelques amabilités sur les relations strictement bilatérales.

Exit donc la crise irakienne, l’avenir de la Palestine et tout le reste !
Tout au plus, Hosni Moubarak pourrait-il espérer arracher à ses interlocuteurs américains une petite rallonge sur l’aide de deux milliards de dollars que Washington verse annuellement au Caire ou, encore, la promesse d’engager des négociations pour la création d’une zone de libre-échange entre les deux pays, Washington ayant jugé jusqu’ici que l’économie égyptienne n’est pas suffisamment armée et «réformée» pour.

Mais sans préjuger des résultats de cette visite, il faudra probablement attendre jusqu’au 14 avril pour en mesurer l’effet et le degré de réussite ou, au contraire, d’échec. Ce jour-là, en effet, Bush a rendez-vous avec le premier ministre israélien Ariel Sharon. Et c’est à l’aune de ce qui se dira ou se décidera lors de cette rencontre qu’il faudra juger le voyage de Moubarak.
Lisez nos e-Papers