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«Le Parti de l'Istiqlal pour un patriotisme économique»

ADIL DOUIRI, ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie sociale

Loin de tout conservatisme, le libéralisme de Adil Douiri est à toute épreuve

«Le Parti de l'Istiqlal pour  un patriotisme économique»
Le ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie sociale, Adil Douiri, choque, ou presque, par ses propositions sur le nouveau rôle de l'Etat et de l'entreprise. Le programme du Parti de l'Istiqlal, exercice collectif comme il tient à préciser, a été largement explicité lors du «Forum Le Matin», tenu à Casablanca, le jeudi 17 juillet.

Il se décline en quatre principes fondamentaux. L'axe majeur est que l'Etat doit changer de rôle. Toutes les stratégies étatiques doivent, désormais, être centrées sur l'emploi. La valorisation des atouts évidents du Maroc pour créer la dynamique est un passage obligé. Et enfin, il faut que l'administration devienne une administration d'élite.

Ainsi, le ministre istiqlalien plaide en faveur d'un Etat-coach, dans un cadre contractuel et avec des entreprises locomotives. « Pourquoi ne pas créer, à partir de certaines activités de l'ONE ou l'ONEP, de nouvelles entreprises. Ces dernières peuvent être cotées en Bourse, avec un noyau dur de capitaux nationaux, et prendre part à des appels d'offres pour concurrencer d'autres acteurs économiques dans le cadre, par exemple, de la distribution de l'eau et de l'électricité dans certaines villes», estime Adil Douiri.

Toutefois, et loin de tout conservatisme, le ministre affirme que son «libéralisme est à toute épreuve». Pour lui, l'expertise s'achète et que les moyens juridiques de le faire n'ont rien à voir avec l'acte de créer des entreprises championnes.

Côté bilan, Adil Douiri estime que le tourisme marocain est sur une pente de croissance rapide. Certes, il reste beaucoup à faire, mais il ressort du bilan gouvernemental un équilibre entre les choses réalisées et les perspectives 2007-2012. Le discours exposé est empreint d'équilibre et de modestie. «Il faut garder en tête ces deux notions en permanence», se plait-il à préciser.

Par contre, au sujet de l'artisanat, il regrette cependant que les réalisations, ainsi que les profondes mutations ne soient pas aussi perceptibles que la vision 2010 pour le tourisme. Le principal défi qui se pose est l'acheminement de façon continue, à travers des canaux de distribution, des produits artisanaux pour une clientèle plus large. Un pari sur le point d'être remporté.
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LE MATIN : Quelle est, brièvement, votre lecture du bilan du gouvernement présenté récemment par le Premier ministre Driss Jettou ?

ADIL DOUIRI : Tout d'abord, le bilan présenté est le fruit du travail d'une équipe, sous les orientations éclairées de SM Le Roi qui fixe, selon la constitution, le cap, le tempo et les grandes orientations à suivre. Ensuite, le bilan présenté est celui d'un gouvernement dirigé par l'un des meilleurs Premiers ministres que nous avons eu, à l'origine d'un travail extraordinaire de coordination intergouvernementale, source d'une efficacité et d'une cohésion exemplaires.

D'aucuns ont avancé qu'avec cinq partis politiques au gouvernement, l'équipe aurait du mal à travailler ensemble. Or, travailler ensemble est avant tout la responsabilité d'un Premier ministre. Compétent et travailleur, apaisé et attentif, il est arrivé à faire travailler ensemble une telle formation. Je pense que collectivement, nous avons abouti à un résultat de bonne qualité.

Il est toujours difficile de trouver le juste ton pour définir les réalisations d'un gouvernement et dire qu'on a été meilleurs que d'autres et l'humilité et la modestie qui siéent à tout être humain et à la crédibilité de son discours. Donc, mon appréciation sincère est que nous avons bien travaillé, de manière rapide et que nous avons réalisé des sauts dans plusieurs domaines. Je rejoins la déclaration du Premier ministre, lorsqu'il parle du franchissement d'un premier palier vers un second.

Vous verrez que dans le programme du parti de l'Istiqlal, nous parlons désormais du passage du premier palier au second palier. Donc, il nous reste des marches d'escalier à gravir dans notre pays et ce gouvernement a réussi à en faire franchir beaucoup. Ce gouvernement a cassé des chaînes et des tabous.

Il est à l'origine d'accélérations multiples dans plusieurs domaines, tels que l'habitat, l'industrie et bien d'autres. Il a mis aussi le tourisme sur une pente de croissance rapide. Certes, il reste beaucoup à faire, mais il ressort du bilan gouvernemental, un équilibre entre les choses réalisées et les perspectives 2007-2012. Le discours exposé est emprunt d'équilibre et de modestie et il faut garder en tête ces deux notions en permanence.

Est-ce une feuille de route pour le prochain
gouvernement ?


Nous sommes en face d'une simple analyse effectuée par le gouvernement actuel sur les priorités futures. Chaque parti politique a ses sensibilités en tant que composante de la majorité. Donc, dans les programmes des partis, nous avons insisté sur certains axes, qui font vibrer nos cordes partisanes. Ce que le premier Ministre a exprimé représente en fait le milieu du chemin de la vision du gouvernement sur la feuille de route des prochaines années, sur certains sujets en particulier.

A mi-chemin de la Vision 2010, quelle évaluation faites-vous de la poursuite de ce chantier ?

J'aimerais commencer par rappeler qu'il s'agit d'un travail collectif. Dès janvier 2001, SM Le Roi a donné l'impulsion d'une grande ambition à tout le pays et a pu mobiliser les énergies sans lesquelles rien n'aurait pu être entrepris. Je tiens ensuite à dire que l'Etat a traduit la volonté royale bien avant le gouvernement actuel, par la signature dès le 29 octobre 2001 de la Vision 2010 et celle de l'artisanat, le 20 février 2007.

Cette traduction s'est faite grâce notamment à l'allocation par le Fonds Hassan II de 1,7 MMDH, somme qui, maintenant, paraît modeste, mais en réalité, c'est parce que notre pays a changé de dimension. Puis ensuite, la mise en branle d'un ensemble de secteurs, mais aussi l'implication de différents ministères, tels que celui de l'Interieur, des Finances et des Transports.

Grâce à ce travail, mais aussi grâce à la mobilisation du secteur privé, qui s'est révélé être un partenaire de confiance, fiable et aussi très présent, nous avons franchi un certain nombre d'étapes avec succès.

Je situe personnellement le début de la vision 2010 à plutôt fin 2001, début 2002 avec la signature du document. Après cinq années pleines de mise en œuvre de la stratégie, nous avons mis en place une capacité d'hébergement, moteur de la vision 2010, avec l'ouverture de 40 000 lits nouveaux et nous escomptons d'atteindre 60.000 lits nouveaux dans les 4 prochaines années. Entre 2002 et 2011, nous nous attendons à 110 000 lits, ce qui correspond à 60.000 emplois dans l'hébergement et 240.000 dans les autres activités touristiques.

Qu'en est-il du tableau de bord ? On nous annonce un retard sur le tourisme balnéaire, qui représente 70% de la Vision ?

Cela dépend de l'indicateur que vous prenez pour évaluer la vision 2010. Je pense que l'indicateur principal doit être la capacité d'hébergement. Il s'agit assurément de l'élément le plus mesurable, le plus clair et le plus facile à prendre en compte. C'est lui qui crée de l'emploi et qui permet d'accueillir les clients.

Dès lors que nos capacités progressent à des rythmes importants et atteignent les objectifs fixés, c'est satisfaisant. Alors, est-ce que le mix entre balnéaire et culturel, prévu en 2000 par les concepteurs de la Vision 2010, sera effectivement réalisé à cet horizon ? La réponse est non. Cette vision sera, finalement, plus culturelle en proposition et moins balnéaire en proportion, qu'elle n'a été imaginée, mais peu importe. Elle sera beaucoup plus balnéaire que ne l'a été le Maroc en 2000.

Mais la proportion balnéaire/culturel n'est pas respectée, parce que nous ne sommes pas en URSS. Nous n'arrivons pas à imposer au promoteur d'interdire le culturel et d'investir ailleurs, par conséquent, nous avons plus de culturel avec plus de capacité à Marrakech, à Tanger et à Fès que ce qui est prévu. Le balnéaire des stations Azur arrive avec un peu de retard.

Il ouvrira en 2009 et bien après. Les stations grossiront par la suite. Aux assises de tourisme de Fès, nous avons donné nos prévisions. Nous tablons sur une réalisation de 204.000 à 214.000 lits à la fin 2010, contre 97.000 au total, dont 75 000 commercialisables lors du lancement de la Vision. Ces chiffres là, selon les taux d'occupation, sont compatibles avec quelque 10 millions d'entrées aux frontières.

Est-ce qu'un essoufflement en termes d'investissement en 2006 est bien réel ou s'agit-il d'une mauvaise lecture du programme initial ?

En fait, l'année 2005 a été en deçà des attentes en ouverture de capacités, par ce qu'elle correspondait aux chantiers lancés au lendemain de septembre 2001. Il faut partir du principe suivant : dès que l'Etat a décidé de réaliser cette vision de manière très moderne et très sophistiquée, il n'a pas aménagé, n'a pas acquis de foncier, pas mis sur pied d'agence touristique aménageuse.

Il fait tout faire et ne fait que réfléchir, tout en déléguant. Nous sommes donc dépendants du rythme de réalisation du secteur privé. Certes, c'est la conséquence et je ne vois pas comment on peut imposer une cadence différente au partenaire privé.

Je passe mes journées à réfléchir aux moyens de se substituer au secteur privé dans certaines stations ou dans certains hôtels pour aller plus vite. Nous sommes tributaires du rythme global, du moment où nous avons délégué la réalisation. Par exemple, la station de Taghazout va très vite parce que nous avons tiré l'expérience des stations précédentes. Nous avons mis en place des pénalités financières, pour la première fois dans le secteur touristique, au même titre que pour les autoroutes.

En mai dernier, un recul substantiel par rapport à l'année précédente a été relevé en matière des revenus des arrivées touristiques. Est-ce que cette donne n'est pas de nature à retarder la réalisation des objectifs fixés ?

En effet, le mois de mai dernier, par rapport à celui de l'année dernière a enregistré une quasi stagnation sinon un léger recul de 1 à 2% du chiffre global des nuitées hôtelières. Mais il ne faut pas perdre de vue que depuis le début de l'année, il y eu réellement une hausse positive en matière de nuitées ou de touristes de 9%. En 2007, les chiffres sont globalement positifs et le cap des 7 millions fixé pour 2007 sera l'objectif à atteindre.

Toutefois, il faut distinguer les chantiers engagés de la conjoncture propre à chaque secteur. Je vous rappelle que depuis 2003, les chiffres sont en progression. Mais les chiffres du mois de juin, que vous n'avez pas encore, sont très bons.

Un mot sur le foncier et sur les appels d'offres
internationaux concernant le tourisme intérieur ?


Nous orchestrons, en concertation avec les différentes administrations, le règlement des problèmes du foncier qui peuvent se poser. Nous assurons tous les investisseurs de notre soutien, à l'image de l'habitat social, pour régler les problèmes. Et pour les appels d'offres internationaux, nous tablons essentiellement sur l'intérêt particulier des investisseurs locaux,. sans préciser les noms des grandes sociétés marocaines du secteur, de manière à alléger le coût de la réalisation, mais les appels d'offres restent ouverts, sans qu'ils ne soient dédiés au nationaux ou aux étrangers. Même juridiquement, nous ne pouvons interdire la participation des étrangers aux appels d'offres.

N'avez-vous pas l'impression qu'il y a eu un retard dans l'allumage concernant les offres pour le tourisme interne et qu'il est le parent pauvre de l'offre touristique nationale ?

Je tiens à distinguer les différentes catégories du tourisme interne. Nos longues études réalisées en 2003-2004 nous ont permis d'enquêter auprès de 6.000 ménages marocains. De cette étude de terrain, il est ressorti clairement qu'il y'avait deux tourismes internes avec deux politiques distinctes. La première, celle d'une clientèle adepte des hôtels classiques.

Cette clientèle, nous cherchons à lui construire uniquement un circuit de distribution, constitué de calls centers et de grossistes qui cherchent des hôtels à des prix bas et qui sont assez courageux pour les réserver en hiver et non pas seulement en été. Nous l'avons aussitôt réalisé, avec Kounouz biladi. Toutefois, cela a plus relèvé du bricolage.

Cette approche n'était pas pérenne, mais plutôt une action d'urgence. Après cette opération, nous avons lancé un appel d'offres pour choisir des agences pour la promotion du tourisme interne. Cela nous a pris un an et demi pour aboutir avec 3 agences nationales. A présent, l'approche est en marche et l'Office a abordé le co-marketing avec ces agences. Ensuite, une partie de ces 6.000 Marocains montraient qu'ils avaient d'autres besoins.

A cela, nous avons répondu avec Moukhatat Biladi. Certes, vu qu'il s'agit d'une stratégie lourde, elle va assurément prendre du temps, mais nous allons aboutir aux Villages de vacances familiaux (VVF).

Question d'actualité, la TPT et la taxe de séjour seront assujetties à la TVA. D'abord, confirmez-vous cette donne, et ensuite quelle est votre philosophie en la matière ?

Premièrement, il s'agit d'une donne très technique. La TVA s'appliquait sur le chiffre d'affaires de l'hôtels TPT et TS comprises jusqu'en 1991, au moment de la guerre du Golfe, pour des considérations conjoncturelles. Nous parlons d'une TVA de 0,2% à laquelle s'ajoute une TPT ou une TS, qui elle-même représente 0,01 % le chiffre d'affaires. Effectivement, à partir de janvier 2007, est passé dans la loi de finances un texte qui dit que toutes ces exonérations, en général et pas seulement dans l'hôtellerie, étaient terminées.

Concernant le débat juridico-philosophique à ce propos, je me déclare totalement incompétent. Est-ce que des taxes peuvent s'appliquer sur des taxes, il s'agit de problème assurément juridique et de philosophie fiscale.

Questions d'internautes

Les ressortissants marocains à l'étranger opérant dans le secteur du tourisme se posent la question de savoir s'ils ne peuvent pas être sollicité en lieu et place des étrangers pour occuper certains postes au Maroc et à qui peuvent-ils s'adresser pour un éventuel recrutement ?

Difficile de répondre. Certes, nous avons un grand besoin de compétences et de lauréats bien formés. Nous avons créé environ 100.000 emplois dans le tourisme entre 2002 et 2007, dont 20 000 dans l'hôtellerie. Le rythme de création d'emplois reste bon.

J'encourage, par conséquent, votre internaute et ceux qui vous ont écrit à rentrer et à faire profiter le secteur de leur expérience. Nous sommes en phase de passer d'unités hôtelières individuelles à de grandes chaînes structurées. La gestion des ressources humaines se modernise. La situation s'améliore par le changement de la typologie des acteurs. Pour l'adresse, nous pouvons servir de boîtes aux lettres si besoin. Nos listes comprennent toutes les chaînes hôtelières.

Est-ce qu'un texte législatif pour la protection de l'environnement est envisageable ?

Le client est bien conscient de cette donne. D'ailleurs, il consomme le produit touristique en prenant en compte cette donne. Les études d'impact sont, en plus, systématiques.
Enfin, le gouvernement a voté un texte de loi qui rend obligatoire les études d'impact dans l'environnement.

Un thème récurrent, l'absence de structures sanitaires et d'hygiène ?
Une bonne question, mais bien au delà du pouvoir du ministère du Tourisme.

Mais en tout état de cause, le développement des communes et la révision générale des cadres de vie des villes permettent une mise à niveau urbaine. Les services de proximité sont, assurément, à prévoir, mais cela vient avec le développement.
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