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Les Algériens tournent le dos aux élections

Le taux d'abstention s'annonce élevé

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L'abstention aux législatives, qui s'annonce élevée, représente un enjeu que vont se disputer Al-Qaïda au Maghreb, le Front islamique du salut (FIS - dissous) et le Front des forces socialistes (FFS - opposition légale), qui ont appelé au boycottage du scrutin de ce jeudi.
Faute de sondage donnant une photographie de l'opinion à 24 heures de l'élection, les partis semblent résignés à un taux d'abstention élevé.

L'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND - Libéral), a indiqué à l'AFP qu'il y aurait "un seuil de participation honorable, pas une déferlante". Son successeur Abdelaziz Belkhadem (FLN - nationaliste), est resté circonspect: "si on veut approfondir la pratique démocratique, il faut élargir la participation", a-t-il dit.

Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a reconnu mardi que, contrairement à l'élection présidentielle, "les législatives n'attirent pas beaucoup de monde". Pour les journaux, la messe est dite.

"Les citoyens ont tourné le dos à la campagne électorale, qui n'a jamais été aussi insipide et morne", écrit la Tribune. Le Quotidien d'Oran souligne qu'"après chaque élection, le système sort vainqueur en confirmant au peuple que la politique ne sert à rien, que le multipartisme ne sert à rien, que les leaders ne servent à rien et que même le changement et les appels au changement ne servent à rien".

A Alger, les jeunes se disent plus préoccupés par leurs examens que par le scrutin. "On entend toujours les mêmes choses, mais rien ne change", souligne une jeune étudiante Pour des raisons différentes, Al-Qaïda, le FIS et le FFS ont appelé au boycottage des élections pour le renouvellement des 389 sièges de l'Assemblée nationale.

L'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le Combat (GSPC), rallié à la nébuleuse terroriste de Oussama Ben Laden, s'inscrit dans un projet qui rejette la démocratie. Il veut prendre le pouvoir par les armes et proclamer un "Etat islamique", conformément à la chariaa (loi islamique) "Si vous participez à ces élections, vous tremperez avec les apostats dans un grand péché", a averti le chef de ce groupe, Abou Moussaab Abdel Ouadoud, alias Abdelmalek Droukdal.

Il a qualifié le scrutin de "comédie qui ne diffère en rien des autres comédies que connaît l'Algérie" Les anciens dirigeants du FIS, Abassi Madani et son N-2 Ali Belhadj, restent attachés à leur demande de reprendre le processus électoral brutalement arrêté en janvier 1992 au second tour du scrutin, après le raz-de-marée de leurs candidats au premier tour.

Cette revendication a été rejetée par les autorités, qui leur ont aussi refusé le droit de reconstituer le FIS et interdit de se présenter à des élections sous quelque parapluie politique que ce soit. Elles considèrent qu'ils ont été déchus de leurs droits civiques.

Le FFS, qui a dénoncé la fraude et les manipulations à l'occasion de précédents scrutins, estime que ces élections ne sont pas représentatives de la volonté populaire. "80% de la population ont adopté une position d'honneur et de dignité de ne pas se rendre aux urnes", a déclaré son premier secrétaire Karim Tabbou.

"Chacun de ces trois mouvements sera tenté de s'attribuer le mérite d'un taux d'abstention élevé, sans y être pour quoi que ce soit", souligne l'ancien ministre Abdelaziz Rahabi. "Al Qaïda joue du velours", relève l'analyste Nabil Benali, en soulignant sa volonté de "se poser en acteur politique" et plus seulement en partisan de la violence.

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L'armée doit se retirer

Le retrait de l'armée de la scène politique est une condition préalable et fondamentale pour le changement en Algérie, souligne l'écrivain Hugh Roberts, appelant Washington à ne pas encourager l'armée algérienne à s'affirmer sur la scène politique. La violence qui a ravagé l'Algérie dans les années 90 a traduit et confirmé l'ascendant des militaires sur la vie politique algérienne et la faiblesse de toutes les formes de politique civile, aussi bien dans les sphères pro-gouvernementales que dans l'opposition, souligne M. Roberts dans une étude que vient de rendre publique la Carnegie Endowment for International Peace.
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