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Le Sunnites acculés dans leurs derniers retranchements

La liste chiite de l'Alliance unifiée irakienne (AUI), grand vainqueur des élections, s'est accordée sur le choix d'un sunnite, Hajem al-Hassani, pour présider le parlement, alors que la poignée de parlementaires sunnites restent divisés sur le choix d'un

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«Nous nous sommes mis d'accord sur les nominés et le candidat à la présidence a été approuvé par une majorité de sunnites», a déclaré à l'AFP Jawad al-Maliki, un haut responsable de l'AUI, qui contrôle 146 sièges sur un total de 275 députés à l'Assemblée nationale transitoire.

«Si une minorité de sunnites n'est pas d'accord avec ce choix, eh bien, ils peuvent toujours quitter l'assemblée», a ajouté M. al-Maliki.
En raison d'un boycottage massif des élections du 30 janvier par les sunnites, le Parlement ne compte que 16 députés issus de leurs rangs et éparpillés sur différentes listes, dominées par les chiites ou les kurdes.

Elu sur la liste Iraqiyoun (Irakiens) du chef de l'Etat Ghazi Al-Yaour, M. Al-Hassani, ministre sortant de l'Industrie, avait déclaré au début de la semaine ne pas être intéressé par le poste. Il n'avait pu être immédiatement joint samedi.
L'AUI avait rejeté jeudi la candidature du député Michaan Joubouri en raison de ses liens avec l'ancien régime. Ce dernier affirme avoir le soutien d'une «majorité des formations sunnites», mais sa personnalité est contestée par d'autres responsables de cette communauté.

M. Joubouri a indiqué samedi matin à l'AFP qu'il maintenait cependant sa candidature et plusieurs milliers de ses partisans ont défilé samedi dans la ville de Tikrit (180 km au nord de Bagdad), ancien fief de Saddam Hussein.
La décision de l'AUI a été prise pendant une réunion, samedi, de députés de l'AUI au domicile à Bagdad de Abdel Aziz Hakim, le chef de la liste arrivée en tête aux élections du 30 janvier.
Elle intervient à la veille de la troisième session du parlement prévue dimanche, qui doit choisir le bureau de la chambre composé d'un président et de deux adjoints.

La présidence doit revenir à un sunnite, alors que les postes d'adjoint seront attribués à un chiite et à un membre de la liste kurde, deuxième au Pparlement avec 77 sièges.

Selon M. al-Maliki, le candidat de l'AUI au poste d'adjoint chiite sera Hussein Chahristani, un scientifique nucléaire emprisonné sous le régime de Saddam Hussein. L'autre poste d'adjoint irait au juge kurde Dara Nureddin, qui avait participé au Conseil de gouvernement créé après la chute du régime par la coalition. Par ailleurs, le vieux politicien sunnite Adnane Pachachi, 81 ans, a annoncé sa candidature au poste de vice-président de l'Etat, la présidence devant revenir au kurde Jalal Talabani. Sept irakiens, dont quatre policiers et un soldat américain, ont d'autre part été tués en Irak au cours entre vendredi et samedi.

Les quatre policiers et un civil ont trouvé la mort dans l'explosion d'une voiture piégée, vers 08H00 (04H00 GMT), près de Khan Bani Saad, une localité à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Bagdad, selon une source militaire. Plus au nord, les corps de deux gardes irakiens d'un oléoduc à al-Fatha, à 9 km au nord-ouest de Baëji (200 km au nord de Bagdad), ont été retrouvés dans la nuit, selon le lieutenant-colonel Hassan Salah, de la police de Baëji.
L'oléoduc a fait l'objet d'une attaque vendredi soir et, selon Majid Manoun, un responsable de la raffinerie de Baëji, «la réparation nécessitera une semaine».
Par ailleurs, un Marine américain a été tué «en participant à des opérations de sécurité» dans la ville de Ramadi (100 km à l'ouest de Bagdad), selon un communiqué de l'armée américaine.


Des religieux appellent leurs fidèles à rejoindre la police et l'armée
Des religieux sunnites irakiens ont signé une fatwa appelant les membres de leur communauté à s'engager dans la police et l'armée, qualifiées de «gardiens de la nation». Cet appel, signé par 64 religieux dont certains de haut rang, intervient alors que les forces de l'ordre irakiennes sont les premières cibles de la rébellion, qui recrute essentiellement parmi les sunnites. «C'est un message aux combattants de la résistance pour ne pas attaquer l'armée et la police irakiennes», a dit à l'AFP cheikh Ahmed Abdel Ghafour al-Samarraë, chef du Waqf (bien religieux) sunnite, et un des signataires de ce décret religieux.

L'appel insiste sur le fait que «seule l'armée et la police doivent garantir la sécurité du pays et de la population», dans une condamnation implicite des milices comme les peshmergas kurdes ou les brigades Badr, la milice chiite du Conseil supérieur de la révolution islamique en Irak (CSRII).

Cheikh Samarraë a souligné à cet égard «ne pas être contre ces milices parce qu'elles sont chiites ou kurdes, mais parce que leur loyauté va à des partis politiques plutôt qu'à l'Irak». S'agissant de l'armée, les religieux soulignent qu'elle est «l'armée de la nation et pas celle de certaines milices ou d'une autre partie». Aux postes de direction des forces de sécurité à l'époque de Saddam Hussein, les sunnites ont déserté l'armée et la police après la chute de l'ancien régime alors que les chiites et les kurdes entraient en masse dans les forces de l'ordre. «Pourquoi aurions nous des hommes du sud (chiite) et du nord (kurde) servant dans nos villes (sunnites)», a poursuivi le chef du Waqf, qui «veut que des gens de ces villes servent leur population sur place».

Lors des opérations dans les villes sunnites de Falloujah, Mossoul et Samarra, ce sont des soldats et des policiers chiites qui y ont été envoyés.
Avant la chute de Saddam Hussein, les villes du centre et de l'ouest de l'Irak, à population majoritairement sunnites, étaient surnommées les «cités des officiers» à cause du grand nombre de militaires et de policiers qui en étaient originaires.

Ce tournant intervient au moment où les sunnites, qui ont largement boycotté les élections générales du 30 janvier, craignent d'être marginalisés au sein des forces de l'ordre. D'autant plus que les membres de ces dernières sont considérés par la rébellion comme des «collaborateurs» des forces d'occupation américaines.

Afin de parer à cette accusation, les religieux rappellent dans leur fatwa que les militaires et policiers «ne doivent pas apporter d'aide aux occupants». A cet égard, cheikh Samarraë rappelle que les religieux sunnites ont déjà par le passé «insisté contre les patrouilles conjointes des forces irakiennes et étrangères».
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