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Accueil next Spécial Marche verte

L'épouse qui nous aimait…

Chronique d'une femme «mariée» à deux hommes, avec le consentement de l'un des époux

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L'histoire d'une jeune femme, que l'on appellera Souad, a tout simplement défrayé la chronique. Dans ce petit quartier paisible où elle vivait, rien ne semblait la prédestiner à pareille «célébrité». Le voisinage, ainsi que les proches et connaissances de la jeune femme n'en revenaient pas. Il faut reconnaître que les histoires du genre ne courent pas les rues.

Le moins que l'on puisse dire est que, sur un plan bien déterminé, la jeune femme a relevé le défi de la parité avec son alter ego masculin. Les polygames, quoique que le concept soit en voie de disparition, sont ainsi perçus de manière ordinaire, mais une femme mariée à deux hommes, ça a de quoi animer bien des discussions, et pour longtemps.
C'est le cas de Souad, qui s'est retrouvée avec deux hommes sur le dos. Il faut dire qu'elle n'a pas eu à en être le moins du monde surprise, vu qu c'est elle qui a orchestré cette histoire tirée par les cheveux.

Après un premier mariage, le seul légalement valable d'ailleurs, Souad entra de plain pied dans ce qui est communément appelé «vie conjugale». Sauf que la sienne n'avait rien d'ordinaire.

En effet, son époux, que l'on nommera Saâd, est un MRE (Marocain résident à l'étranger). Et qui dit MRE, dans le cas de Souad, dit homme absent toute l'année, se consacrant entièrement à son travail, le reste étant facultatif. Car, en fait, le rêve de cette jeune femme issue d'un milieu modeste, celui de partir vivre à l'étranger avec son époux, ne se concrétisera jamais. Et pour des raisons que personnes ne connaît d'ailleurs, sauf son mari.

A chaque fois qu'elle évoquait le sujet, il lui sortait des arguments faisant dans les généralités, genre qu'elle aura du mal à s'intégrer dans son pays d'accueil, qu'elle aura à faire face au racisme, à l'exclusion et, pire encore, qu'elle passerait ses journées toute seule et qu'elle s'ennuierait à mourir. Sur ce point, avait-elle une alternative plus confortable ? Pas vraiment. Puisque la seule vie à laquelle elle avait droit était celle en compagnie de sa belle famille.

En fait, Souad était restée chez les parents de Saâd depuis son mariage. Sans emploi, elle passait ses heures à la maison, donnant un coup de main dans les tâches ménagères, ou faisant des courses chez l'épicier du coin.

Sa vie se limitait à ça, sans parler des prises de bec, tout à fait naturelles, avec sa belle-mère ou un autre membre de sa belle-famille.

De temps à autre, elle rendait visite à ses propres parents, sans vraiment vivre avec eux, puisque la coutume veut qu'elle vive avec la famille de son mari.

Saâd, quant à lui, menait sa vie ailleurs, et autrement. Il passait quasiment toute l'année à l'étranger, et ce n'est qu'en été qu'il rentrait au pays, pour passer un mois avec sa femme, sa famille et ses amis. Sur cette courte durée, combien de temps pouvait bien sa femme profiter de lui ?
Il était question, somme toute, de quelques moments furtifs de bonheur à partager avec la jeune femme. Et puis c'était la séparation pour onze mois. Onze long mois durant lesquels elle retrouvait ses anciennes habitudes, entre les tâches ménagères, les courses chez l'épicier du coin et les courtes visites familiales.

C'est durant ce vide quasi-total, sombrant dans une déprime à un stade avancée, que Souad fera la rencontre d'un jeune homme, que l'on nommera Saïd.

Une rencontre qui allait lui redonner goût à la vie, vu qu'elle s'est éprise de cet inconnu avec lequel elle a franchi un pas dans l'interdit. Ses sorties sont devenues plus fréquentes, les rendez-vous également, tout comme les moments de bonheur qui lui faisaient défaut.

Ne supportant plus cette double vie, l'une faite de corvées quotidiennes et l'autre d'enchantement et d'éclats de rires, Aziza réfléchissait à une solution qui la sortirait de là. Au lieu de recourir par voie normale, celle d'une demande de divorce en bonne et due forme, les deux amants optèrent pour la facilité, histoire de faire vite. Des nuits entières de conspirations plus tard, elle finit par trouver la solution.

Aussitôt, les deux complices passèrent à l'action. A l'aide de faux documents, Saïd allait se faire passer pour Saâd, le vrai mari, et en compagnie de Souad, ils ont entamé la procédure de divorce par concentement mutuel (khol'). Juste après, la jeune femme a ramassé ses affaires et n'est plus rentrée au foyer de ses beaux-parents. Elle n'est pas rentrée chez ses propres parents non plus. Elle s'est plutôt installée avec Saïd.

Le temps que passe la période légale suite à un divorce (l'idda), elle avait entamé la préparation des documents nécessaires pour convoler en justes noces avec son amant.
Saâd ne sentira rien venir, vu que ses parents ne lui ont pas touché un mot sur la disparition de sa femme.

D'autant que ses coups de fil pour sa famille se faisaient au compte-goutte. Durant toute cette période, les rares fois où il téléphonait à sa femme, celle-ci lui répondait qu'elle était dehors, chez une amie ou chez ses parents.
Du coup, il a fallu que l'été arrive, qu'il soit de retour au pays, chez sa famille, pour qu'il découvre le pot aux roses.
Saâd prit un sacré coup en apprenant que sa femme s'était volatilisée. Même les parents de Souad ne savaient pas ce qu'il était advenu d'elle.

Le mystère demeura entier jusqu'à ce qu'il retrouve ses traces. Il en saura un peu plus en localisant la maison où elle vit avec Saïd. Il porta plainte après s'être rendu à la maison en question et constaté de visu qu'effectivement, l'homme avec lequel elle vit se présentait comme étant son mari. Les deux tourtereaux ont été écroués et, comme dégâts collatéraux, deux histoires d'amour ont pris fin soudainement, à travers l'intervention de la police.

REPÈRES
Article 114 du code de la famille

> Divorce par consentement mutuel ou moyennant compensation (khol') Les deux époux peuvent se mettre d'accord sur le principe de mettre fin à leur union conjugale, soit sans conditions, soit avec conditions, sous réserve que celles-ci ne soient pas incompatibles avec les dispositions du présent Code et ne portent pas préjudice aux intérêts des enfants.

En cas d'accord, la demande de divorce est présentée au tribunal par les deux conjoints ou l'un d'eux, assortie d'un document établissant ledit accord aux fins d'obtenir l'autorisation de l'instrumenter.
Le tribunal tente de concilier les deux époux autant que possible et si la conciliation s'avère impossible, il autorise que soit pris acte du divorce et qu'il soit instrumenté.
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