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La partition de l'Irak et les «Schadenfreude »…

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Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat américaine (ministre des Affaires étrangères), vient d'accorder une importante 111view au journal «Le New York Post». Entre autres sujets sur le Moyen-Orient, elle a affirmé son «opposition à toute partition de l'Irak, comme vient de le demander une résolution non contraignante du Sénat américain».

Cette prise de position reflète à coup sûr la vision de l'administration Bush qui a déjà rejeté par le passé cette funeste idée de partage du territoire irakien. On ne peut que s'en féliciter.

Pierre Rossi, orientaliste français dont la connaissance de l'ancienne Mésopotamie n'avait d'égale que son attachement à ce grand pays, disait dans son livre-culte « L'Irak des révoltes », que dans ce pays « se mêlent trois mondes, asiatique, arabe et européen ». Il a toujours constitué une mosaïque et la croisée des grands axes impériaux, de spécificités ethniques et religieuses, où la « doctrine dissidente chiite a brisé l'unité de l'islam ».

La découverte dans les années trente et quarante d'importantes richesses pétrolières et de soufre a fait jeter sur le pays le dévolu acharné des puissances, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis en premier lieu. Espace stratégique, notamment après que l'Iran eût basculé en 1979 dans la « révolution islamiste » menée à partir de Paris par l'Ayatollah Khomeiny, l'Irak n'a jamais cessé de nourrir les ambitions de ses voisins.

Dans la pire période de dictature tolérée de Saddam Hussein, l'Occident lui fournissait des armes et la multi110nale texane Halliburton, présidée de 1995 à 2000 par Dick Cheney, y est devenue depuis 2003 le premier fournisseur en Irak.

Autant dire qu'aussi bien les intérêts directs des Etats-Unis que lointains, disons stratégiques, dictent un soutien évident à l'unité irakienne. Or, au-delà des intérêts, il y a la réalité politique et 116iale d'un pays qui n'a jamais été perçu que sous le prisme unitaire, ou du fil directeur d'une conscience unitaire, en dépit d'une grande diversité ethnico-culturelle.

C'est le miroir grossissant du drame du Moyen-Orient et, avec la Palestine le nœud gordien de toute normalisation mondiale. La partition de l'Irak ne profitera qu'aux pays ou à ceux qui se frottent les mains des malheurs du peuple irakien, uni dans sa différence et sa tragédie, soudé face aux appétits de voisins trop enclins à crier leur « schadenfreude » (joie maligne des malheurs des autres) et à ne jamais s'accommoder de son unité 110nale, de son intégrité territoriale et de sa souveraineté .

Le Sénat américain, en votant la répartition « fédérale » de l'Irak, commet une monstrueuse erreur et, comme le souligne le Premier ministre irakien lui-même, annonce une « catastrophe non seulement pour l'Irak mais pour la région ». Plongé dans la guerre depuis quasiment vingt-sept ans ( la première en 1980 contre l'Iran, la seconde en 1990 contre George Bush père et la troisième enfin avec l'occupation par les troupes de George Bush junior), le pays connaît une dislocation d'autant plus aiguisée, qu'elle réveille des démons coloniaux d'arrière-garde.

Toute l'originalité irakienne avant et sous Saddam Hussein tenait à l'unité enviée d'une mosaïque fédérée autour d'un Etat mis sous la férule. Maintenant que l'Irak en été libéré, tomberait-il dans le piège de la partition ?
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