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Opinions & Débâts : Le commerce extérieur, maillon faible de l'économie marocaine

En paraphrasant une célèbre émission télévisée diffusée sur TF1, on peut affirmer que le commerce extérieur est le maillon faible de l'économie marocaine.
Les résultats de 2004 le démontrent amplement : 85 milliards de DH d'exportations pour 155 millia

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Cependant, si on analyse la structure de notre balance des paiements, nous constatons qu'elle s'équilibre grâce à deux catégories de recettes. Les transferts des RME qui ont représenté 37 milliards de DH en 2004, et les recettes touristiques 31 milliards de DH pour la même année.

Or, ces deux types de recettes ne sont pas pérennes. Rien ne nous dit qu'à moyen et long termes, les transferts des RME continueront à être aussi importants. Quant aux recettes touristiques, nous connaissons malheureusement l'impact des événements internationaux (catastrophes naturelles ou terrorisme) sur ce secteur.

Aussi, est-il est grand temps de réfléchir et de concevoir une véritable politique d'exportation de notre pays.
Pour cela, il n'y a pas de miracle : il faut essayer de réduire les importations et d'augmenter les exportations.

Au niveau des importations, il est anormal que notre pays à vocation agricole continue d'importer des quantités massives de produits agricoles : céréales, huiles végétales, sucre, Graines oléagineuses, produits laitiers.

Notre politique agricole depuis l'indépendance a été un échec, et il est grand temps d'élaborer une nouvelle politique tendant au développement des productions vivrières, propres à assurer l'autosuffisance alimentaire du pays.

L'autre poids lourd de nos importations est l'achat de pétrole brut. Il a représenté en 2004 14,5 milliards de DH, soit l'équivalent de nos exportations de phosphates et dérivés (14,4 milliards de DH), qui est notre principale richesse naturelle. Il faut redoubler d'efforts pour la recherche pétrolière dans notre pays, car les cours actuels de cette matière vont aggraver lourdement notre déficit commercial dans les années à venir.

La troisième catégorie de produits à considérer représente les produits finis de consommation, dont les importations ont explosé ces dernières années. Cette catégorie de produits est à notre portée, à condition que l'industrie marocaine s'élargisse, et améliore sa compétitivité au niveau du rapport qualité/prix.
Quant à la politique d'exportation, elle doit être basée sur les axes suivants:

• Elargissement de la production exportable.
Tout en défendant nos secteurs traditionnellement exportateurs (textiles, produits alimentaires, produits miniers), il faut s'orienter vers d'autres produits tels que les fils et les câbles électriques, les pièces détachées d'automobiles, les composantes électroniques etc. Seule cette diversification de nos exportations pourra assurer un saut quantitatif et qualitatif.

• Amélioration de la compétitivité de nos produits à l'exportation.
La mondialisation entraîne une concurrence acharnée sur les marchés extérieurs. Des études ont montré que la compétitivité des produits marocains a baissé ces dernières années, comparativement à des pays de niveau équivalent. Il y a lieu d'opérer une véritable mise à niveau globale, aussi bien celle de l'Administration que des entreprises privées. Le but final est de diminuer le prix de revient et d'augmenter la qualité, notamment par la constitution de consortiums d'entreprises à l'exportation.

• Diversification des marchés à l'exportation.
Le Maroc vient de signer de nombreux accords de libre-échange : Union européenne, USA, Turquie, pays arabes. Actuellement 76,6% de nos exportations sont destinés à l'Europe, contre 10% sur l'Asie, 7% sur l'Amérique et 5% sur l'Afrique. Il est nécessaire de diversifier nos exportations hors Europe.
• Réorganisation de la promotion et de la distribution des produits à l'exportation :

Une tentative de la réorganisation de la promotion dans le cadre du projet ONYX n'a pas eu de suite, sans qu'aucune explication officielle n'ait été fournie. Il y a lieu de revoir la question de la promotion, en recherchant avant tout l'efficacité. D'autre part, la présence à l'extérieur de nos entreprises exportatrices est très faible : filiales et bureaux de représentation. Une meilleure organisation des canaux de distribution à l'extérieur est nécessaire pour éviter le passage par des intermédiaires, qui grève la rentabilité de nos produits.

• Développement des moyens logistiques :
La fonction logistique (entreposage, transit, transport) est devenue incontournable dans le processus d'exportation. Le Maroc accuse un grand retard dans cette fonction, notamment par l'absence de plateformes logistiques à proximité des ports. Tout est encore à faire dans ce domaine.

• Révision du taux du dirham par rapport aux devises étrangères :
Le dirham s'est nettement réévalué ces dernières années par rapport aux devises étrangères, ce qui pénalise nos exportations.

Il est reconnu que l'un des moyens de stimuler les exportations est de réduire le taux de change de la monnaie nationale par rapport aux devises étrangères.
L'exemple classique est celui de la Chine, qui a boosté ses exportations grâce à un yen faible. Dans le cas du Maroc, il y a lieu de faire une étude précise pour prendre une décision judicieuse dans ce domaine.

En conclusion, toute l'attention doit être portée, aussi bien par l'Administration que le secteur privé à notre commerce extérieur qui ne se porte pas bien.
Des mesures énergiques doivent être prises, pour redresser la situation qui risque d'être dangereuse dans les années à venir.
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