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A quand le vrai décollage ?

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Située au cœur de l'Anti-Atlas à 160 km environ au sud-est d'Agadir, la ville de Tafraout se présente, depuis plusieurs décennies, comme un grand centre d'activité routière et marchande de cette région du grand Souss.

La ville, qui offre une vue fabuleuse et dont la couleur rouge briques des bâtisses rustiques contraste harmonieusement avec celle des roches de l'Atlas qu'on voit à l'arrière-plan, semble, vue d'en haut, noyée au milieu des montagnes.

Le souk hebdomadaire qui y a lieu chaque mercredi, le plus important de toute la région, est un lieu d'échanges commerciaux et de rencontres pour les villageois qui viennent y passer leur marché et pratiquer leur négoce.
Le jour du souk fut également, autrefois, l'occasion pour régler les conflits entre les habitants d'un même village ou de villages voisins, en faisant intervenir le “chikh” de la tribu ou ses notables.

Aujourd'hui, Tafraout a gardé cette aura qui en fait, plus que jamais, le lieu de prédilection pour beaucoup, notamment, les amateurs de la montagne.

Si la ville est d'abord un centre commercial, elle est aussi l'obligatoire point de rencontres où les jeunes parmi les autochtones et les visiteurs, venus des autres villes de Royaume, viennent se retrouver. Elle est à ce titre un lieu de rencontres où l'on vient découvrir la culture de l'autre, mais aussi sa propre culture. Les différents festivals qui s'y organisent chaque année s'inscrivent bien dans cet esprit-là.

Bien qu'on puisse y rencontrer, de temps à autre, des petits groupes de touristes européens, (qui préfèrent, pour la plupart, y venir l'hiver à cause de la canicule), Tafraout est beaucoup plus prisée par les visiteurs marocains, majoritairement constitués des berbères originaires de la région. C'est indéniablement à ces derniers que la ville doit son essor économique pendant, notamment, la période estivale.

En effet, si les commerçants de la place voient grimper leur chiffre d'affaires à l'occasion, c'est bien grâce, en grande partie, à ceux-là venus des quatre coins du Royaume, mais aussi de l'étranger, se ressourcer au pays.

Mais, ce qui, d'emblée, frappe le visiteur de Tafraout c'est la pauvreté des structures et le caractère rudimentaire des infrastructures dont souffre la ville.
On se croirait, en se promenant dans Tafraout, dans une ville marocaine du XIXe siècle, si ce n'étaient les grandes berlines ou les Mercedes dernier cri qu'on peut y croiser parfois. Des rues à moitié ou non goudronnées, des façades vétustes, des voies publiques non aménagées rendant la circulation difficile, notamment le jour du souk ; la ville offre un spectacle de désolation qui interpelle tout citoyen et auquel on ne saurait être indifférent. Sur un autre plan, la ville ne dispose pas d'espace de distraction ou de centre culturel pour les jeunes, à l'instar des autres villes du Royaume.

A dire vrai, Tafraout, en ce début du troisième millénaire, n'offre pas les aspects de modernité susceptibles d'en faire une ville capable de rivaliser avec les autres villes de même importance.

Mais les potentialités matérielles et humaines que possède la région sont susceptibles, quand elles sont bien investies, de faire relever le défi du développement. L'émergence d'une culture associative dans la région est un phénomène socio-économique qui s'inscrit dans cet esprit. En effet, on a vu naître et se développer un certain nombre d'associations pour le développement de l'homme et l'amélioration de son niveau de vie.

Grâce à ces associations, les enfants de certains douars ont pu retrouver le chemin de l'école. Les moins jeunes, en particulier les filles analphabètes ont pu bénéficier de programmes de réinsertion sociale.

L'action associative, non seulement elle est indispensable au développement de notre société, mais elle en constitue le levier dont l'Etat serait le point d'appui. Celui-ci doit investir davantage dans les infrastructures nécessaires pour le développement du pays, notamment dans cette région du Royaume.

Construire de nouvelles routes, réhabiliter celles déjà existantes, fournir les moyens techniques et humains pour trouver d'autres sources d'énergie et d'eau, présenter l'aide et le soutien nécessaires pour l'amélioration des cultures locales, promouvoir l'activité touristique par l'encouragement de l'investissement dans ce domaine moyennant des allégements fiscaux ou par l'octroi de terrains pour la construction d'hôtels, tant de mesures et d'actions à entreprendre pour un vrai décollage de la ville et de toute la région.

En somme, Tafraout possède tous les atouts pour devenir une vraie ville touristique moderne sans pour autant perdre sa spécificité culturelle et son caractère typique. Une ville qui reste bien enracinée dans son histoire berbère.

Car, Tafraout regorge de richesses naturelles intarissables. Or, sa richesse essentielle, la plus précieuse, reste l'inépuisable énergie de ses femmes et de ses hommes soucieux et prêts à faire de ce joyau de l'Anti-Altas le chef-lieu touristique et culturel de toute la région.

Etat, élus et associations devraient, pour ce faire, conjuguer leurs efforts, pour permettre enfin à cette ville de se développer réellement et de bénéficier du programme de développement global lancé dans notre pays depuis quelques années et auquel l'INDH vient donner un nouvel élan.
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