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Au-delà du nombre des ministères, discuter l'essentiel

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La publication de l'appel des militants en vue de la refondation de l'USFP a suscité une diversité de réactions. Du scepticisme occasionné par le caractère composite du groupe signataire au soutien fougueux qui traduit un sentiment de délivrance des milliers de militants à l'égard d'une attitude attentiste qui confinait à la stérilité politique, en passant par une mise en garde contre les tentatives de récupération d'un mouvement spontané, sont autant d'expressions d'un intérêt renaissant pour le destin du parti.

Certes, l'appel procède de contingences aussi variées que les itinéraires politiques et professionnels des signataires ; néanmoins, un tel appel résulte de trois motivations majeures communes : un refus de la décadence d'un parti qui a représenté l'espoir des Marocains, une réaction de rejet à l'égard d'une gestion défaillante et une renaissance de la créativité intellectuelle des militants en vue d'une véritable refondation de l'USFP.

En effet, l'échec de l'USFP aux élections législatives du 7 septembre 2007 traduit une réalité lourde de significations politiques.
1- la faiblesse du taux de participation aux élections (37% seulement) et les résultats modestes enregistrés par l'USFP témoignent d'une crise politique qui met en cause une évolution contrastée des institutions aux dépens de la démocratisation enclenchée.

Cette panne du processus démocratique 111pelle l'approche dite consensuelle du système politique mis en place depuis 1998 et confére à l'USFP la responsabilité d'un processus dont il a été, en grande partie, l'initiateur sans pouvoir en maîtriser le cheminement en raison du caractère hétérogène des gouvernements depuis 1998 et de l'ambiguïté croissante du jeu institutionnel.

2- Aussi, la nature politique de la relation entre l'USFP et ses bases traditionnelles -(fondées sur la légitimité d'un grand parti d'opposition, basée sur l'immense espoir qu'il représentait aux yeux des Marocains et sur la pertinence du projet de 116iété dont il était porteur- explique -t-elle la déception des militants et des sympathisants à l'égard de la gestion défaillante d'un parti entièrement noyé dans l'exercice d'un pouvoir qui ne semble pas conduire les reformes requises au rythme escompté par les populations.

3- La persistance des méthodes clientélistes, de l'utilisation de l'argent dans le système électoral et d'une faible implantation locale (désertion communale des grandes villes par le parti) ont également desservi l'USFP par rapport aux autres partis.

Ainsi le Conseil 110nal, réuni les 27 et 28 septembre, a représenté un moment fort d'évaluation, qui a courageusement 111pellé la direction du Parti sur le bilan d'un exercice globalement négatif, tout en adoptant une résolution qui recommandait au bureau politique de faire de la participation au gouvernement un événement politique qui annoncerait la volonté d'une refondation du Parti.

Cependant, les conditions de la participation au gouvernement énumérées par la quasi-totalité des 111venants au Conseil 110nal ont été mises en veilleuse pour subir un processus unilatéral d'information et -non de concertation- qui consacre d'une manière criante la fragilisation du phénomène partisan et, avec lui, le recul de la démocratisation enclenchée.

Vice de forme :
Aux termes d'un premier tour de contacts, le Premier Ministre désigné fait une déclaration à la télévision où il affirme qu'il a tenu une réunion d'information avec les partis politiques pour leur faire part de la structure du gouvernement qu'il a confectionné et qui a été déjà validé par Sa Majesté le Roi.

Or, l'essentiel de la concertation entre les partis politiques devait porter sur cette même structuration du gouvernement, ainsi que sur les priorités qu'elle était censée servir.

La définition des secteurs ministériels n'est pas un acte technique, mais une opération fortement politique, qui est intimement liée aux programmes des partis en présence. Malheureusement, l'attention a été focalisée sur le nombre des portefeuilles et sur la répartition de ce qui a été défini en dehors de tout débat politique.

Vice de fond :
L'approche qui a présidé à la définition des secteurs ministériels est technique et s'oppose à la logique des priorités 110nales.
Premier exemple : l'eau est l'une des quatre priorités du pays.

Depuis 2002, un processus de sensibilisation institutionnelle a été enclenché pour unifier la vision. Mais dans la pratique, plusieurs politiques sectorielles de l'eau s'opposaient et se neutralisaient :
- une politique de l'eau au sein des Agences des bassins hydrauliques ;
- une politique de l'eau diamétralement opposée, adoptée par les offices de mise en valeur agricole ;
- une politique de l'eau de l'ONEP, etc.…
- Ces incohérences entre les politiques sectorielles de l'eau militaient en faveur de l'unicité d'une stratégie 110nale de l'eau garantie par l'organisation horizontale dans un ministère délégué auprès du Premier Ministre Chargé de l'Eau et de l'Environnement.

Or, une vision plus sectorielle a prévalu pour la constitution du nouveau gouvernement, pour faire de l'eau une simple infrastructure au sein du grand Ministère de l'Equipement et des Tran114s.

Deuxième exemple : il en est de même du développement rural qui est une politique intégrée de nature horizontale et qui a été noyée dans le Ministère de l'Habitat. Villes et campagnes constituent des espaces complémentaires mais conflictuels qui donnent lieu à deux politiques spatiales autonomes l'une par rapport à l'autre.

Troisième exemple : la même analyse est valable pour le développement 116ial, qui recule au statut d'un ministère strictement sectoriel. Or les limites actuelles dans la mise en œuvre de l'INDH ont trait à la dominance des logiques strictement sectorielles sur l'approche territoriale intégrée.

Quatrième exemple : la Santé, qui est l'une des quatre priorités 110nales a été dégradée au rang d'un simple Secrétariat d'Etat avec tout ce que cela implique pour la santé du citoyen.

Cinquième exemple : Aucune disposition institutionnelle ne figure au sein du gouvernement concernant la déconcentration en relation avec le renforcement de la Région et en perspective des grandes réformes à réaliser.

Autant de questionnements qui montrent que le Maroc est en train de s'enfoncer dans une crise politique dont l'issue est incertaine. Notre parti a le devoir de sonner l'alarme et de tirer les enseignements qui aideraient le pays à éviter une asphyxie de la démocratie.

Ci-après une contre-proposition de ce qu'aurait pu être le gouvernement actuel au regard des priorités du programme politique de l'USFP.

Propositions d'une structure du gouvernement qui respecte les grandes priorités du pays
1- Ministère de l'Education 110nale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique :
- Un ministre pour garantir l'unicité de la stratégie ;
- avec un ministre délégué chargé de l'Education 110nale.
2- Ministère de l'industrie et du commerce (intérieur et extérieur) et de la promotion de la PME :
- Un ministre ;
- avec un secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur
3- Ministère du Tourisme, de l'Artisanat et de l'économie 116iale :
- Un ministre
- Un secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat
4- Ministère de l'Agriculture et de la promotion des technologies d'économie de l'eau:
- Un ministre ;
- Un secrétaire d'Etat chargé de la promotion des technologies d'économie de l'eau.
5- Ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Habitat et de l'Urbanisme :
- Un ministre ;
- Un secrétaire d'Etat chargé de l'Habitat et de l'Environnement.
6- Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé du développement rural, de la solidarité 116iale et de la famille.
- Un ministre ;
- Un secrétaire d'Etat chargé du développement rural.
7- Un ministre de l'Equipement et des Tran114s
8- Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé de l'eau et de l'Environnement.
- Un ministre ;
9- Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé des Affaires économiques générales et de la Déconcentration.
10- Ministère des Finances, de l'Economie et de la Modernisation du secteur public.
- Un ministre ;
- Un secrétaire d'Etat chargé de la modernisation du secteur public.
11- Ministère de la jeunesse, du 114 et de la Culture
12- Ministère de l'Emploi, de la formation professionnelle
- Un ministre
13- Un ministre de la Santé
14- Un ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement
15- Un ministre de l'Energie et des Mines
16- Ministère de la Justice et de la lutte contre la Corruption
- Un ministre
- Un secrétaire d'Etat chargé de la lutte contre la Corruption
17- Ministère des pêches maritimes et de la préservation des ressources halieutiques.
18- Un ministre des Affaires étrangères
19- Un ministre de l'Intérieur
20- Un ministre des Habous et des affaires islamiques
21- Un ministre de la Défense
22- Secrétariat Général au Gouvernement
23- Un ministre d'Etat, vice-premier
ministre.

(*) Président de la Région Marrakech
Tensift Haouz, membre du secrétariat
110nal et député de l'USFP
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