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Des avancées réelles, mais lourd passif

81activités ont été jugées significativement polluantes

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La pollution fait des ravages dans le monde entier. La faute en incombe, en grande partie, à l'activité industrielle. L'intensification de cette activité, essentiellement à caractère industriel, dans plusieurs régions du pays, détériore sérieusement la nature environnante. La dernière étude publiée en 2004 par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Eau et de l'Environnement sur cette pollution industrielle le montre bien.

Ce travail de recherche a porté sur 220 activités industrielles et 6.287 unités de production. Au total, 81 activités ont été jugées «significativement polluantes ». En tête arrivent les industries de l'agroalimentaire qui génèrent 68 % des rejets toxiques et organiques, suivies de loin par la chimie-parachimie avec 20 %. Les industries du textile et cuir arrivent en troisième position avec près de 10 %, alors que la contribution des industries mécaniques et électriques est négligeable (1%). Par contre, une pollution accidentelle due à un certain nombre de «catastrophes technologiques» est envisageable.

L'exemple de l'incendie qu'a connu la raffinerie de la Samir, en novembre 2002, à Mohammedia, est édifiant. Autre constat : la concentration de cette pollution industrielle en milieu urbain et sur la côte atlantique. Tout naturellement, le bassin côtier atlantique abritant le Grand Casablanca arrive en tête avec près de 35 % du total des charges de pollution rejetées, suivi par le Sebou avec 28 % et, loin derrière, par le Tangérois, le Drâa, l'axe Safi-El Jadida et le Souss, avec des contributions respectives de 11 %, 5,5 %, 5 % et 4 % du total des rejets toxiques.

Les chantiers
de la dépollution


Toutefois, des avancées réalisées par quelques secteurs industriels en matière de respect des normes environnementales telles que reconnues au plan international sont à relever. L'exemple vient des cimenteries qui ont quasiment toutes initié des projets de dépollution. Actuellement, trois d'entre elles respectent la norme ISO 14000 qui est la référence mondiale en la matière. Lafarge peut être citée en exemple grâce à son projet de production d'énergie électrique éolienne à Tétouan (projet MDP depuis septembre 2005), en plus d'un grand projet de dépollution à Fès portant sur plus de 17 MDH, qui a bénéficié en 1998 de l'appui financier du gouvernement et de l'agence allemande KWA.

Ciments du Maroc lui a emboîté le pas en initiant deux projets de dépollution de plus de 9 MDH dans son usine de Marrakech et de près de 2,5 MDH à Safi, projets ayant également bénéficié de l'aide de l'Etat. Il est indéniable que la prise de conscience est palpable chez certains chefs d'entreprises. Mais tous ne franchissent pas le pas en initiant des projets de dépollution. L'explication est simple. Dans notre pays, il n'y a que les grandes entreprises qui ont la possibilité, matérielle évidemment, d'initier un projet de dépollution. Le coût de la dépollution de l'industrie est estimé à 1,5 milliard de DH.


Apparemment, le coût ne constitue pas une barrière. Mieux, ceux qui veulent engager des actions de dépollution peuvent s'appuyer sur le Fonds de dépollution (Fodep), créé en 1998 grâce à deux lignes de financement mises à la disposition du gouvernement marocain par l'agence allemande.

D'un total de 240 MDH, cette aide a été répartie en trois tranches. La première, d'un montant de 90 MDH, a démarré en 1998 et a concerné toutes les unités industrielles. La seconde, d'un montant de 100 MDH, était, quant à elle, réservée en priorité aux PME-PMI. Devant la faiblesse des résultats enregistrés, les initiateurs du fonds ont décidé en 2004 de revenir à la formule initiale avec, toutefois, un seuil de 400 MDH de total bilan à ne pas dépasser pour l'entreprise éligible. La troisième tranche concerne 50 MDH, mais n'a toujours pas été activée.

Autre mécanisme, pour les entreprises qui projettent un investissement destiné à rejeter moins de carbone dans l'atmosphère, la possibilité de faire financer partiellement leur projet par des pays qui dépassent leur quota de pollution. Baptisé Mécanisme de développement propre (MDP), le projet commence à donner des résultats avec notamment les deux parcs éoliens de Lafarge, à Tétouan, et de l'ONE, à Essaouira, ainsi qu'un investissement dans l'énergie solaire initié par l'OCP en avril 2006.
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Des lois non appliquées

Il faut noter que, d'un point de vue législatif, un arsenal juridique existe, certes, mais reste sur le papier. Ainsi, la loi sur la pollution de l'air qui ne peut être appliquée faute de moyens humains, de cadres formés en matière de gestion des risques environnementaux. En plus, l'absence d'actions vigoureuses, le coût des dommages infligés à l'environnement au Maroc dépasse de loin les normes internationales.

Les pertes provoquées par la pollution se montent à 20 milliards de DH, soit 8,1% du PIB. A ceci s'ajoutent bien évidemment les pertes engendrées en matière de déforestation (le Maroc perd annuellement plus de 30 000 hectares de forêts) ainsi que la disparition de près de 22.000 ha de terres arables chaque année. Une lourde charge pour les générations
futures.
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