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Les campagnes de charme, visites impromptues et discours conciliant : le vote turc intéresse les candidats

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La visite du chancelier Gerhard Schröder aux locaux du journal turc "Hurriyet", à moins d'une semaine de la date des élections législatives, a plus d'un sens. Le candidat du SPD (Parti social démocratique au pouvoir) s'est livré, mardi dernier, à une véritable campagne de charme à destination d'une communauté dont le vote compte désormais en Allemagne. Sur 7 millions d'étrangers établis en Allemagne, les ressortissants turcs représentent plus du 1/3, avec environs 2,6 millions de personnes, sans compter au moins un demi million d'Allemands d'origine turque. Véritable cœur de cible des opérations de séduction des candidats au scrutin général.

Grâce à la loi sur la double nationalité, passée en 1993 au prix de la bataille menée par le parti vert de Joshca Fisher et ses alliés du SPD, beaucoup des ressortissants étrangers en Allemagne ont pu accéder aux droits civiques qui leur permettent notamment d'élire leurs représentants aux niveaux local et fédéral, mais également de se faire élire eux-mêmes.

Les Turcs, forts en nombre, mais faisant également partie des communautés les plus anciennement installées sur le territoire allemand sont évidemment aux premières loges.

Représentés au Bundestag (Parlement allemand) - le parti des verts en compte 3 sur un groupe de 55 - ils sont aujourd'hui visibles dans la campagne électorale. La Deutsch Welle (littéralement les ondes de l'Allemagne), la télévision allemande destinée à l'étranger, consacrait un reportage de plusieurs minutes, à deux semaines des législatives, aux têtes qui émergent au sein d'une communauté dont les membres vivent pourtant dans une sorte de ghetto en pleine capitale, Berlin.

Le quartier turc, un ensemble d'HLM sans attrait, est surnommé Istanbul. Il contraste avec le luxe des habitations que le guide s'extasie à montrer aux touristes embarqués à bord d'une péniche pour faire le tour de la "Spree" (une partie du réseau fluvial de Berlin). C'est dans cet espace, quelque peu isolé que vit la plupart des ressortissants turcs, venus massivement à l'assaut de la capitale berlinoise. L'idée est, largement, répandue chez les responsables allemands que les membres de cette communauté résistent à l'intégration.

Les candidats turcs aux élections générales du 18 septembre sont-ils montrés pour donner bonne conscience aux mêmes responsables turcs ? Ces derniers ont-ils réellement donné toutes leurs chances à ces communautés pour s'intégrer au sein de la société ? Des questions très controversées outre Rhin.

Onur, un jeune étudiant qui prépare des études doctorants en économie offre pourtant le contre-exemple de la non-intégration des gens de sa communauté d'origine. Il montre un acharnement rare à faire accepter son identité allemande. Le jeune homme est né en Allemagne et connaît très peu sur le pays d'origine de ses parents qu'il ne renie pourtant pas sans pouvoir l'adopter exclusivement. Son intégration à la société allemande se fait par le mérite, alors qu'elle est pour d'autres questions d'appartenance par la filiation.

Boris est un autre exemple qui montre les paradoxes d'une Allemagne on ne peut plus conservatrice. Il est le fruit d'un mariage mixte entre un Allemand et une Cubaine. Il y a chez lui la même détermination à se faire accepter par une société que les jeunes de sa condition ont pourtant totalement adoptée et dont ils défendent les valeurs avec ardeur.

Les penchants électoraux des deux jeunes ne semblent pourtant pas les mêmes. Si l'un a préféré les laisser secrets, l'autre n'a pas hésité à nous dévoiler sa sympathie pour le SPD. Une sympathie qui ne cache pas la déception ressentie à l'égard de celui qui était jusque-là l'emblème de ce parti. Un vote sanction pour Gerhard Schröder ? Le sentiment est assez partagé chez les jeunes que nous avons rencontrés à Frankfurt, à Mayence, à Cologne, à Bonn, à Cologne et à Munich. Les avis sont moins tranchés à Berlin.

Les ressortissants des communautés étrangères votent habituellement pour les partis de gauche et en particulier pour le SPD et le parti des verts qu'ils créditent des réformes visant à mieux les intégrer au sein de la société allemande. Mais, le recul de l'emploi, les réformes contenues dans "l'Agenda 2010" du gouvernement mené par Schröder, et qui prévoyait notamment de diminuer le montant et la durée des allocations familiales et de faciliter les licenciements dans les PME ont fini par ébranler les convictions. Mais entre les réformes du SPD et les promesses de la CDU proche du patronat, le choix n'est pas des plus aisés.

Les voix des ressortissants étrangers, de la communauté turque en particulier, sont particulièrement convoités lorsque les sondages donnent les candidats au coude à coude et que pour faire la différence dans les urnes ces derniers doivent miser sur le vote des indécis.
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