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«l'islamisme n'explique pas le terrorisme»

Pour évaluer l'impact du terrorisme sur les pays comme le Maroc, le Collectif Démocratie et Modernité a organisé, mardi à Casablanca, une rencontre-débat sur le thème "Face au terrorisme, à l'ère de la globalisation". La conférence a été animée par Franço

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La discussion a été axée autour de trois points. Le premier concerne le bilan de la politique de lutte contre le terrorisme par une approche principalement sécuritaire. Quel bilan réel peut-on faire de l'approche sécuritaire ? Quelles sont les limites ? Le deuxième point concerne le problème des droits de l'Homme et le respect des conventions internationales, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

La question est posée depuis Guantanamo. Elle a été posée à l'occasion des sévices sous contrôle américain dans la prison d'Abou Gharib à Bagdad. Elle est de nouveau relancée depuis quelques semaines à propos des transferts de prisonniers vers des centres de détention illégaux en Europe et en Afrique. Les représentants officiels des USA expliquent que pour lutter contre le terrorisme, il faut pouvoir recourir à tous les moyens ! Peut-on lutter contre le terrorisme dans le cadre des lois et le respect du droit ?

Le troisième point concerne l'explication du terrorisme en partie par la misère socio-économique. Les deux dernières grandes réunions internationales à Bruxelles et à Hong Kong ont démontré que les nations développées n'entendaient pas faire de concessions sur les avantages acquis et en particulier les subventions à l'agriculture aux USA et en Europe. Ce déséquilibre des rapports de force et cette sensation d'impuissance devant un marché à deux poids et deux mesures poussent les plus modérés à manifester contre l'OMC, et les plus extrémistes au recours à la terreur. Comment faire comprendre aux plus riches qu'une redistribution des richesses est indispensable à l'équilibre du "Village planétaire" ?

A toutes ces questions, les conférenciers ont tenté d'apporter des éléments de réponses en évoquant l'approche sécuritaire dressée par les gouvernements et son impact sur le respect des droits de l'Homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, nous a précisé Jawad Kerdoudi, président de l'Institut marocain des relations internationales (IMRI) et membre du comité de pilotage du Collectif Démocratie et Modernité.

François Burgat est sans conteste un des meilleurs spécialistes du monde arabo-musulman. A la question de savoir les motivations qui l'ont poussé à participer à un tel débat, il nous a tout simplement répondu : "On m'a demandé d'évoquer mon expérience dans une région du monde, en tant que citoyen français ayant vécu plus de 18 ans dans le monde arabe. Chose que je sais très bien faire".

Il enchaîne en précisant que "si le terrorisme doit être notre nouvel ennemi, il convient donc d'en démonter avec soin et prudence les mécanismes : il en va de la qualité de notre légitime défense". Le spécialiste de l'Islam, qui a publié de nombreux ouvrages sur le proche et le Moyen-Orient, a souligné que "ce n'est pas l'islamisme qui est à l'origine des turbulences de ce monde mais bien des phénomènes de domination (Nord-Sud), des conflits d'intérêts parfaitement identifiables et largement profanes entre Israël (soutenu trop inconditionnellement par son allié américain) et ses voisins d'une part, entre des régimes arabes souvent autoritaires (que l'Occident soutient trop souvent) et leurs opposants d'autre part".

Pour sa part, Driss El Yazami a démontré la face cachée de la lutte anti-terroriste en constatant avec amertume qu'"aujourd'hui, il y a une extension au niveau international des mouvements terroristes. Je pense qu'il est du droit et du devoir des Etats et des parlements de lutter contre les mouvements terroristes.

Cependant, nous constatons malheureusement que le combat contre ces mouvements occasionnent des violations des droits fondamentaux de nombreuses dispositions des droits de l'Homme et du droit international humanitaire". En effet, plusieurs centaines d'étrangers sont toujours emprisonnés aux Etats-Unis, pour la plupart dans l'isolement le plus total, et ne connaissant toujours pas le sort qui leur sera réservé. Leur crime, à ce que l'on en sait, pour la quasi-totalité, est d'être des immigrants illégaux ou d'éventuels témoins.

Aux Etats-Unis comme en Grande Bretagne les lois anti-terroristes adoptées ou renforcées depuis le 11 septembre permettent de détenir pour une période indéterminée un étranger sur la simple suspicion de sa participation à des activités qualifiées comme terroristes, ou de liens avec des organisations terroristes. De telles dispositions violent les articles 9 et 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, reconnus comme non dérogeables par le Comité des droits de l'Homme.
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