Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Spécial Marche verte

la fin des vieux tabous au Maroc

L'étude des Nations unies sur la violence à l'égard des enfants, présentée mercredi dernier à l'Assemblée générale, ne porte guère à l'optimisme. Elle souligne l'ampleur du phénomène "dans tous les pays, quels que soient la culture, la classe sociale, le

No Image
Dans ce tableau sombre, le Maroc ne fait pas exception. Selon la représentante de l'Unicef à Rabat, Maie Ayoub Van Kohl, les données disponibles montrent que la violence dans toutes ses formes est répandue aux foyers, dans les écoles, sur les lieux de travail et dans la rue.

L'enquête réalisée en 2005 par le ministère de l'Education nationale conforte cette assertion et montre à quel point le phénomène est ancré dans la société. Les résultats sont sans équivoques : 87 % des enfants disent avoir été frappés. 61 % disent avoir subi des violences de la part de leurs parents.

Mme Ayoub Van Kohl, qui s'exprimait lors d'une rencontre organisée jeudi dernier pour la présentation de ladite étude, a souligné toutefois que le Maroc a fait des avancées notables dans la lutte contre ce phénomène. Elle a indiqué aussi que l'Etat marocain " est passé au stade de l'action" et que l'engagement conjoint des pouvoirs publics et de la société civile commencent à porter leurs fruits.

" Le premier pas vers la solution est de reconnaître le problème, de lever les tabous et de le soumettre au débat de manière rationnelle et pragmatique. Une volonté politique au plus haut niveau et des initiatives d'avant-garde ont fait de la violence à l'égard des enfants une préoccupation centrale ", a précisé la responsable onusienne en rappelant que "dans ce domaine, le Maroc joue un rôle de leader dans la région Moyen-Orient-Afrique du Nord". Mme Ayoub Van Kohl a estimé dans le même ordre d'idées que le Plan d'action national pour l'enfant (PANE) est venu renforcer les efforts fournis et créer plus de convergence et de synergie entre les initiatives prises pour endiguer ce phénomène.

Le PANE, faut-il le rappeler, a été conçu par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'Enfance et des Personnes handicapées, en concertation avec l'ensemble des acteurs dans le but de créer " un environnement protecteur à tout enfant marocain vivant une situation de maltraitance ou risque de l'être que ce soit au sein de sa famille, à l'école, au travail ou dans les établissements de bienfaisance ou dans les centres de redressement ".

Plus concrètement, Mme Yasmina Baddou, a tenu à souligner que dans le cadre de ce plan d'action, nombre de mesures ont été adoptées dans l'objectif de lutter contre la violence à l'égard des enfants. Il s'agit notamment de la création d'unités de protection de l'enfance dans les villes de Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech, Agadir et Laayoune.

" Ces unités représentent de nouveaux mécanismes institutionnels de défense de l'enfant selon une approche territoriale favorisant la proximité. Leur principale mission consiste à coordonner les actions de tous les intervenants, étudier le phénomène et offrir aux victimes un cadre propice à l'écoute, au soutien psychologique et à l'orientation ".

Outre le PANE, le secrétariat d'Etat a compté à son actif d'autres projets non moins importants qui s'inscrivent dans la même finalité. Il s'agit notamment du projet Indimaj qui cible les enfants de la rue et du programme Inkad qui vise les jeunes filles travaillant en tant que bonnes ou aides ménagères. Les autres départements ministériels se sont mobilisés, eux aussi, pour la même cause.

C'est ainsi que le ministère de la Justice a initié des mesures visant la protection des enfants contre la violence au sein du système judicaire (formation des magistrats sur les nouvelles lois et sur les normes internationales, formation des juges de la famille…). Pour sa part, le ministère de la Santé a mis en place des unités provinciales d'écoute et d'orientation pour enfants victimes de violences dans 11 hôpitaux provinciaux. Dans la même optique, ce département est en train de mettre en place des unités régionales de référence de prise en charge des enfants et des femmes en partenariat avec le Fnuap et l'Unicef.

A l'évidence, des progrès tangibles ont été enregistrés, et ce de l'avis de certains observateurs internationaux. Mais beaucoup reste à faire au niveau législatif, (projet de loi sur le travail domestique, le Code de la famille et la loi sur la Kafala) et surtout au niveau culturel. Un long chemin à faire.
Lisez nos e-Papers