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Les crises bancaires «hors cadre»

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Voilà plusieurs mois que le Haut commissariat au Plan (HCP) mène une réflexion prospective dans le souci de peaufiner son approche de la planification du développement économique et social du Maroc. Cette réflexion, intitulée « Prospective Maroc 2030 », s'inscrit par ailleurs dans le cadre du projet d'appui à la planification stratégique mené avec le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement).

C'est en approfondissant cette réflexion prospective que l'on se rend rapidement compte à quel point le monde dans lequel nous vivons est structurellement instable. Cette instabilité, qui fonde la difficulté de l'exercice de prospective, génère moult crises, catastrophes et autres drames. «Dès lors, le risque zéro n'existe pas», souligne Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au Plan. De fait, aucun des scénarii élaborés par le HCP n'échappe à la règle : la possible survenue d'une crise susceptible de le perturber de fond en comble… D'où la nécessité d'étudier ces crises de plus près.

Il se trouve que ces crises se situent de plus en plus souvent en dehors de nos schémas de référence. Ce sont là des crises «hors cadre», crises éminemment protéiformes et, surtout, inédites. Dès lors, comment se préparer à l'impromptu, voire à l'inconcevable ? C'est pour éclairer cette question que le HCP a organisé, les 19 et 20 janvier 2006, un séminaire des plus instructifs intitulé «Crises non conventionnelles : nouveaux impératifs, nouvelles postures ».

Ce séminaire a vu l'intervention d'un certain nombre d'experts internationaux de haut vol tous concernés, dans leur domaine, par ces crises « non conventionnelles ». Parmi ces experts, Jean-Louis Berger, directeur adjoint de la continuité d'activité au sein du groupe Société Générale, est venu présenter le volet financier et bancaire de ces crises d'un genre nouveau… «Qu'un établissement se «bunkérise» ne sert à rien si la place financière elle-même ne réussit pas à améliorer la résilience globale du système » souligne M. Berger.

De fait, le bon fonctionnement des banques est tributaire du système bancaire qui leur sert de cadre. Or il se trouve que certains facteurs sont venus accroître les risques de rupture du système lui-même. Traditionnellement, on distingue 3 grands types de risques bancaires : les risques de crédit, les risques de marché et les risques opérationnels.

Le risque de crédit (ou de contrepartie, y compris le risque-pays) désigne la perte qu'une banque peut encourir au titre des facilités financières accordées à un client si celui-ci devait se révéler finalement défaillant.

Pour le contenir dans des limites acceptables, les banques procèdent d'abord à une analyse approfondie de la situation de leurs débiteurs, et en complément peuvent avoir recours à des sûretés réelles (nantissement espèces, dépôts, titres, certaines hypothèques immobilières…), à la souscription d'assurances privées ainsi qu'à l'utilisation de dérivés de crédit (default swap : transfert de risque sur un actif à une contrepartie tout en conservant la propriété sur l'actif…).

Le risque de marché est un risque de perte sur sous-jacents de marché (change, taux, actions, matières premières) résultant de l'existence de positions prises et laissées volontairement ouvertes par la banque avant de tirer parti de la variation anticipée de ces sous-jacents.

Le risque opérationnel désigne quant à lui tout risque de dysfonctionnement interne. Ce dernier peut être lié aux défaillances du système d'information, des procédures internes, aux erreurs humaines et aux fraudes, ainsi qu'à un ensemble de facteurs extérieurs qui peuvent éventuellement gravement impacter l'exploitation. Il est essentiel pour une banque de prévenir la survenance de tels risques et d'essayer d'en minorer les conséquences.

La prévention passe par le renforcement du contrôle interne et de la surveillance permanente ainsi que par l'encadrement des postes sensibles du bilan. Elle suppose ainsi l'élaboration de règles et de procédures écrites qui renforcent la séparation des tâches, le respect des limites, l'accès sécurisé aux locaux et aux systèmes d'information, l'identification des activités dégageant des rentabilités anormales et la vérification régulière des comptes.

Lorsqu'ils surviennent, ces risques peuvent avoir des retombées gravissimes. M. Berger s'est appuyé sur quelques exemples frappants : incendie du Crédit Lyonnais, SRAS, Katrina, black-out électriques, risques informatiques (virus, piratages...), instabilité politique (guerre de Serbie, émeutes en Indonésie…), actes de terrorisme, etc.
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