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L'hygiène oubliée des marchés du Ramadan

Nous sommes à la deuxième quinzaine du mois de Ramadan. La fièvre acheteuse qui caractérise le début du mois sacré commence à tomber et les consommateurs sont plus attentifs à ce qu'ils achètent. Bon nombre d'entre eux ont relevé que la salubrité des denr

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Souvent aussi, les mains des vendeurs sont sales. Il ne s'agit pas uniquement de vendeurs à la sauvette, mais l'hygiène fait défaut également dans des grands marchés comme celui de Bab Marrakech par exemple, l'un des plus anciens de la ville. Les consommateurs font leurs emplettes dans une ambiance qui est loin d'être saine. A la porte d'entrée, le ton est donné.

Les consommateurs devront marcher dans la boue et inhaler par la même occasion des odeurs nauséabondes qui se dégagent des toilettes publiques et du sol visiblement infecté de bactéries, leur suscitant moult désagréments : migraine, vomissement, etc. C'est la saleté qui semble régner dans tous les coins et recoins de ce marché fréquenté par des milliers de Casablancais. Et c'est plus précisément le grand hall réservé à la poissonnerie qui est une gigantesque pépinière de microbes.

Les clients qui payent le prix cher pour acheter le poisson, ne sont pas sûrs d'avoir en retour la qualité requise minimum. Les étalages et les bassines réservées pour le nettoyage du poisson sont infectes et les poissonniers ne s'en cachent pas.

Quant à l'action du nettoyage elle-même, elle se fait dans des conditions déplorables qui ne donnent vraiment aucune envie à l‘acheteur d'aller jusqu'au bout. Le marché "Badr" à Bourgogne, considéré comme un marché de quartier, est un autre exemple de manque d'hygiène flagrant. La viande se vend à l'air libre, loin des moindres considérations hygiéniques.

A cela, il faut ajouter toutes ces marchandises proposées et vendues quelquefois à même le sol sans que quiconque ne se préoccupe des conditions dans lesquelles elles ont été préparées. "A chaque Ramadan, les métiers informels naissent comme des champignons permettant à des femmes qui maîtrisent un savoir-faire d'arrondir leur fin du mois.

A court terme, tant mieux pour elles. Il faut en revanche tirer la sonnette d'alarme et souligner qu'à long terme, la multiplication de ces métiers est la façon la plus efficace pour détruire l'économie du pays, sans oublier qu'il n'y a aucun contrôle de normes hygiéniques et sanitaires de ces produits prêts à la consommation ", précise Soumaya Naâmane Guessous, sociologue. Ce ne sont pas uniquement les conditions de cuisson qui sont soupçonneux, mais il faut dire que même les ingrédients utilisés et la date de péremption sont des questions sans réponses.

Les consommateurs prennent alors des risques qui peuvent les conduire sur un lit d'hôpital. Effectivement, le nombre de victimes des intoxications alimentaires croît de jour en jour sans que l'on puisse vraiment cerner le problème et mettre la main sur les responsables. On entend souvent dire que les contrôles des services et bureaux d'hygiène dans les municipalités et préfectures ne manquent pas et que malgré leur bonne volonté c'est le manque des moyens humains qui fait défaut. Seulement, ce genre d'argument ne justifie en rien cette insécurité alimentaire qui sévit partout au Maroc.

Peu importe l'endroit, en effet, on peut facilement franchir la porte d'une grande enseigne d'hypermarché et vivre des expériences cauchemardesques. C'est le cas de plusieurs femmes au foyer qui se sont plaintes après avoir acheté des produits à grande consommation.

"Cette semaine, j'ai acheté un grand sac de farine dans un grand hypermarché, à ma grande surprise il dégageait une mauvaise odeur de moisissure", a expliqué Fatima, 30 ans et mère de trois enfants. "Mais c'est fou. A chaque fois que j'ouvre une boîte de biscuits, je la trouve truffée de vers. Je ne peux plus faire confiance et donner les boîtes de biscuits fermés à mes enfants sans les vérifier auparavant", s'exclame Saida, 26 ans et mère de 2 enfants.

Elle accuse même certains grands produits qui devraient en principe répondre scrupuleusement aux critères internationaux de l'hygiène et elle a ajouté : " Imaginez que même l'emballage de certains yaourts laisse à désirer. Très souvent, je trouve la bouteille gluante et remplie à moitié seulement".

Ne le cachons plus et osons dire que la sécurité alimentaire est au plus bas niveau au Maroc. Il faut que les services d'hygiène dans les préfectures et les municipalités se ressaisissent et cherchent les moyens pour maîtriser la situation et mener leur mission à bien.

L'hygiène alimentaire a fait de gros progrès dans le monde, et le consommateur est un citoyen vigilant qui ne devrait faire aucune concession car c'est sa santé qui est en jeu.

C'est une bonne éducation et un comportement de vigilance sur la provenance, la date de péremption, les conditions de préparation et de conservation qui doivent être les réflexes nécessaires pour préserver la santé.

80 % des intoxications alimentaires surviennent en dehors du domicile


Au Maroc et surtout depuis l'entame de ce millénaire, certaines de nos villes, notamment Casablanca, Rabat, Tétouan et Settat, ont été le théâtre de nombreuses et non-moins graves cas d'intoxications collectives. Rappel : Mars 2003, 80 étudiants intoxiqués à la cité universitaire Souissi II à Rabat, février 2005, une quarantaine à l'Institut technique d'Agriculture de Ben Ahmed à Settat, et tout récemment presque 100 personnes victimes d'une intoxication causée par des repas avariés servis dans l'un des fast-food de Tétouan. Fort heureusement, plus de peur que de mal.

Des intoxications en série qui ont défrayé la chronique et même semé la panique d'autant que derrière cette insécurité alimentaire se trouvent les lieux de restauration rapide si massivement fréquenté. D'ailleurs la Société marocaine de toxicologie (SMT) assure que 80 % des intoxications alimentaires surviennent après la prise de repas en dehors du domicile. En cause, comme le montre du doigt la SMT, le non-respect des règles de l'hygiène, principalement.

Mais encore, les gargotes et autres laiteries ne sont pas les seules qui se trouvent au banc des accusés. Les restaurants et les hôtels de luxe ne sont pas, loin s'en faut, au-dessus de tout soupçon. Preuve, l'intoxication cette année d'un groupe de médecins réunis en conclave pour les besoins d'un séminaire dans un palace de la métropole.

Un fait qui résume sans alarmisme aucun la situation d'insécurité alimentaire qui ne cesse de prendre de l'ampleur en dépit de tous les contrôles des services et bureaux d'hygiène dans les préfectures et les municipalités.

Des structures de veille qui manquent cruellement de moyens et qui malgré toute leur bonne volonté et les incessantes descentes de leurs brigades ne peuvent pas assainir et sévir partout.

Et pour cause, ledit service a tout récemment trouvé- tenez-vous bien - une quantité de viande et de poissons avariés dans un supermarché portant une enseigne bien connue de chez les Casablancais. La quantité saisie, jeudi 13, octobre comprend, notamment et en gros, 50 Kg de filets de viande rouge pétrifiée, 30 Kg de viande blanche (Dinde), 3 Kg de foie de boeuf, 74 Kg de poissons (calamars, crevettes, saint-pierre...) en vrac et d'origine non identifiée et 20 sachets de charcuterie de dinde en grande pièce dont la date limite de consommation remonte au 30 juillet 2005 !

Un cas qui n'est hélas pas isolé, déplore notre interlocuteur tout en recommandant aux consommateurs d'user de tous leurs sens pour vérifier la fraîcheur du produit avant de le jeter dans le caddie. Une recommandation somme toute éminemment raisonnable, car au-delà du manque des conditions d'hygiène de bout en bout parfois de la chaîne alimentaire qui implique la responsabilité de tous les acteurs de la chaîne de fabrication, de distribution et de vente, les consommateurs endossent aussi une part de responsabilité.

Beaucoup parmi eux ne prennent même pas la peine de jeter un coup d'oeil sur l'étiquette du produit pour au moins s'assurer de la validité de date limite de consommation. Pire encore, certains, et ils sont légion, se ruent faute de revenus confortables sur les produits de la contrebande exposés à même le sol sans parler des marchands ambulants qui sillonnent à longueur de journées les boulevards et les ruelles des quartiers populaires pour vendre des produits très périssables et à la fraîcheur souvent douteuse comme le poisson et autres laitages.

Il s'agit donc devant ce danger imminent de travailler, non point seulement sur le volet répressif, mais aussi sur le changement des réflexes et habitudes de consommation. Une démarche qui suppose la collaboration et l'implication de tous, pouvoirs publics, acteurs de l'agro-alimentaire, Société civile et Médias et aussi l'honnêteté des uns (commerçants) et la vigilance des autres (consommateurs). Sans quoi, il serait impossible de gérer et maîtriser le risque alimentaire.Rachid Sami (MAP)

Salmonelles et Listérias


Les salmonelles et les lysterias sont les deux types de bactéries les plus répandus dans la nature. Les Salmonelles entraînent des toxi-infections alimentaires consécutives à l'absorption d'aliments comme les oeufs crus ou insuffisamment cuits, mayonnaise, pâtisserie à la crème, pâtés, viandes.

L'ingestion de salmonelles ayant proliféré dans un aliment, peut entraîner une colonisation de la muqueuse intestinale lorsque l'inoculum dépasse les capacités de défense du tube digestif, correspondant à une dose minimum infectante, généralement de l'ordre de 105. Les signes de contamination sont le plus souvent des vomissements et des diarrhées qui rétrocèdent habituellement en 2 à 5 jours. Par contre, chez le nourrisson ou le vieillard, l'infection peut prendre un aspect beaucoup plus sévère.

Quant aux Listérias, ce sont des bactéries qui proviennent de la terre très répandues dans l'environnement, sol, végétaux, eaux douces et salées. Dans les aliments, les Listérias monocytogènes sont fréquentes dans les produits laitiers souvent fortement contaminés : lait cru (45% de contamination), fromages tant au lait cru qu'au lait pasteurisé.

La pasteurisation correctement réalisée détruit les Listeria : la contamination après pasteurisation est imputable au défaut d'hygiène lors de l'affinage. On retrouve également les Listérias monocytogènes dans les produits carnés (contamination de 41% des viandes hachées surgelées, 32% des produits de charcuterie crue, 60% des poissons fumés). Ces bactéries se développent à une température inférieure à 4°C, d'où les problèmes pour la conservation prolongée des produits alimentaires.
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