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Le cinéma sénégalais en deuil

Ousmane Sembène, fervent militant de la cause noire, s'est éteint à 84 ans
Son pays lui a réservé des obsèques solennelles. Normal. Il est l'un des cinéastes sénégalais les plus célèbres. Lui, c'est Ousmane Sembène, le pionnier du 7e Art africai

Le cinéma sénégalais en deuil
Ministres, secrétaires d'Etat, responsables politiques, artistes… Ils se sont tous rendus à l'Hôpital principal (centre de Dakar), pour une courte cérémonie lors de la levée du corps.

«Je souhaite rendre l'hommage de la nation à cet Africain, ce combattant de la liberté et de la dignité de l'homme noir, qui a laissé un héritage exceptionnel », a déclaré le Premier ministre, Macky Sall.

Le ministre de la Culture sénégalais, quant à lui, a «salué une icône de l'Afrique, qui a été de tous les combats», avant d'annoncer qu'une cérémonie solennelle d'hommage présidée par le président Wade serait organisée à Dakar.

Très apprécié par les intellectuels sénégalais, africains et européens, Ousmane Sembène a été distingué dans les plus grands festivals du monde. Toutefois, son seul et unique souci était de projeter ses films jusqu'au «plus profond village de l'Afrique».
Né en janvier 1923 dans une famille de pêcheurs à Ziguinchor, en Casamance (sud), Ousmane Sembène a depuis toujours manifesté un intérêt particulier pour la chose culturelle.

Arrivé à Dakar dans les années 1930, Ousmane exerce d'abord plusieurs petits métiers. Il est notamment mécanicien, charpentier, maçon, «enrôlé contre son gré» comme tirailleur lors de la Seconde Guerre mondiale, ouvrier, docker….

Pendant tout ce temps, le jeune Ousmane était à la recherche de lui-même. Il décide donc de tout arrêter et de se lancer dans l'écriture.
Il publie son premier roman, «Le docker noir», inspiré de son expérience personnelle. Il publie d'autres livres, tels que «O pays, mon beau peuple», «Les bouts de bois de Dieu», «Le Mandat»...
Peu de temps après, cet autodidacte de talent se rend compte que le seul moyen de s'adresser plus facilement à des populations souvent illettrées était le cinéma.

Il suit alors une formation à l'Institut de cinéma VGIK de Moscou et se lance dans ce qu'il appellera du «cinéma forain».
«Je peux aller au village et présenter le film. Car tout peut être filmé et transporté dans le plus profond village de l'Afrique», avait-il expliqué à la presse.

De «Borom sarret» (1963), racontant une journée dans la vie d'un pauvre transporteur, à «Mooladé», plaidoyer contre l'excision et hommage aux femmes, en passant par «La Noire de...» (1966), «Le Mandat» (1968), «Ceddo» (1976), sa filmographie montre un «cinéma progressiste, profondément populaire», affirment les critiques du septième art.

En effet, son premier long-métrage, «La noire de...», est considéré comme le premier long métrage négro-africain.
Au lendemain des indépendances, il est l'un des premiers artistes africains à prévenir des dangers de dérives de l'ère post-coloniale, et à appeler à «un changement radical des politiques africaines».

Fervent défenseur de la liberté et de la justice sociale, Ousmane Sembène reçoit plusieurs prix tout au long de sa carrière. En 1968, alors qu'il faisait ses premiers dans l'univers du cinéma, il reçoit le prix de la critique internationale pour «Le Mandat». Vingt ans après, il revient avec un film plus bouleversant, «Le camp de Thiaroye» qui retrace la violente répression de tirailleurs sénégalais réclamant leur solde par l'armée française. Ce long métrage lui a valu le prix spécial du jury.

L'un des fondateurs du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), Ousmane a reçu le prix «Un certain regard», lors du festival de Cannes en 2004 pour son film «Moolaadé», un plaidoyer contre l'excision.
Talentueux et créatif, Ousmane Sembène avait affirméen 2005, avoir «un coeur de 20 ans». «Un militant reste jeune toute sa vie», assurait-il.

REPÈRES
Filmographie
> Borom sarret (Le charretier, 1963)
> Niaye (1964)
> La Noire de... (1966)
> Mandabi (Le mandat, 1968)
> Taw (1970)
> Emitaï (Le dieu du tonnerre, 1971)
> Xala (L'impuissance, 1974)
> Ceddo (1976)
> Camp de Thiaroye (1988, avec Thierno Faty Sow)
> Guelwaar (1992)
> Faat Kiné (1999)
> Mooladé (2004)
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