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Opinions & débats : Vers un nouveau système de soins de Santé?

Dans les pays pauvres, les systèmes de santé se caractérisent par un grave déficit de financement qui empêche ces pays d'atteindre les objectifs de bonne santé.Le sous-développement sanitaire est un enchevêtrement de symptômes économiques, démographiques

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Un financement équitable et durable. Les options actuelles des systèmes de santé des pays en développement manquent d'efficacité et d'équité. La fiscalisation du financement des services de santé nuit souvent à une affectation et à une utilisation efficace des ressources, surtout dans le cas où les impôts auraient un effet de distorsion ou sont coûteux à percevoir. Comme le manque d'efficacité s'accompagne de disparités dans la distribution de prestations, il y a souvent également diminution d'équité.

Lorsque les budgets sont restreints et mal employés, ce sont les pauvres qui en pâtissent. Dans la plupart des pays, les 20% des ménages les plus déshérités profitent de beaucoup moins de 20% des dépenses de santé. Et pourtant, lorsque les dépenses sont plus équitables, les résultats sont nettement meilleurs : ce sont les pays qui dépensent le plus pour les ménages pauvres qui enregistrent également les taux de mortalité des enfants les plus bas. Les disparités entre les villes et les campagnes constituent un autre exemple d'injustice dans les dépenses : les zones rurales sont généralement beaucoup moins bien loties.

Le manque de moyens érode les systèmes de santé, car les dysfonctionnements dans un domaine se répercutent sur l'ensemble du système. Lorsque les établissements de soins ne disposent pas de médicaments, les patients n'iront pas s'y faire soigner. Cette non fréquentation est susceptible d'entraîner un fort taux d'absentéisme du personnel, qui sape l'efficacité de l'établissement. La communauté ne trouvant aucune utilité à ces services de santé, elle se désintéresse du système et les soins répondent de moins en moins à ses besoins.
Les systèmes de santé dont le financement repose sur les cotisations des actifs rencontrent de plus en plus de difficultés à mesure que la population vieillit et que la proportion des actifs diminue.

Le recours à l'impôt pour financer l'accroissement du volume de soins alourdit la charge du contribuable, ou oblige à renoncer à d'autres services ou programmes financés sur fonds publics. Pour alléger la pression future sur le budget de l'Etat, les individus peuvent être appelés à financer une plus grande part de leurs propres soins de santé. La quote-part des frais laissés à la charge des usagers peut alléger la charge des systèmes de financement public. Mais il est peu probable que cela se traduise par des économies importantes, d'autant que les populations vulnérables doivent être exonérées de cette quote-part afin d'éviter des restrictions d'accès aux soins.

Les assurances complémentaires privées peuvent aider à assurer l'accès aux soins lorsque la part laissée à la charge de l'usager est importante, mais elles peuvent aussi amplifier la demande et par conséquent les coûts globaux.
Assurer des prestations de qualité accessibles à tous :
Des changements s'imposent si l'on veut améliorer la santé et les soins et assurer une viabilité financière des systèmes de santé. Le système de santé doit pouvoir identifier les besoins de la population (rôle de l'épidémiologie) et les risques générateurs de mauvaise santé (prévention), déduire les priorités et mettre en place les actions nécessaires pour réaliser des objectifs prédéfinis.

La décision politique de santé publique doit concilier équité, efficacité et rationalité économique. Pour assurer un accès universel à des soins de santé efficaces et d'un coût abordable, il faut débattre des priorités, des choix d'interventions, les adopter et s'y tenir. Fixer les priorités du système de la santé, c'est à dire décider de ce que le gouvernement va faire et ne pas faire. C'est la manière d'intégrer la réalité économique dans le développement et la réforme du système de santé.

Engager et poursuivre un débat national et local sur les priorités sanitaires est le moyen de parvenir à un accord viable sur l'efficacité de la répartition des soins de santé. Demander au système de santé de produire le plus haut niveau de santé pouvant être obtenu avec les ressources disponibles revient à exiger qu'il soit aussi rentable que possible. On va donc mettre l'accent sur les interventions permettant de tirer le maximum de ce que l'on y investit et accorder une moindre priorité à celles qui, bien qu'utiles pour certains, n'améliorant la santé de la population en général que de façon négligeable.
La détermination des priorités d'un système de santé est un exercice qui fait intervenir des critères techniques, éthiques et politiques et qui est toujours sujet à des modifications en fonction de l'expérience, des réactions du public et de l'évolution du financement et de l'investissement.

Pour fixer les priorités de façon réaliste, il faut disposer de nombreuses informations dont notamment les données épidémiologiques et les facteurs de risque qui influent sur plus d'une maladie. Parmi les grands facteurs de risque figurent la malnutrition chez l'enfant, l'assainissement, la sexualité à risque, l'alcoolisme, la pollution, le tabagisme, les risques professionnels, l'hypertension artérielle et l'absence d'exercice physique.

La définition des priorités est généralement considérée comme une prérogative du secteur public, notamment en ce qui concerne le bon usage des dépenses publiques ou les dépenses imposées par l'Etat. A cet effet, peu importe que la prestation des services de santé soit publique ou privée ou comment les prestataires sont rémunérés. Ce qui importe vraiment c'est qu'en passant par des conventions avec des prestataires privés ou en les remboursant au moyen d'une assurance publique, l'Etat puisse veiller à ce que les priorités soient respectées, même s'il ne fournit pas lui-même les services.

L'instauration de systèmes de santé favorables aux plus vulnérables exige une amélioration de l'aptitude du secteur public à s'acquitter de ses fonctions fondamentales de formulation des politiques, d'élaboration des réglementations, de passation des marchés et de prestation de services de santé. Le contrôle de l'utilisation qui est faite des ressources et l'affinement des stratégies relatives aux ressources humaines requièrent en outre de solides capacités aux plans institutionnel et organisationnel. Ces exigences débordent le champ de compétence du seul ministère de la santé, d'où la nécessité d'inscrire la réforme du secteur de la santé dans le cadre plus général d'une refonte des structures de gouvernance.
La participation sociale et politique :
La participation économique, sociale et politique est un besoin fondamental; c'est que sa satisfaction est nécessaire à la dignité humaine, c'est aussi supposer qu'elle est " productive ", qu'elle augmente l'efficacité du travail humain, qu'elle contribue donc au développement non seulement en tant que fin, mais aussi en tant que moyen.

L'action de santé ne peut s'exercer en vase clos ou n'être que le fait de fonctionnaires rémunérés. Il faut que les collectivités s'organisent pour mettre au point des formules d'auto-prise en charge et entreprennent d'améliorer les conditions de vie en utilisant au mieux les moyens disponibles. La participation communautaire doit être synonyme d'un engagement du grand public dans l'action de santé à tous ses stades, de telle sorte que les gens soient très largement responsables de qui se fait ou ne se fait pas.

Les professionnels de santé ont pour mission de guider cette mobilisation. Il leur faut aller vers les collectivités et inventorier leurs problèmes de santé.
Dans tout cela, l'éducation pour la santé revêt une importance capitale. Il ne s'agit pas uniquement de parler et de placarder des affiches, mais aussi de poser un diagnostic communautaire et de promouvoir le développement sanitaire en améliorant les connaissances, les attitudes et les habitudes de chacun, tout en les incitant à agir en faveur de la santé.

Souhaitable en elle-même comme moyen d'épanouissement, la participation communautaire est certainement efficace dans les domaines sociaux et notamment en matière de santé.

Un but central évident est d'assurer une plus grande égalité sociale :
- en réduisant la pauvreté au sens plus large,
- en réunissant les conditions nécessaires à la santé par l'amélioration de la qualité de l'alimentation, de l'eau, de l'assainissement, de l'éducation et du logement pour chacun,
- et en faisant en sorte que chacun ait accès aux soins.

* Dr Ahmed Larbi Mansouri - est Chirurgien. Il est titulaire du diplôme des études d'expertises Médicales et d'un doctorat en droit public (droit international de la santé
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