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La fête du mouton entre le rituel et le religieux

Il y a trois jours, le peuple marocain a fêté «l'Aïd El-Kébir ». Mais à voir de près la manière dont la majorité de nos compatriotes l'ont fait, on peut se demander si cette célébration répond effectivement aux percepts de l'Islam et si elle est toujours dictée par des impératifs religieux.

La fête du mouton entre le rituel et le religieux
La réponse est, certes, affirmative mais ‘'souffre, tout de même, quelques dérogations''.
Prédominées par les aspects culturel et social, certaines pratiques relèvent plus du rituel que du cultuel. «A mon avis, les gens ne font plus le sacrifice pour des raisons purement religieuses, c'est-à-dire avec le respect des recommandations de la parole divine et de celle de son Prophète. J'ai l'impression que cette célébration est plus dictée par des considérations rituelles et traditionnelles. De ce fait, la finalité religieuse n'est que très peu perceptible», affirme Mohamed Badaoui, ingénieur en retraite.

En fait, notre homme fait référence à certaines pratiques, en rupture avec les conseils divins, qui fleurissent depuis quelque temps et qui ôtent le caractère religieux à cette fête. «Des gens qui se livrent à une concurrence «idiote» concernant la taille du mouton, n'ont pas, à coup sûr, le souci du sacrifice, dans le sens spirituel du terme. On achète un gros mouton que celui du voisin pour se gaver de viande. En plus, il n'a jamais été dit qu'un musulman doit souffrir le martyre pour pouvoir effectuer un rite. Ceux qui vendent leurs biens ou contractent des crédits qui dépassent leurs capacités financières sont dans le tort», ajoute-t-il.

Avec son statut de «sunnah», le sacrifice n'est pas obligatoire (voir hors texte). Mais par les temps qui courent, rares sont les personnes qui conçoivent une fête sans mouton. La capacité économique ne détermine pas toujours ce choix. «Le sacrifice du mouton est devenu une obligation par le fait social. Le passage du facultatif à l'obligatoire est plutôt d'ordre social et non religieux. En plus, au-delà du sacrifice, les pratiques qui l'entourent relèvent du culturel, depuis l'égorgement du mouton jusqu'à sa consommation. Il n'y a qu'à voir les diverses habitudes qui existent dans différentes régions pour s'en rendre compte», affirme Mohamed El Ayadi, sociologue et historien.

En réalité, la vraie finalité du sacrifice est de se rapprocher de Dieu. Il s'agit d'un rite qui s'effectue selon des règles à respecter. Deux dimensions président à cette célébration: la première est historique et consiste à commémorer le sacrifice d'Abraham de son fils Ismaël et à perpétuer cette tradition. La seconde dimension est sociale. La sagesse musulmane veut que le jour de la fête, les riches offrent de la nourriture aux plus pauvres. La notion de partage est très importante à cet égard. Néanmoins, en regardant de près la manière dont nos compatriotes gèrent la viande de l'aïd, on se rend compte que, la plupart d'entre eux consomment le mouton en entier et n'en offrent que ce qui est présenté aux invités. Cela même alors que les recommandations du prophète sont autres.

Lui-même mangeait une partie de la viande et en distribuait une autre aux pauvres. Sans que ce partage soit obligatoire, il a le statut de «sunnah», puisque le Prophète le pratiquait.
Dans un premier temps, le saint Messager avait interdit à ses compagnons de faire des réserves de viande et leur avait dicté d'en donner une part aux nécessiteux qui se rendaient exprès à Médine pendant l'aïd pour recevoir cette obole.
Puis, il leur permit d'en manger et d'en mettre de côté pour leurs enfants.
De nombreux ‘'hadiths'', dont l'authenticité est unanimement reconnue, confirment cela. Toutefois, le Prophète a maintenu l'interdiction du commerce de la viande de l'Aïd. Il n'est pas permis de vendre la bête sacrifiée, ni même sa peau.
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Obligatoire ou recommandé?

On peut s'interroger sur le statut juridique de ce rituel : est-il obligatoire ou recommandé ?
La majorité des savants est d'avis qu'il s'agit d'une "sunnah" non obligatoire. Dans son commentaire de Sahih Muslim, An-Nawawi dit: "Les savants divergèrent sur le caractère obligatoire du sacrifice pour le riche. La majorité dit qu'il s'agit d'une “sunnah'' pour lui, s'il s'en abstient sans raison, il ne commet point de péché et il n'est pas tenu de le rattraper…". Tandis que Rabiâh, Al-Awzaï, Abu Hanifah et Al-Layth disent que c'est une obligation pour le riche, opinion partagée par certains malékites. An-Nakhaï dit : “(Le sacrifice) est obligatoire pour le riche sauf celui qui est en pèlerinage à Mina”. Ceux qui le tiennent pour une obligation s'appuient sur le verset:

"Accomplis donc la prière pour ton Seigneur et sacrifie" [20] affirmant que l'impératif signifie l'obligation.
On répondit à ceux-là que le verset ne concerne pas le sacrifice rituel (Al-ud-Hiyah) et qu'il englobe tout culte qui ne doit être voué qu'à Dieu exclusivement.
Parmi les preuves avancées par ceux qui le tiennent pour une ‘'sunnah'', il y a le ‘'hadith'' selon lequel le Prophète sacrifia un bouc en disant: “Ô Allah, ceci est de la part de ma communauté tout entière, de la part de toute personne (de ma communauté) ayant témoigné de Ton Unicité et témoigné que J'ai transmis (le Message).” Puis, on lui apportait le second bouc qu'il immolait lui-même en disant: “Ceci est de la part de Mohammad et de la Famille de Mohammad".
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