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Le Matin Forum : «L'enseignement est une responsabilité partagée»

Le Parti travailliste prône la politique du vrai

Le Matin Forum : «L'enseignement est une responsabilité partagée»
Débattre avec Abdelkrim Benatiq est un réel plaisir. L'ex-banquier, qui était accompagné de Hamad Kessal, est un orateur de naissance qui dit haut et fort, en renvoyant à une figure de proue de la famille ittihadie, que la seule vraie politique est la politique du vrai. Une manière comme une autre de se démarquer des partis politiques qui font feu de tout bois en distribuant les promesses à tour de bras. L'invité du Matin Forum ne manque pas d'ailleurs de relever que les candidats du parti travailliste s'111disent d'avancer autre chose que la nécessité de s'impliquer dans l'action politique.

Car, il s'agit là de l'unique moyen pour barrer la route aux extrémismes de tous genres, estime le secrétaire général du parti travailliste.

Ce dernier ne manque pas, d'autre part, de tirer à boulets rouges sur ce qu'il considère être les ratages du gouvernement sortant. Sans tout voir en noir, A.Benatiq n'a pas la langue dans la poche quand il aborde certains secteurs qui souffrent réellement, en mettant en tête de liste l'enseignement et l'agriculture. Ainsi, s'agissant du premier secteur, le plus grand ratage est le fait qu'on ne s'occupe qu'accessoirement de l'école primaire, qui est à la base de tout le système éducatif.

De même que pour le secteur agricole, l'hôte du «90 minutes pour convaincre» s'111roge quant aux raisons qui président au fait qu'il s'agit d'un rayon qu'on ne touche pas, alors que son importance 116io-économique n'est pas à démontrer.

L'ex-syndicaliste sorti des rangs de l'Union 116ialiste ambitionne dès lors de mettre au fronton des préoccupations de sa formation de s'attaquer justement à ces aspects-là. Mais, avec un sens de l'équilibre, il tient néanmoins à reconnaître à l'Exécutif sortant sa capacité d'avoir pu donner satisfaction en matière d'infrastructures, mais aussi sur d'autres fronts, où les choses ont bien changé. Les débats ont également portés sur l'offre programmatique du parti travailliste, qui a été développée par Hamad Kessal, en charge de ce dossier dans le parti.
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111VIEW : Abdelkrim benatiq, secretaire général du Parti travailliste



La majorité prochaine doit assumer sa responsabilité et dire le bilan sur l'arabisation

Le Matin : Quelle évaluation faites-vous
du mandat Jettou ?
Abdelkrim Benatiq :
Nous, le Parti travailliste nous avons deux approches : Jettou est un homme de qualité. Il a fait un excellent travail mais il manquait de majorité politique. Il a lancé de grands projets et a accompagné les projets de Sa Majesté. Mais on sent que sur le plan politique, il y a un décalage entre Jettou et la majorité dont il est à la tête. Il y a des réformes qui sont lancées mais aussi il y a un retard dans des secteurs très importants.

Jettou n'a pas pu toucher à l'agriculture. Est-ce à cause du lobbying qui fait qu'à chaque fois qu'il y a quelqu'un qui prend en charge ce département ne fait que gérer le quotidien administratif de ce département. L'agriculture au Maroc est un équilibre à la fois économique et 116ial. Je dirais même parfois ethnique quand on parle de la répartition géographique et régionale. Ne pas réformer l'agriculture au Maroc est un danger. Ce n'est pas seulement au niveau de la sécurité alimentaire mais également au niveau de l'équilibre de la campagne marocaine.

Que pensez-vous justement des avis qui avancent que le Maroc n'est pas un pays à vocation agricole ?

Je suis tout simplement surpris par ce genre d'assertion. Bien au contraire, le Maroc a besoin d'un secteur agricole performant, compétent, capable de faire face aux besoins du marché intérieur et de se positionner au niveau 111110nal. Alors, est-ce que Jetou n'a pas touché à ce dossier par peur de faire éclater la majorité politique fragile vu que le Mouvement populaire est là ? Ou par peur du lobbying qui a beaucoup d'intérêt dans ce secteur ? Or, on ne peut réformer le Maroc de demain sans parler des problèmes de l'eau dans le domaine agricole.

Il y a trop de gaspillage de l'eau d'irrigation. Les infrastructures sont dépassées… Il faut le gérer autrement avec une vision secteur privé pas secteur public. On ne peut continuer au Maroc à avoir six millions d'hectares de céréales. On n'arrive pas à avoir la performance au Maroc. On n'arrive même pas à avoir la moyenne 111110nale.

On est obligé de s'orienter vers d'autres produits où on peut contrôler et accompagner la performance dès le départ. Nous avons au niveau du Parti travailliste posé au moins cinq réformes. On ne peut pas demain parler de l'agriculture sans parler de l'outil financier. Maintenant que le Crédit agricole a dépassé la phase critique, il est appelé à jouer un rôle très important.

On ne peut demander au CA de respecter les normes bancaires imposées par Bank Al_Maghrib et lui dire qu'il faut être un outil pour accompagner l'agriculture. Aux Etats-Unis, il y a des milliers de banques qui sont autonomes et indépendants qui financent l'agriculture. Le CA a tous les moyens pour faire face aux besoins de l'agriculture marocaine. Celle-ci doit être accompagnée de A jusqu'à Z. Nous avons une partie de l'argent qui n'est pas bancarisée au monde rural. Par exemple, moi je finance un produit, mais je l'accompagne au niveau de fonds de roulement, dans la phase commerciale, du tran114…

Donc, c'est l'aspect financier qui permet d'organiser et de rationaliser les comportements et les relations.

Qu'en est-il des autres éventuelles reproches quand à l'action du gouvernement ?

Sans hésitation, je dirais l'éducation, c'est l'échec total. 250.000 élèves marocains quittent l'école en CM2 et ce sont des analphabètes auxquels nous devrons faire face demain.
Ils quittent l'école car on n'a pas renforcé le primaire et parce qu'on n'a jamais valorisé le primaire et parce qu'on a oublié qu'au Maroc il y a un équilibre entre le 116ial et l'éducatif.

On a oublié que la réussite de l'éducation est dans le capital humain. On croyait que l'enseignement c'est l'argent. L'enseignement est une responsabilité partagée par tout le monde. Il à été utilisé comme un instrument politique pour fragiliser le pouvoir. Et le pouvoir a utilisé l'enseignement pour faire pression sur une partie de la classe politique. Résultat : on est tous victime du bilan. C'est pour cela qu'on doit voir les choses autrement.

Moi je ne suis pas de ceux qui disent qu'on a besoin d'un consensus.
On a besoin d'un projet qui pourra faire des mécontents. En fait, un réformateur est toujours minoritaire.
Deuxièmement, on doit faire le bilan de l'arabisation. Il faut distinguer entre l'enseignement de la langue et la langue de l'enseignement.

Alors que les autres pays comme la Tunisie ont bien su régler cette question, nous avons fait un peu de démagogie et l'Etat a cédé à l'époque par peur.

Donc, il nous faut un bilan-dette arabisation. La majorité prochaine doit assumer sa responsabilité et dire le bilan sur l'arabisation. Moi, quand je parle de l'arabisation ce n'est pas seulement par rapport à langue française mais de la généralisation de l'apprentissage des langues.

Parmi les autres échecs de l'équipe de Jettou, il y a l'écart 116ial. Nous avons un Roi réformateur qui, dès le départ, a lancé de grands projets, tout en focalisant l'attention sur l'objectif d'attaquer l'écart 116ial, car en définitive on ne peut avoir un Maroc à deux vitesses.
Donc, l'INDH, la Fondation Mohammed V et d'autres outils. Mais l'écart 116ial ce n'est pas des gestes…, il faut révolutionner la relation entre le citoyen et les besoins.

On a fait un grand effort au niveau de l'eau et de l'électricité mais on a oublié qu'il y a des régions qui doivent être intégrées au niveau de la performance.

On lance de grands projets de tourisme au niveau de Saïdia, dans l'Oriental, mais on n'a pas intégré la population pour qu'elle soit une partie prenante dans ce projet. Par exemple, le Maroc a lancé l'écotourisme, mais on n'a pas su accompagner cette initiative au niveau de l'infrastructure.
Donc, la mise à niveau 116iale n'est pas seulement des textes, encore moins une vision ou un discours. Il faut avoir la volonté pour le faire.

Quel regard portez-vous sur les changements que ces élections ont apportés au niveau institutionnel ?

D'abord, les choses ont beaucoup changé au ministère de l'Intérieur. C'est un projet qui a commencé avec l'avènement SM le Roi Mohammed VI. Des changements ont été opérés au niveau des walis, gouverneurs et caïds. Maintenant, l'Intérieur au Maroc est devenu une méthodologie et une conception. On a fait une révolution en faisant appel à des compétences 111nes. Malheureusement, dans d'autres départements on n'arrive pas à suivre ce rythme.

Qu'en est-il de votre appréciation de la période
où Basri était le puissant homme d'Etat ?


Durant son époque, je faisais juste partie de la génération 111médiaire. Je n'ai jamais géré de dossiers sensibles. Mais Basri avait un projet politique qu'il a appliqué durant 30 ans. Il était l'111médiaire entre la monarchie et le peuple. Actuelment, le Souverain a banni cette logique. Du temps de Basri, tous les secteurs dépendaient de lui, banques, enseignement, agriculture…tout passait par l'Intérieur. Aujourd'hui, on a tout décentralisé et des secteurs ont émergé. L'Intérieur a changé, également, dans la mesure où il ne dramatise plus un rendez-vous électoral aussi important que celui du 7 septembre. C'est une machine qui opère
sereinement.

Reste-t-il à votre avis encore des séquelles
de cette période révolue ?


A l'époque de Basri, les faux notables sévissaient. Ce sont des gens que l'on a parachuté pour contrer l'USFP et la gauche de manière générale. Ils sont devenus des professionnels de la politique pour avoir affûté leurs armes durant trois décades. Nous sommes maintenant otages autant que l'Etat de ces gens qui ne démordent pas de leur volonté d'utiliser l'argent pour influencer les intentions de vote. Demain, ils représenteront le vrai danger pour les élections. Je peux me confronter à toutes les sensibilités politiques, sauf à ces mafieux qui utilisent la politique pour atteindre leurs propres objectifs personnels.

Ce sont eux qui génèrent et développent l'économie de rente. Ils freinent la modernisation de l'économie 110nale. Le combat du patronat est justement de limiter ce fléau. Face à ce phénomène, la justice n'est pas suffisante.

Ce sont les partis qui respectent les règles du jeu électoral qui doivent agir, descendre sur le terrain et faire un travail en profondeur pour affronter ces gens pendant
cinq ans.

Que faut-il faire face au présumé désintérêt par
rapport à la chose politique ?


Il n'y a pas de danger, mais un projet politique que tout le monde défend pour amener les citoyens à participer. L'Etat a commencé par crédibiliser le jeu électoral. Nous l'avons senti. Chaque fois qu'on appelle l'Intérieur, la réaction se fait sur le champ.
On a l'impression d'être en face d'une machine qui appartient au privé.

S'agissant du travail de proximité, avant on ne s'intéressait pas aux communales alors qu'elles sont plus importantes que les législatives. Donnez-moi un président de commune fort qui va vers la 116iété civile, qui cherche les moyens et qui soit aussi créatif, les gens vont s'attacher à lui. Nous avons besoin de ces profils aux communales. C'est ce qui renforcera la participation et la crédibilité de l'action politique. Nous organiserons un forum pour faire appel à des cadres, ingénieurs ou médecins qui nous représenteront dans les communales.

Nous leur assurerons une formation, même à l'étranger. Lorsqu'on réussira cette mise à niveau politique, les partis vont être obligés de changer.

Ne voyez-vous pas qu'il y a confusion chez les partis en campagne entre les communales et les législatives ?

Justement, je pense qu'on a fait erreur en séparant les communales et les législatives. Plusieurs présidents de commune continuent par exemple de bitumer les routes en pleine campagne. Le bilan s'en trouve donc mitigé. Ce sont des personnes qui utilisent des outils dont d'autres ne disposent pas.
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Questions d'111nautes

Qu'est-ce qui vous différencie des autres leaders politiques ?

Moi, je considère qu'au Maroc, il n'y aura pas de leaders, mais plutôt des acteurs politiques. D'un point de vue historique, quand on réclamait la démocratie, les gens s'imposaient par la force des choses et par un certain charisme. Maintenant, on n'est plus dans cette logique, mais dans celle de l'efficacité et de la rentabilité ; d'où ma préférence pour le mot acteur.

Un acteur qui va assumer ses responsabilités pendant une période et qi devra céder la place à d'autres. Et chaque acteur a son style, au niveau du management, de la communication, de l'orientation, etc. Dès lors, je ne me compare pas aux autres. Je dis modestement que j'ai un bilan et un projet à défendre. Après, c'est aux observateurs de juger si on a réussi ou pas. Nous, on vient de démarrer.

Quelle est votre approche pour convaincre ?

R. Nous avons dit dès le départ que la langue de bois n'a pas de place chez nous. Dès lors, nous sommes devenus l'ennemi à abattre, parce que nous ne parlons que le langage du vrai. Nous assumons nos responsabilités, quel que soit le résultat de demain, car le travail en profondeur demande à la fois de la patience et du temps.
Maintenant, tout le monde croit connaître le terrain, mais cela reste très relatif. Nous ne cesserons jamais d'apprendre.

D'où notre décision de ne pas donner de promesse et nous ne donnons pas d'argent, parce que nous n'en avons pas. Notre promesse principale est de demander aux citoyens de se mobiliser et de s'organiser en conséquence autour des besoins ressentis, d'autant que l'Etat s'ouvre de plus en plus sur la 116iété. Si demain, on s'organise dans le tissu as116iatif, de manière sérieuse et transparente, le soutien recherché viendra des pouvoirs publics, mais aussi du patronat qui est prêt à appuyer tout effort qui répond à l'exigence du sérieux. Nous avons des outils dont il faut faire usage.
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