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L'Afghanistan achève sa transition politique

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En elisant son parlement, l'Afghanistan achève le processus de construction politique lancé à Bonn en 2001 sans certitudes sur son avenir, garanti pour le moment par l'aide internationale et la présence militaire américaine et internationale.

Une certaine stabilité a permis une amélioration globale de la vie des Afghans, même si la croissance économique a surtout profité aux urbains et aux plus riches alors que la majorité rurale (70%) continue de payer le prix d'une situation sanitaire dramatique.

L'avenir de l'Afghanistan reste assombri par deux menaces: l'insécurité, qui n'a jamais été aussi importante depuis 2001 malgré la présence de 30.000 soldats étrangers (dont près de 20.000 Américains), et le trafic de drogue.
"Il n'y a pas de reconstruction sans sécurité. La communauté internationale n'a pas mis les moyens nécessaires, dès 2001, pour assurer la sécurité des provinces", estime Joanna Nathan, de l'ONG International Crisis Group (ICG).
"Les Etats-Unis se sont tellement focalisés sur le terrorisme qu'ils ont laissé les autres mafias se reconstituer", déplore-t-elle. Dans le même temps, la culture de l'opium a explosé depuis trois ans.

Ses revenus faramineux (2,8 milliards de dollars en 2004) ont remis en selle les mafias locales et leur pouvoir de corruption, énorme dans un pays où fonctionnaires et policiers gagnent entre 50 et 100 dollars par mois. Le gouvernement d'Hamid Karzai, porté à bout de bras par les Etats-Unis, n'échappe pas à la critique.

"On aurait pu peut-être choisir des dirigeants moins proches du trafic de drogue", glisse un responsable européen. "On aurait pu faire beaucoup plus, mais on n'a pas mis les personnes qu'il fallait au gouvernement", déplore Ahmed Joyenda, directeur de la Fondation pour la culture et la société civile, une ONG afghane, qui prévoit un futur parlement dominé par les pouvoirs traditionnels, moudjahidines et tribaux. Ahmed Joyenda critique également la communauté internationale, qui "n'a pas mis en place une stratégie globale de développement" qui puisse faire fructifier les milliards de dollars d'aide internationale.

"La reconstruction a été freinée par le manque de concertation des donateurs", admet Jean Mazurelle, directeur de la Banque mondiale en Afghanistan. "Mais sans véritable admininistration, ni système judiciaire, on ne peut pas reconstruire un pays du jour au lendemain", ajoute-t-il. "On aurait pu exercer un contrôle plus sérieux des dépenses et des contrats, car dans certains cas, il n'y a pas de quoi être fiers", note de son côté un responsable d'une organisation internationale sous couvert d'anonymat.

Si peu de projets de reconstruction d'ampleur ont été achevés, nourrissant un sentiment grandissant de défiance vis-à-vis des étrangers au sein de la population afghane, l'aide internationale a apporté quelques améliorations sur le terrain, notamment en matière d'accès à l'eau et d'éducation. Mais le véritable développement du pays passe par un engagement prolongé de la communauté internationale, soulignent les observateurs, alors qu'une conférence internationale sur le sujet est prévue en janvier 2006.

"Un des grands défis de l'après-Bonn sera de construire un Etat qui puisse se subvenir à lui-même lorsque la communauté internationale se désengagera du pays, d'ici 3, 5 ou 10 ans", explique Jean Arnault, numéro un de la mission des Nations Unies en Afghanistan (Unama).

Mais un responsable d'une institution financière internationale à Kaboul s'avoue pessimiste: "A moins d'un changement radical de la politique des bailleurs de fonds et de la mise en place d'une vraie stratégie de développement, l'aide, qui commence déjà à baisser, va s'évanouir doucement d'ici 5 à 6 ans". "Or, on est pour l'instant sur la pente d'un Etat qui échoue, sans vision et sans leader charismatique. Sans un sursaut général, le pays pourrait à terme végéter dans le sous-développement, avec une base-forteresse militaire américaine au milieu", redoute-t-il.

La République islamique d'Afghanistan
Libéré du pouvoir taliban à l'automne 2001, l'Afghanistan élit dimanche son assemblée nationale, un an après l'élection d'Hamid Karzai à la présidence.
SITUATION GEOGRAPHIQUE: L'Afghanistan, au coeur de l'Asie centrale, est enclavé entre trois républiques musulmanes de l'ex-URSS au nord (Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan), l'Iran à l'ouest, le Pakistan à l'est et au sud, et la Chine à l'est. Pays aride de 652.225 km2, constitué à 85% de montagnes.

POPULATION: 29 millions environ estimés. Dix-neuf groupes ethniques: notamment les Pachtounes (environ 40%), les Tadjiks (25%), les Hazaras (20%) et les Ouzbeks (6%). Plus de 3,5 millions de réfugiés ou déplacés sont rentrés depuis la chute des talibans, à l'automne 2001.

PAUVRETE: l'Afghanistan figure au 173e rang (sur 178 pays) au classement mondial du développement publié par l'ONU en février 2005.
MORTALITE INFANTILE: estimée à 257/1000, le taux le plus élevé au monde.
CAPITALE: Kaboul (entre 3 et 4 millions d'habitants estimés).
LANGUES OFFICIELLES: dari (persan) et pachtou, plus une trentaine d'autres langues de minorités, notamment ouzbèke.

RELIGIONS: islam, religion "sacrée" (80% de sunnites et 20% de chiites) du pays qui, jusqu'à la conquête musulmane, était un grand centre bouddhiste.
HISTOIRE: Règne de la dynastie pachtoune des Durrani de 1747 à 1973, date du renversement du roi Zaher Shah, qui reviendra à Kaboul en avril 2002, après 29 ans d'exil à Rome, pour être nommé "Père de la Nation".


En avril 1978, un coup d'Etat pro-soviétique porte les communistes au pouvoir. L'armée soviétique envahit le pays en décembre 1979 et n'en sera chassée par les moudjahidines qu'en février 1989. Le président Najibullah, placé par Moscou à la tête du pays en 1986, est destitué le 16 avril 1992. Début d'une guerre civile entre factions.

Le 27 septembre 1996, les talibans, fondamentalistes formés essentiellement au Pakistan, prennent Kaboul, imposant leur interprétation ultra-rigoriste de la charia (loi islamique).
Le 9 septembre 2001, le commandant Ahmed Shah Massoud, chef de l'Alliance du Nord, opposition armée anti-talibans, est assassiné dans un attentat attribué à l'organisation Al-Qaïda.

Le 7 octobre 2001, à la suite des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, la coalition alliée déclenche une guerre antiterroriste. Après six semaines de frappes américaines, les forces de l'Alliance du Nord reprennent Kaboul, puis en décembre Kandahar (sud), fief politico-religieux des talibans.

En décembre 2001, la conférence de Bonn (Allemagne), qui réunit les factions afghanes sous l'égide de l'Onu, débouche sur la mise en place d'un gouvernement intérimaire dirigé par Hamid Karzai, proche du roi et des Etats-Unis, et d'une Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), dont l'Otan prend le commandement en août 2003 (10.500 hommes pour les élections du 18 septembre).

Aux termes de la nouvelle Constitution adoptée le 4 janvier 2004, le régime est présidentiel. Le président, élu pour cinq ans au suffrage universel, concentre l'essentiel du pouvoir. Il est le commandant en chef des forces armées.

Le 9 octobre 2004, Hamid Karzai a été le premier président afghan démocratiquement élu, dès le premier tour, avec 55,4% des suffrages. Il est rééligible une fois. Investi officiellement le 7 décembre.
ECONOMIE: La reconstruction du pays, ravagé par 23 ans de guerre et de crises, est rendue difficile par l'insécurité et reste dépendante l'aide internationale civile et militaire.

Parti de peu en 2001, l'Afghanistan a connu une croissance de son Produit intérieur brut (PIB) hors drogue de 29% en 2002 et 16% en 2003.
L'Afghanistan est le 1er fournisseur mondial d'opium.

Les revenus du trafic représentaient 2,8 milliards de dollars en 2004, et devraient être proches en 2005, selon l'ONU. Cela représente l'équivalent de 60% du PIB légal, et 30% du PIB total.
Revenu annuel par habitant: environ 315 dollars (Banque mondiale).
RESSOURCES: charbon (4% des réserves mondiales), fer, cuivre, et pierres précieuses (plus important gisement du monde de lapis-lazuli et d'émeraude). Des gisements de plomb, zinc, étain, tungstène, césium sont inexploités.
Le pays est également riche en gaz naturel et en bois.

DEFENSE: Formation d'une nouvelle armée nationale (ANA) multiethnique, forte de quelque 35.000 hommes, avec un objectif de 70.000 en 2007.
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