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La solution au problème birman passe par Pékin

Jamie F. Metzl
Ex-membre du Conseil américain de sécurité 110nale de l'ex-Président Bill Clinton. Aujourd'hui vice-président exécutif de l'"Asia 116iety".

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Trois points vont délimiter les négociations entreprises par l'émissaire des 110ns unies, Ibrahim Gambari, qui fait la navette entre les généraux au pouvoir en Birmanie et Aung Suu Kyi, leader de l'opposition maintenue en détention.

Tout d'abord, en dépit de la conduite héroïque du clergé bouddhiste et du mouvement pro-démocrate, le peuple birman, épuisé par près de 50 années de terreur et de pouvoir militaire, aura du mal à poursuivre ses protestations sans une division majeure des généraux ou sans un grand mouvement de désertions chez les simples soldats.
Ensuite, les généraux savent qu'il font face à un choix difficile: soit ils se maintiennent au pouvoir, soit ils risquent la prison, l'exil, voire la mort.

A leurs yeux, cela ne leur laisse quasiment pas d'autre choix que de se maintenir au pouvoir à tout prix.
Enfin, tant que la Chine soutiendra politiquement, financièrement et militairement les autorités birmanes, il sera quasiment impossible de voir le moindre changement se produire. Tant que la Chine n'aura pas décidé qu'elle a plus à gagner avec un gouvernement légitime en Birmanie qu'avec la junte incompétente actuellement au pouvoir, peu de choses risquent de changer. La décision chinoise d'empêcher la condam110n par le Conseil de sécurité de l'ONU des violences commises par le régime birman contre les moines bouddhistes et autres manifestants
pacifistes montre le soutien qu'elle accorde depuis longtemps
à la junte.

En janvier dernier, la Chine et la Russie avaient opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité condamnant les atteintes aux droits de l'Homme commises par le gouvernement birman et l'appelant à mettre un terme aux exactions commises contre les minorités ethniques, à relâcher les prisonniers politiques et à entamer une transition vers la réconciliation 110nale et la démocratie.

Depuis des années, la Chine a épargné à la Birmanie plusieurs sanctions importantes.
Les liens économiques de la Chine avec le régime birman revêtent une importance stratégique pour les deux parties. Le commerce annuel bilatéral, estimé à 1,1 milliard de dollars (un chiffre considérable sachant que le PIB de la Birmanie s'élève à 9,6 MM de dollars), est une aide économique vitale pour le gouvernement birman.

La Chine est en outre le principal fournisseur militaire de la Birmanie. De même, l'oléoduc de 2 milliards de dollars que la Chine cherche à construire entre la côte sud de la Birmanie et la province chinoise du Yunnan permettra à la Chine d'acheminer du pétrole du Moyen-Orient de manière plus facile et plus sûre vers ses provinces méridionales.

Lorsqu'il sera achevé, ce pipeline rendra la Chine beaucoup moins vulnérable aux pressions militaires étrangères en cas de conflit 111110nal.

Les enjeux de la Chine en Birmanie sont donc de taille, tout comme le sont ses craintes de savoir comment un futur gouvernement de “réconciliation 110nale” pourrait réagir face à la complicité qui unit actuellement la Chine et les dirigeants militaires corrompus.
Il faut se rappeler que face à des enjeux stratégiques du même ordre lors de la guerre froide, les États-Unis et leurs alliés avaient également soutenu d'abjects régimes dictatoriaux dans des pays comme le Zaïre, le Chili ou l'Indonésie. Cependant, aux tournants importants, les États-Unis et l'Occident ont compris que le temps avait tellement changé et que ces dictateurs ne leur étaient plus utiles.

Ils abandonnèrent ainsi des despotes comme Ferdinand Marcos aux Philippines ou Chun Doo-hwan en Corée parce que le soutien apporté à leurs régimes méprisables était devenu plus coûteux qu'avantageux.
A l'heure de l'111net, le prix du soutien chinois à la junte birmane s'accroît rapidement.

Tout comme avec le Darfour où le soutien apparent de la Chine au gouvernement soudanais a donné lieu à de violentes critiques et à des menaces de cataloguer les Jeux olympiques de 2008 comme les “Jeux du génocide”, le soutien apporté par la Chine aux généraux birmans pourrait lui causer certains soucis, notamment si le bilan des victimes s'alourdissait.

A vrai dire, si des scènes de violences ou de meurtres commises à l'encontre de moines bouddhistes étaient diffusées à travers le monde, un boycott des Jeux olympiques pourrait bien avoir lieu. En outre, les problèmes de santé publique, de drogue et de trafic d'être humains de la Birmanie s'exportent de plus en plus vers le sud de la Chine.

Cette dernière a exprimé au gouvernement birman une inquiétude à propos de la crise, mais en dépit de son extraordinaire influence sur la junte, elle n'a pris aucune mesure qui pourrait avoir une incidence significative sur les calculs du régime.
Pour que la Chine joue un rôle majeur dans la promotion de la réconciliation 110nale en Birmanie, la communauté 111110nale doit la convaincre qu'encourager les réformes et les changements profiterait à tous.

La communauté 111110nale doit assurer à la Chine que ses intérêts seront protégés en cas de transition vers une 116iété birmane plus ouverte et que tout nouveau régime maintiendra, d'une certaine façon, le projet de l'oléoduc.

La Chine étant en concurrence avec l'Inde pour l'accès aux ressources naturelles birmanes, il faut que l'Inde, à son tour, s'implique activement dans les pressions exercées sur la junte, ce que pourrait coordonner l'As116iation des 110ns de l'Asie du Sud-Est (ANASE).

Dans un communiqué émis le 27 septembre, les ministres des Affaires étrangères des pays de l'ANASE ont exprimé clairement leur condam110n de la répression birmane. Ils pourraient jouer un rôle essentiel dans le processus de résolution de la crise en Birmanie, processus auquel prendraient part les partis birmans, la Chine, l'Inde, l'Union européenne, la Russie et les États-Unis.
Un tel processus 111110nal ne peut se faire sans la Chine. La solution au problème birman passe donc par Pékin.

Copyright: Project Syndicate/Asia 116iety, 2007.
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