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L'Algérie se met hors-jeu

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L'Algérie s'est mise hors-jeu en choisissant de s'exclure de manière unilatérale de la Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement, prévue les 10 et 11 juillet à Rabat, avec la participation de 60 pays africains et européens et une dizaine d'organisations régionales et internationales.

En adoptant une telle attitude, Alger affiche une indifférence voire un mépris grave à l'égard d'un problème d'actualité majeur pour le continent africain, plus particulièrement sa sphère géographique nord-ouest, y compris l'Algérie, qui est un pays de transit par excellence de plusieurs milliers de migrants subsahariens clandestins.

Alger, rappelle-t-on, lors du premier assaut contre les frontières du préside de Melilla, avait laissé partir, voire même encouragé, le départ vers le nord du Maroc de plus de 3.000 ressortissants subsahariens, qui étaient alors parqués dans les berges d'un oued de Maghnia, depuis plusieurs années, dans des conditions inhumaines, de l'avis même de la presse locale. Du coup, le Maroc s'est retrouvé en face d'un important flux de migrants, en provenance de ce pays voisin qui s'étaient massés dans la région de Nador, pour tenter de prendre d'assaut la frontière et de rallier la ville occupée de Melilla.

Après l'évacuation des berges de l'oued de Maghnia, Alger s'est alors mis à crier au scandale, en engageant une campagne contre le Maroc, accusé de maltraiter nos frères subsahariens.

Faut-il le rappeler, Alger avait, dès que l'Espagne, le Maroc et la France avaient annoncé leur intention de convoquer une Conférence euro-africaine sur la migration et le développement, pris position contre ce projet. Il fallait en quelque sorte, dans l'esprit des autorités algériennes, demander l'avis d'Alger, "passage obligé", comme dirait la presse algérienne, dans toute décision concernant cette conférence comme dans toutes les affaires du monde.

Ce n'est que plus tard qu'Alger finira par donner corps à son veto, en décidant de convoquer une conférence-Bis, qui devrait se tenir avant la fin de cette année, à Tripoli (Libye), pourvu que les pays européens s'engagent à participer à deux conférences successives sur le même thème. Une conférence-Bis, qui devrait se tenir sous l'égide de l'Union africaine, cadre sans lequel aucune conférence sur l'immigration ne serait concevable, aux yeux d'Alger. Un cadre, comme on peut le deviner aisément, exclut le Maroc.

Alger s'était du coup exclu de lui-même de ce processus euro-africain, qui concernait toute l'Afrique, et au premier chef, le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie ainsi que la Libye et la Tunisie. L'argumentaire de l'Algérie reste pour le moins incompréhensible pour tant de pays, qui avaient tenté de convaincre Alger d'infléchir sa position. Les raisons, comme l'avait indiqué le Maroc, dépassent le cadre technique qui devrait être celui de la conférence de Rabat. Alger doit maintenant assumer la responsabilité de ses vaines tentatives de saborder cette conférence.

Malgré tout, il va falloir lui souhaiter plein succès dans sa conférence-Bis. La solidarité sud-sud, tant brandie par Alger, est maintenant connue et ses contours sont clairs : il s'agit d'exclure le Maroc de tout forum africain et de tenter d'imposer à des forums européens ceux qui avaient prétendu avoir repêché, seuls et sans l'assistance d'Alger, des subsahariens, quelque part, du côté de Bechar et de Tindouf... Dans un parfait mélange de genres, les autorités algériennes tiennent en otage le devenir de l'Afrique pour des considérations politiques, alors qu'il s'agit d'un problème purement humanitaire qui tracasse aussi bien les Africains que les Européens. Il existe d'autres forums dédiés à la surenchère politique.

Le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, n'est pas allé par quatre chemins pour dire les quatre vérités sur la situation dans laquelle s'est empêtrée l'Algérie. "Pour diverses raisons que nous pouvons imaginer, elles ont décliné cette offre et ce sont elles qui doivent répondre" de leur refus de participer à la conférence euro-africaine, a déclaré récemment M. Moratinos.

La balle est donc dans le camp de l'Algérie qui a pris l'habitude d'occulter les véritables motivations de ses décisions et positions. Mais, pour ceux qui connaissant l'idéologie algérienne, la réponse est tout aussi simple : les vieux démons de l'hégémonie régionale et des velléités à l'égard du Maroc habitent toujours les hommes forts du pouvoir à Alger. D'autant plus qu'il s'agit d'une man uvre délibérée visant à exclure le Royaume d'un tel débat, dans la mesure où le Maroc ne siège plus dans l'organisation continentale.

Le Maroc regrette, désintérêt espagnol.
En appelant à la tenue de cette Conférence, le Maroc entend enclencher, en compagnie de ses partenaires africains et européens, une dynamique de partenariat entre les pays émetteurs, de transit et d'accueil des émigrés à travers des projets de développement. Une sorte d'effort collectif où les responsabilités seront partagées et bien déterminées.

Tout en regrettant la non-participation de l'Algérie, le gouvernement marocain a considéré que cette position revêt un caractère politique et n'a par conséquent aucun rapport avec le sujet de la conférence, insistant sur le fait que le phénomène de la migration, qui doit rester "loin de tout calcul politique", requiert l'implication de tous dans la recherche de formules pour le traitement de cette question qui concerne des millions d'Africains.

Dans le continent africain, les pays concernés directement par le phénomène de la migration ont confirmé leur participation à cette conférence euro-africaine, dont l'idée a été lancée, en octobre 2005, à l'occasion de la visite à Rabat du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. Depuis cette date, l'idée a été mûrie jouissant de l'appui de pays influents dans le vieux continent.

A ce titre, l'attitude de l'Algérie n'a suscité aucun émoi chez les partenaires européens qui ont tenté de persuader ce pays d'y participer. En témoigne les propos du chef de la diplomatie espagnole qui a jugé "sans grande importance" la présence ou non d'un pays qui a cherché à briller par son boycottage d'une rencontre cruciale pour l'avenir de la coopération entre les deux mondes.

L'absence de l'Algérie "ne va pas changer les flux migratoires, les embarcations ou les potentialités de coopération" entre l'Europe et l'Afrique, a relevé M. Moratinos, précisant que "si finalement l'Algérie ne participe pas cela n'a pas une grande importance". La messe est dite.

Pour les peuples africains et européens, l'essentiel est que leurs décideurs parviennent à se mettre d'accord sur des mécanismes plus efficaces pour la régulation d'un problème devenu ardu pour tous en raison de ses implications humaines, sociales et économiques. Qu'un pays choisisse de faire cavalier seul, cela ne va pas empêcher la roue de tourner.
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