Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Fête du Trône 2006

Néo-conservatisme et anachronisme !

No Image
Feu S.M. Hassan II soutenait en son temps que l'arabe est notre langue maternelle et le français notre langue d'ouverture. Un tel précepte, lancé du haut d'une conviction, n'avait rien de contradictoire. Il constitue même le schème central de notre culture et de notre patrimoine contemporain. Administration, institutions publiques ou autres entités avaient, avec plus ou moins de succès, repris à leur compte cette conviction. La réalité mondiale est à coup sûr une diversité multiple de langages, de langues, voire de " patois ". L'arabe, c'est notre langue identitaire et le français, par le fait même de notre parcours historique, est devenu une langue d'adoption, de travail et d'ouverture sur l'Autre, comme peut l'être l'anglais, l'espagnol, le portugais et demain sans doute le chinois…

Dans les Etats européens qui forment à la fois des entités autonomes et des groupements fédérés, on compte pas moins de 500 millions d'habitants étalés sur vingt-sept pays. Mais aussi plusieurs langues, dont les cinq ou six principales, sont utilisées, affichées et assumées, permettant aux uns et aux autres une meilleure communication et une ouverture certaine. Aussi, il nous semble que la décision – récente ou en cours – d'imposer aux administrations marocaines de ne communiquer que dans la langue arabe relève d'un retour à un certain anachronisme.

Le gouvernement de Abbas El Fassi est certainement souverain d'exiger que les correspondances, les échanges de décisions interministérielles et autres exercices du même genre se fassent dans la langue du pays, mais il se trompe gravement. L'exclusion de l'autre langue ne manque pas de susciter quelques interrogations. Mieux, elle nous ramène à une autre époque – celle où le même parti aujourd'hui au pouvoir – avait imposé l'arabisation à tout va ! avec les dégâts que l'on sait. Celle aussi d'une déperdition rampante, d'autant plus désastreuse qu'il s'était trouvé des bonnes gens pour dire que les études en langues étrangères étaient réservées aux élites et aux fils des " bourgeois" et l'arabe aux pauvres…
Avec la mondialisation, les accords de libre-échange, les Visions 2010 et 2020 du tourisme, l'ouverture et la globalisation des économies, les langues constituent le moteur du progrès et de la modernité. A Dubaï, l'arabe est le vis-à-vis de l'anglais, à Tunis du français, idem dans tous les pays émergents.

Quand bien même nous serions caparaçonnés d'ingrédients patrimoniaux, il s'agit-là d'une régression qui plonge ses racines dans un néo-conservatisme de mauvais aloi. Quand le ministre du Transport a prononcé, il y a une semaine à Tanger, son discours exclusivement en arabe devant les opérateurs du " Medlog ", très peu se sont empressés pour enfourcher le casque de la traduction, personne ne l'a donc suivi.
Lisez nos e-Papers