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Les frères ennemis somaliens discutent de la paix

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Les tribunaux islamiques et le gouvernement de transition somaliens, qui se disputent le contrôle du pays, doivent se réunir ce lundi à Khartoum pour une nouvelle phase de pourparlers cruciaux pour la stabilité de la Corne de l'Afrique.
Mais au vu des revendications de chaque camp et des préparatifs de combat sur le terrain, les chances de parvenir à une solution négociée semblent compromises malgré le vœu d'espoir en la réussite formé par le Premier ministre de transition Ali Mohamed Gedi. Ce troisième round de négociations, sous l'égide de la Ligue arabe, fait suite à la violation de deux accords intérimaires conclus en juin et septembre par les islamistes - qui contrôlent la majeure partie du sud et du centre du pays - et les institutions politiques somaliennes, en place depuis 2004 et qui ne parviennent pas à rétablir l'ordre.

La tension sur le terrain pourrait compromettre la tenue même des pourparlers de Khartoum: selon des témoins, des combattants loyaux au gouvernement de transition somalien et des miliciens islamistes se préparaient en effet au combat mercredi près de la ville de Baïdoa, siège des institutions de transition somaliennes.

Le Premier ministre du gouvernement de transition somalien Ali Mohamed Gedi a cependant affirmé samedi qu'il espérait que les pourparlers allaient déboucher sur des résultats positifs.

Selon M. Gedi le conseil des ministres a décidé d'envoyer une délégation avec à sa tête le président du Parlement de transition Sharif Hassan Sheikh Ahmed aux pourparlers de la capitale soudanaise. «Le gouvernement somalien espère que cette réunion débouchera sur de bons résultats (car) la Somalie se trouve dans une situation très grave» a déclaré M. Gedi au cours d'une conférence de presse à Baidoa, siège du gouvernement de transition.

Parlant de la situation dans son pays, M. Gedi a tenu à faire part de ses craintes. «Les tribunaux islamiques sont devenus un parti clanique. Ils se mêlent de la vie privée des gens et imposent des boycottages. Ils trompent la jeunesse avec des appels à un jihad fantomatique», a-t-il dénoncé. «Les chances de parvenir à un accord sincère de partage du pouvoir sont faibles», prévient Matt Bryden, un observateur de l'organisation indépendante International Crisis Group (ICG), mettant en avant «les profondes différences idéologiques et politiques» entre les deux parties dans ce pays en guerre civile depuis 1991.

«Aucun des deux camps ne participe de bonne foi à ces négociations», a-t-il affirmé à l'AFP, ajoutant que les relations historiquement difficiles entre la Somalie et son voisin éthiopien compliquaient la situation. Les islamistes ont menacé de boycotter les pourparlers si la communauté internationale n'obtenait pas le retrait des troupes éthiopiennes déployées, selon eux, pour soutenir le gouvernement de transition.

L'Ethiopie a démenti à plusieurs reprises avoir envoyé des troupes en Somalie mais a reconnu avoir dépêché sur place des observateurs militaires et averti qu'elle se défendrait contre les «jihadistes» des tribunaux islamiques, qui ont instauré la charia (loi islamique) dans les zones qu'ils contrôlent. Selon des observateurs, Addis Abeba aurait massé 6.000 hommes en Somalie et des sources diplomatiques affirment que le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi dispose de plans d'invasion du voisin somalien pour en chasser les tribunaux islamiques.

Dans le même temps, l'Erythrée a rejeté les accusations selon lesquelles elle avait envoyé 2.000 hommes en Somalie pour soutenir les milices des tribunaux islamiques. «Avec la situation actuelle dans la Corne de l'Afrique, nous risquons d'être plongés dans l'un des conflits les plus graves que nous puissions imaginer», a récemment averti le commissaire européen au Développement Louis Michel. L'Union africaine (UA) a également tiré la sonnette d'alarme, prévenant qu'un éventuel échec des pourparlers de Khartoum pourrait conduire à une «catastrophe».

«Si le dialogue est abandonné, je pense que nous allons droit à la catastrophe (...) Si nous n'y prenons pas garde, le processus démocratique (en Somalie) risque de trébucher et mourir», a déclaré le président de la commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré.
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