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Opinions & Débâts : la formation, un impératif économique et social

Comme chaque année , le Manuel des Procédures des Contrats Spéciaux de Formation (CSF) fait l'objet d'une mise à jour de la part des parties concernées à savoir les représentants de l'Etat, de l'entreprise et des salariés. S'agissant d'un budget à réparti

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Au niveau de l'offre, favoriser l'émergence d'un corps de formateurs nationaux, les deux volets étant intimement liés sachant que dans l'économie de marché, la croissance est tirée par l'offre (cf. stratégie du secteur touristique ).
Les principales innovations introduites par la réforme de 1996 touchent le déplafonnement du financement, le relèvement des taux de financement, le financement des ingénieries de formation et la création des GIAC (Groupements Interprofessionnels d'Aide au Conseil).

Il est vrai que cette réforme arrivait à point nommé, le Maroc étant considéré comme en retard par rapport aux pays similaires dans ce domaine. Les défis de la mondialisation, les accords de libre échange et la compétition acharnée sur les produits et les services rendaient urgente la mise à niveau des ressources humaines. De plus, de nombreuses études montraient qu'un des freins à l'investissement direct étranger résidait dans le manque de qualification de la main d'œuvre et des techniciens. L'image de la formation continue était brouillée et la formation était souvent assimilée à la formation initiale.

Le résultat ne se fit pas attendre : ce fut littéralement l'explosion. Les Comités Régionaux des Contrats Spéciaux de Formation furent rapidement débordés et en on assista à un véritable engouement pour le système. Le nombre de journées de formation, tout comme le nombre d'opérateurs connut une croissance exceptionnelle. Le système connut cependant une première limite, d'ordre budgétaire. En effet il fallait arbitrer entre le déplafonnement et l'enveloppe consacrée aux CSF à partir du montant de la taxe de formation professionnelle.

D'où les nombreux amendements apportés au fil des ans (plafond pour les PME, pour les grandes entreprises, projet de barème, quotas des actions n'entrant pas dans le métier de l'entreprise, plafonds pour les formations diplômantes, taux spécifiques pour les banques, assurances et entreprises publiques, formations à l'étranger, formations par des sociétés du même groupe…).

Par ailleurs, en raison de l'engorgement des circuits, les délais de remboursement se sont allongés à certaines périodes et des mesures furent prises pour décongestionner les procédures (création d'un deuxième comité à Casablanca, dispense du visa du contrôleur de l'Etat pour les contrats de financement inférieurs à 300 000 DH,...)

Aujourd'hui le système est à la recherche d'un second souffle. Sur le plan déontologique, le système a connu des dérapages dont certains avaient déjà été signalés depuis longtemps. L'année 2004 a connu son lot d'évènements dont la presse s'est fait l'écho et dont certains ont fait l'objet de procédures judiciaires.
Sur le plan des procédures, on assiste à un alourdissement des formalités et à une multiplication des imprimés et des formulaires.

De nombreuses pièces relatives aux demandes de financement des entreprises ont été prévues et d'autres ont été rajoutées telles que l'attestation fiscale ou les fiches d'identification des organismes de conseil et de formation, la synthèse du rapport d'ingénierie, l'attestation d'éligibilité...

Ces formalités risquent de décourager bon nombre d'entreprises et notamment les PME qui sont les visées par les incitations. La multiplication des pièces à fournir va entraîner une multiplication des rejets de dossiers et une augmentation du nombre de réclamations.
Le système gagnerait également à communiquer davantage.

Certes les chiffres existent, mais ils devraient être synthétisés et davantage diffusés. La formation continue est le défi sur lequel se gagnera ou se perdra la bataille économique et sociale d'aujourd'hui et de demain. Elle fait l'objet d'un dialogue où l'on trouve les entreprises (les utilisateurs), les opérateurs (les prestataires), les salariés (les bénéficiaires) et l'Etat (le régulateur).
Il s'agit d'un projet citoyen qui place l'homme au cœur de la création de richesse et de la promotion sociale.

La publication des chiffres ne doit pas se limiter à la sphère des responsables mais être portée à la connaissance de tous car il s'agit d'un indicateur de développement humain de premier ordre.

Tout comme l'amélioration de la communication et de l'information, le système actuel de la formation gagnerait à optimiser quelques règles de gouvernance pour accroître son efficacité et mieux pour son rôle de vecteur de compétitivité et de promotion.

Si l'on considère le quadrilatère formé par les entreprises, les opérateurs, les salariés et l'Etat, on constate que les rôles et les responsabilités ne sont pas exercées avec le même degré d'implication et d'efficacité.
La tutelle est présente sur le plan administratif mais son impact au niveau des orientations, de la stratégie nationale et des priorités en matière de formation continue est appelé à s'exprimer avec une grande visibilité.

Le rôle de l'OFPPT en tant que cheville ouvrière du système est certes notable, mais beaucoup d'entreprises au sein de la CGEM ne manquent pas de relever que cet Office est à la fois juge de la qualité des dossiers, des ingénieries de formation et partie puisqu'il exerce également la fonction d'opérateur de formation, ce qui le place en concurrence avec les opérateurs privés.

De même, le point de vue des opérateurs de formation n'est pas pris en compte dans ce système. Pourtant, ce sont les hommes de l'art, les experts et leur expérience est déterminante dans le progrès de l'ingénierie et de la pédagogie.

Quant au rôle des représentants des salariés, il gagnerait également à être étoffé en établissant une articulation plus cohérente entre la formation et le plan de carrière d'une part et la formation et le plan social et économique de l'entreprise (restructurations, reconversions, externalisation...) d'autre part.

La formation continue engage l'avenir du pays. Tous les moyens doivent lui être donnés pour son développement afin de faire sortir notre pays du rang des nations à faible indice de développement humain.

Le financement est un puissant levier et il faudrait l'optimiser tout en gardant en tête que ce n'est pas le seul dans la lutte pour la croissance et le développement humain que nous menons.
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