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Le graffiti s'affiche

Après des années de clandestinité, les graffiteurs sont aujourd'hui des artistes à part entière
Si le rap, le break dance, le djiing, connaissent actuellement une véritable ascension sur la scène urbaine marocaine, ce n'est toutefois pas le cas

Le graffiti s'affiche
Gravés ou peints sur des supports qui ne sont pas destinés au dessin, les inscriptions du graffiti sont toutes porteuses de messages sur les préoccupations des jeunes Marocains.

Par ailleurs, le graffiti est un art antique, puisqu'il était utilisé par les civilisations ancestrales comme moyen d'expression. Il est maintenant un des outils utilisés par les archéologues pour avoir des idées sur le mode de vie de ces civilisations, leurs rituels etc. Pendant les années 1960 et 1970, le graffiti urbain s'est développé avec les tensions politiques mondiales que le monde a connues pendant cette période. Ses débuts ont eu lieu aux Etats-Unis, où des groupes appelés "crew" ou "gags" ont commencé par dessiner sur les métros de New York.

En France, le graffiti a fait son entrée pour la première fois dans les rues de Paris. Progressivement, l'art du graffiti s'est vite propagé dans tous les pays d'Europe. Les graffiteurs ne peuvent pas toujours pratiquer leur passion en toute liberté sur les murs des rues, cela étant considéré comme une détérioration de l'espace public.
Toufefois, certains organismes, comme la RATP (régie autonome des transports parisiens) en France installent des supports afin que les jeunes puissent se consacrer librement à leur art.

Néanmoins, les jeunes graffiteurs marocains sont confrontés à bon nombre de problèmes. En effet, ces derniers sont obligés de pratiquer leur art clandestinement. «Je dessine toujours mes graffiti tard la nuit, pour éviter d'être arrêté par la police», affirme Rabie, un jeune graffiteur de Meknès. C'est le cas pour les autres tagueurs, qui trouvent à leur tour une difficulté à s'exprimer à travers cet art, vu que les supports sur lesquels ils dessinent relèvent de la propriété publique.

Les jeunes graffiteurs souffrent également de la rareté d'initiatives au profit de cet art, comme le tremplin Boulevard et le Music Awards, qui ont contribué à l'engouement de la musique urbaine au Maroc. Cela explique pourquoi les jeunes graffiteurs sont très rares. Ils sont dispersés entre les villes de Casablanca, Meknès et Marrakech. Côté achat de matériel, il y a à dire et à redire.

Une seule bombe spray coûte 30 DH, tandis que les fleurissants coûtent 40 DH, sans parler du matériel de peinture, qui est très cher.
Des dépenses qui restent toutefois lourdes pour les jeunes qui viennent de débuter leur carrière. «Une fois, j'ai eu à dépenser 1000 DH entre bombes spray et fleurissants, pour dessiner un seul graffiti ! » nous explique Rabie. Interrogé sur sa source de financement, Rabie répond «Je fais d'autres activités proches du graffiti, comme le tatouage, le dessin sur les automobiles, des inscriptions calligraphiques pour les associations, pour gagner de l'argent».

Les jeunes tagueurs cherchent également d'autres moyens pour gagner de l'argent à travers leur passion. Ils signent les fonds de scène des festivals ou travaillent avec des agences de publicité ou des studios de création. Enfin, malgré les problèmes que connaît le graffiti, les jeunes tagueurs restent toutefois fidèles à cet art.
Ils ne cèdent jamais et finissent toujours par laisser leurs signatures sur les murs et les ruelles de leurs villes.

•Journaliste stagiaire
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Le graffiti au festival de Casa

Les deux éditions du festival de Casablanca ne sont pas seulement une rencontre entre les artistes du mouvement du hip hop, mais également une opportunité pour les graffiteurs marocains de s'exprimer librement et de montrer leur talent. Le dessin sur les fonds de scène du festival a été toujours attribué à des tagueurs marocains.

C'est le cas pour Rabie, le jeune graffiteur meknassi, qui lors de la première édition du festival a signé le fond de scène hip hop, place Rachidi. Un énorme graffiti de 5 mètres sur 15. C'est le cas pour d'autres tagueurs, qui ont laissé leurs traces sur les scènes du festival.

Une initiative qui pourra donner une bouffée d'oxygène à cet art et encourager les autres festivals à programmer le graffiti comme élément artistique dans leur menu.

REPÈRES
Le jargon des graffiteurs :

> Graffiti : photos, affiches…inspirées des comics des années 70 ou du tatouage.
Throw up : un grand dessin de lettres, exécuté rapidement.
Black book : Cahier personnel pour recueillir les esquisses d'autres tagueurs, afin de collectionner le plus de styles possibles.
Poser une pièce : Faire un graffiti.
Tag : signature ou logo de l'artiste
Toy, toyer : Ne pas respecter un graffiti existant en taguant dessus.
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