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Accueil next Salon international de l'agriculture de Meknès

Les maux du secteur de l'agroalimentaire au Maroc

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L'industrie alimentaire nationale reste, dans son ensemble, un système productif fragile et structurellement faible. Si au niveau de plusieurs branches, quelques entreprises -généralement les entreprises de création ancienne ou relevant du grand capital- réalisent de bons résultats, les performances du secteur demeurent globalement modestes.

Les faibles taux d'investissement et le retard technologique, le sous-développement du capital humain et la prédominance du travail précaire, la faiblesse de l'innovation et de la qualité ainsi que les carences de l'organisation et de la gestion des entreprises caractérisent l'évolution de cette industrie.

Les faibles taux de croissance de la productivité et des taux de valeur ajoutée sur une longue période traduisent une croissance de type extensif et témoignent des difficultés auxquelles sont confrontées les industries agricoles pour réaliser une mutation devant induire des changements importants au niveau de la fonction de production et un approfondissement de l'industrialisation du secteur avec leurs effets sur l'industrialisation de l'agriculture.

Si le tissu productif est constitué fondamentalement de PME, le secteur connaît un développement rapide du phénomène de concentration qui prend deux formes : l'élargissement du poids des grandes entreprises dans la production globale de l'industrie en question d'une part et la formation et l'extension des « groupes alimentaires », d'autre part. Plusieurs marchés de produits des ces industries sont oligopolistiques ou quasi-monopolistiques. Dans la plupart des cas, les oligopoles sont asymétriques où l'entreprise leader contrôle le marché dans une large mesure. Dans ces conditions, l'espace du jeu concurrentiel est très limité.

Pour son fonctionnement, cette industrie repose fondamentalement sur l'importation de ses biens d'équipement mais aussi, dans le cas de plusieurs branches, de biens intermédiaires divers et des matières premières, ce qui est à l'origine de l'accentuation de la dépendance vis-à-vis de l'extérieur, de l'exportation d'importantes possibilités de création d'emplois au niveau de l'économie nationale et d'un coût en devises de plus en plus lourd.

Parallèlement à ce phénomène, une grande partie des produits exportés sont des biens de faible valeur ajoutée. L'industrie alimentaire nationale remplit, dans le cadre de son insertion dans l'économie mondiale (division internationale de travail) une fonction bien précise : celle de produire des biens n'ayant subi qu'une simple transformation et mis à la disposition de firmes et capitaux internationaux qui en tirent le maximum de valeur ajoutée et de profit, des biens pour lesquels la concurrence joue essentiellement par les prix.

L'évolution indique donc que les industries agroalimentaires marocaines sont de plus en plus embarquées dans une tendance à l'enclavement et non dans un processus de domestication ascendante de la valeur ajoutée.
Depuis plusieurs années, elles se sont inscrites dans une tendance à la perte de compétitivité non seulement sur les marchés extérieurs mais aussi au niveau du marché domestique.

Certes, les pratiques protectionnistes de l'Union européenne qui constitue le principal débouché de nos produits ont contribué à cette situation, mais nous devons relever que la faiblesse de la qualité de nos produits, le niveau relativement élevé de nos coûts de production ainsi que l'incapacité de nos industriels à innover en matière de diversification des produits et des marchés ont été déterminants en matière de recul de la compétitivité externe des entreprises nationales.

Mais il reste à souligner que le caractère très contraignant de l'environnement dans lequel évoluent ces industries explique à son tour, et dans une large proportion, leur faible performance : difficultés d'approvisionnement des usines en matière premières agricoles, faiblesse de la demande solvable, problèmes du financement et particulièrement pour les petites et moyennes entreprises, coût élevé du transport, de l'emballage et de l'énergie, faiblesse de la recherche dans toute la sphère agroalimentaire (au niveau de l'agriculture et de l'industrie de transformation), etc.

En somme, le processus d'accumulation propre aux industries souffre de défaillances et se trouve confronté à d'importantes contraintes au niveau de ses trois phases: la phase de mobilisation du capital, la phase de mise en valeur du capital et enfin la phase de réalisation.
* Docteur es sciences économiques
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