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Accueil next L'humain au centre de l'action future

Sitcoms du Ramadan : Rire à tout prix

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Chaque mois de Ramadan apporte son lot de sitcoms. Ce genre semble très prisé par des réalisateurs qui s'ingénient à faire rire le téléspectateur. Cette année, 2M propose "Une famille très respectable" de Kamal Kamal, "Al Aouni" de Saïd Naciri et des sketches signés Touria Jabrane. La TVM, pour sa part, récidive avec la seconde partie de "Sir Hta tji" de Mohamed el Jem et "Chanilli TV ", les sketches de Hassan el Fad.

Ces sitcoms et autres sketches sauront-ils répondre aux attentes des téléspectateurs marocains, friands d'émissions nationales au cours du mois sacré ? Pourront-ils offrir des moments de bonheur, des espaces d'évasion ou proposeront-ils un rire indigeste et un humour factice ? Chacun des réalisateurs approchés assure que le cru de ce Ramadan sera exceptionnel, que sa production se démarque de celles qui l'ont précédé et que le public sera amplement servi. Dans quelques jours, le téléspectateur se fera sa propre opinion. Il saura alors si les réalisateurs sélectionnés par les chaînes nationales ont réussi le pari de rivaliser d'intelligence et de créativité.

Mais déjà, les échos recueillis ici et là, sur les lieux de tournage d'"Une famille très respectable" semblent indiquer que Kamal Kamal a trouvé le bon filon. Sa sitcom promet de revisiter, avec art et savoir-faire, un genre qui a fait ses preuves aux USA et en Grande-Bretagne. On se rappelle, en effet, de certaines séries, qui ont fait le bonheur des téléspectateurs et qui ont duré pendant une ou deux décennies, sans jamais lasser et surtout sans jamais s'essouffler. Un rêve que ne cessent de caresser les réalisateurs et qu'ils n'arrivent toujours pas, sous nos cieux, à concrétiser. Cette impossibilité à maîtriser ce genre télévisuel serait due, estime-t-on, à une méconnaissance quasi-totale des techniques de fabrication de la sitcom.

Aux USA où ce genre connaît toujours des heures glorieuses, la sitcom obéit à des règles précises. C'est une équipe complète de scénaristes qui est mobilisée. Ils sont en moyenne huit. Chacun propose, lors d'un brainstorming, des idées d'intrigues et de situations comiques. On discute, on confronte les idées et les opinions. Au bout de quelques jours, en principe quatre à cinq jours, l'équipe opte pour une douzaine de résumés d'épisode. Chacun des scénaristes planche alors pendant un ou deux jours sur l'épisode qui lui a été attribué.

Réunis à nouveau, les scénaristes se soumettent mutuellement leur projet, en discutent, les décortiquent minutieusement pour en déceler les points forts et les faiblesses. Les scénaristes se séparent à nouveau. Ils disposent d'une semaine pour écrire totalement l'épisode. Le scénario de l'épisode est alors lu en présence du producteur, du réalisateur, du scénariste et des comédiens. Une autre discussion s'en suit où chacun est libre d'exposer ses idées et ses critiques. Le scénario est à nouveau retravaillé. Au cours de la matinée du jour suivant, les acteurs apprennent le texte et le répètent avec le réalisateur. Ils répètent l'après-midi devant le scénariste et le producteur.

D'éventuelles modifications peuvent être demandées et le staff d'écriture peut être amené à nouveau à revoir sa copie. Nouvelle répétition le jour suivant. L'épisode est enfin tourné en public, presque une semaine après sa première lecture devant les acteurs. Dès le lendemain, le même scénario se répète. Le second épisode subit le même traitement. Ce rythme se poursuit pendant un minimum de neuf mois, au cours desquels l'équipe de tournage (scénaristes, acteurs, réalisateurs, producteurs, technicien etc.) vit à un rythme marathonien. C'est aussi la durée d'une saison d'une sitcom. "Selon les normes américaines, le scénariste de sitcom doit faire rire le spectateur toutes les 13 secondes, soit à chaque réaction d'un personnage. Même le meilleur auteur du monde ne peut prédire "sur papier" qu'un épisode aura une telle efficacité.

C'est la raison pour laquelle les sitcoms sont enregistrées en public. Cela permet d'affiner le scénario, de reprendre certains dialogues en fonction de leur impact sur le spectateur. La sitcom est un travail constant de réécriture et de collaboration. Ce qui fait la valeur de ces séries anglo-saxonnes, c'est la façon dont elles sont élaborées. C'est une conception quasi industrielle, de l'idée initiale jusqu'au montage", assurent les maîtres de la sitcom.

Au Maroc, nous n'en sommes pas encore-là. Les épisodes de la sitcom sont souvent écrits par un seul scénariste. Ils sont aussi tournés, presque à huis clos, sans publics pour réagir, apprécier et faire partager son humour au téléspectateur. Ce dernier a plutôt droit à un "rire jaune", préenregistré, qui tombe souvent à plat.

La presse nationale, conviée à assister aux premières de ces sitcoms, a déjà un avant-goût de la façon dont se déclinera l'humour au cours de ce Ramadan. A travers une série humoristique de 13 minutes programmées tout au long du mois sacré, Hassan El Fad épingle les télévisions satellitaires. Son "Chanilli TV" permet à l'humoriste, qui a co-écrit les dialogues avec Tarik Boukhari, une incursion heureuse dans l'univers médiatique arabe. Une façon intelligente de passer d'agréables moments après la rupture du ftour.

La sitcom de Mohamed El Jem exploite à nouveau le filon de l'année dernière. Son " sir hta tji" installe le même décor. L'entreprise, qui délivrait les autorisations d'exercer des professions libérales, et au cœur de laquelle se déroulent les différents épisodes de la série, est en faillite. Elle se convertit en boulangerie. Cela donne lieu à des situations comiques. Toutes les failles de l'administration marocaine sont dévoilées. Mohamed el Jem, El Khiari ou encore Aziz Alaoui sont les piliers d'une série qui a ses adeptes. Mais saura-t-elle ne pas trop lasser les téléspectateurs qui pourraient croire qu'ils doivent goûter aux mêmes plats que ceux de l'année dernière?
La chaîne de Aïn Sbaâ mise, pour sa part, sur un nouveau venu dans l'univers des sitcoms.

Il s'agit de Kamal Kamal, connu pour un premier métrage prometteur et dont le second film "Symphonie marocaine" sortira, vers la fin du mois de novembre. Le réalisateur a choisi de s'impliquer totalement dans l'écriture des scénarios de "Une famille très respectable". "Ecrire un scénario nécessite beaucoup de virtuosité mais aussi l'application de règles techniques", dit-il.

Dans la zone industrielle de Dar Bouazza, l'équipe travaille d'arrache-pied pour boucler à temps les derniers épisodes de la sitcom. Kamal dirige tout son petit monde d'une main de fer. Les acteurs sont conscients des enjeux et déploient, même à une heure avancée de la nuit, une énergie à toute épreuve. "Ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. Ce sont des comédiens qui veulent travailler, qui cherchent la confirmation.

Ils travaillent actuellement de 16 h à 3h. Leur souci n'est pas pécuniaire. Ils sont prêt à faire, s'il le faut, 100 épisodes", explique le réalisateur qui insiste sur cette part de rêve et d'émotion qu'il cherche à transmettre à travers sa sitcom. Le public est invité à juger sur pièce dès le début du Ramadan.
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