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Démarrage du processus de sensibilisation : L'irrésistible déclin des aires protégées

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Les ressources naturelles dont dispose le Maroc sont certes d'une grande qualité, mais restent fragiles et surtout insuffisamment protégées. La conservation des milieux naturels est devenue un enjeu décisif. Un tiers des écosystèmes est très dégradé, et en voie de disparition sur le court terme.

Le quart de la flore vasculaire (plantes supérieures) est en danger et 10% des vertébrés sont sérieusement menacés. La perte de surfaces du domaine forestier est chiffrée à quelques 30.000 Ha par an. Le coût annuel de la dégradation a été évalué à 660 millions de DH par la stratégie nationale pour la protection de l'environnement et le développement durable (0,2 % du PIB). La dégradation de l'environnement est donc une réalité.

Celle-ci se traduit par la destruction des écosystèmes avec pour conséquences : la déforestation abusive, la pollution des cours d'eau, la dégradation des sols jadis très fertiles avec les risques conséquents de désertification. La biodiversité est menacée par plusieurs facteurs, naturels et anthropiques. La zone d'intervention est connue par sa fragilité structurelle due à des conditions climatiques caractérisant le climat continental et aggravé par des sécheresses répétées.

Le processus de désertification qui commence par une perturbation profonde des structures et architectures des écosystèmes, se traduisant ensuite par une steppisation et une aridification stationnelle due à l'érosion des sols, lesquels deviennent rocailleux et perdent ainsi toute leur capacité de rétention des eaux de pluies, est déjà évidente en certaines zones. Sur cet équilibre très fragile des écosystèmes, l'impact des actions anthropiques, de plus en plus fort, constitue la majeure menace pour l'avenir de l'environnement. A la base de ces problèmes, existent des causes directes et indirectes qui parfois dépassent le niveau local. On peut citer un certain manque d'investissements dans les régions de montagne par rapport aux communes urbaines et rurales. Ce manque a provoqué une marginalisation et un enclavement des populations.

Aussi, le manque de sensibilisation, d'information et d'éducation aux thèmes environnementales accroît-il la pauvreté des populations, qui exercent une activité accrue sur la forêt et les ressources naturelles au niveau du bois de feu, souvent uniques sources de revenue. De même, les changements, au niveau national, de la politique d'occupation et d'utilisation du territoire et du système foncier, ont provoqué la rupture des cycles de transhumance.

L'installation permanente (sédentarisation) d'un nombre important de populations qui pratiquaient autrefois l'élevage basé traditionnellement sur la transhumance et le semi-nomadisme, va augmenter les pressions sur les ressources forestières pour l'énergie, la construction et le fourrage. La sédentarisation a introduit de nouvelles utilisations du sol parfois non adéquat aux conditions écologiques montagneuses, et l‘affaiblissement des systèmes tribaux provoque un déficit des instruments de régulation des droits d'usages des ressources.

Dans le passé le système traditionnel garantissait une gestion du territoire consensuelle, capable de sauvegarder les différents droits et en même temps les ressources (notamment pour l'eau et le parcours). Cependant ces systèmes traditionnels se sont fortement affaiblis.
Aujourd'hui, la grave dégradation de l'environnement est liée en manière importante à la pauvreté de la population et au niveau très faible d'instruction qui y règne.

C'est cet appauvrissement au niveau de l'instruction conjugué avec la situation de pauvreté des populations qui se traduit par une graduelle perte de sensibilité envers l'environnement. Inutile de rappeler que la biodiversité marocaine est considérée parmi les plus élevées du Bassin méditerranéen, rehaussée par l'existence des espèces très rares et spectaculaires comme la panthère, le guépard, le phoque moine et l'ibis chauve. Afin de protéger ce patrimoine national, le Royaume du Maroc a identifié un réseau d'aires protégées constitué de 10 parcs nationaux et 146 réserves, qui englobent des écosystèmes uniques et représentatifs de la diversité biologique du pays.

Actuellement, le Maroc comptabilise plus de 154 aires protégées proposées pour une gestion participative durale de leurs ressources naturelles dans le cadre d'un plan directeur et de la stratégie nationale des aires protégées de 1996. Les aires protégées sont un exemple de conservation du patrimoine naturel - l'exceptionnelle diversité des paysages et des écosystèmes du Maroc (la Méditerranée, le Rif, l'Atlas, le Sahara, l'Atlantique…), les sites naturelles uniques d'intérêt mondial (p.ex. PN de Toubkal, SIBE de Khnifiss), les espèces emblématiques, rares ou menacées de disparition (le mouflon, les gazelles, les grands rapaces, le cèdre...), etc.

Elles sont aussi un exemple de découverte du patrimoine culturel - les liens profonds entre nature et culture, les sites archéologiques (peintures et gravures rupestres, dinosaures, etc.), les lieux historiques, le mode de vie, la tradition orale et l'art des différents populations riveraines ou qui habitent à l'intérieur des aires protégées - éleveurs, agriculteurs, nomades, charbonniers, …
D'ici vient la nécessité de démarrer un processus de sensibilisation et d'éducation centré sur le contexte des aires protégées.

Les aires maritimes et côtières protégées
La stratégie nationale des aires protégées est une nouvelle fois à l'honneur. Ballottées entre protection et exploitation, ces aires continuent de susciter l'intérêt, à la fois des pouvoirs publics et de la communauté scientifique. Ainsi, le réseau inter-Islamique de science et Technologie de l'Océanographie (INOC°- Turquie) organise, du 23 au 25 mars courant à Meknés, en collaboration avec l'Université Moulay Ismaël (Faculté des sciences), le haut commissariat des eaux et forêts, l'Institut national de recherche halieutique (INRH), Remer , Institut Scientifique, CNRST, le ministère de l'Aménagement du territoire, un workshop international sur le thème " Les aires maritimes et côtières protégées ". Plusieurs experts venus de France, Liban, Jordanie, Iran, Malaisie, Algérie, Libye, Sénégal, Syrie, Turquie, Tunisie, Inde, Emirats arabes unis, Italie, Egypte, Mauritanie et de Guinée vont devoir présenter les expériences de leurs pays dans le domaine de la protection des aires maritimes et côtières.

Du côté marocain, plusieurs intervenants présenteront des études sur le SIBE et la nécessité de création d'une aire protégée marine: Cas du Cap des trois Fourches, ainsi que la bio-évaluation de la faune macrozoobenthique de l'estuaire du Bou Regreg, de la baie d'Ad-Dakhla, une zone humide marocaine d'importance internationale pour les oiseaux aquatiques.

Les experts nationaux aborderont des impacts des changements climatiques sur les zones côtières du Maroc, du diagnose écologique des estuaires et lagunes du littoral atlantique marocain, du parc national d'Al-Hoceima moteur d'un développement soutenable et du projet GEF : présentation des futurs Parc : Jbel Moussa et Knifiss. De même, seront également présentés le plan de gestion de Merja Zerga, le projet MedWetCoast, les zones sensibles de la côte marocaine et l'évolution du phytoplancton toxique en Méditerranée marocaine 1994-2000, le parc national du Souss Massa.

Les participants devront notamment discuter de la nécessaire intégration des préoccupations environnementales dans l'élaboration des décisions publiques de la stratégie marocaine pour la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine et côtière et des espaces maritimes et droit de la protection du milieu marin. A l'issue des travaux, l'INRH présentera son plan de sauvegarde du phoque moine dans le sud du Maroc.
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