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Le mouton se fait «pousser des cornes»

Les Marocains de différentes classes sociales s'apprêtent à célébrer avec enthousiasme et entrain la plus grande fête musulmane. Chacun à sa façon selon ses moyens.

Le mouton se fait «pousser des cornes»
«Ce qui est clair et malgré les frais que cela engendre, en aucun cas les Marocains ne s'abstiendront», dit Hajja Khadija qui fait sa tournée traditionnelle au souk des ovins déjà en place, surprise toutefois par les tarifs proposés actuellement. «Les prix sont chers, mais on ne renoncera jamais à la fête de nos ancêtres, même si le prix d'el «kabch» atteindra le maximum, on fera avec. D'ailleurs, chaque civilisation a ses coutumes qu'elle essaye de sauvegarder et de préserver : les chrétiens avec le Noël, les juifs et le Youm kippour, etc.», affirme-t-elle.

En effet, malgré les difficultés financières que rencontrent nombre de familles pour l'achat du mouton et pour subvenir aux autres dépenses obligatoires qu'exige l'évènement, la fête reste un plaisir pour la plupart. «C'est la seule occasion où toute la famille se réunie, on est tous dispersé dans le pays. Dans notre petit village, seulement les parents et les grands- parents y demeurent encore, tous les jeunes partent pour travailler dans les grandes villes. On attend cette fête pour nous voir et pour nous réunir, et surtout pour faire plaisir aux parents. C'est un moment très important, on surmonte les difficultés (le transport qui se fait rare, la hausse des prix…) sans nous plaindre», ajoute Abdallah, mécanicien de son état à Casablanca.

C'est un moment de joie certes, mais pas pour tout le monde, car il y en a qui peinent à se procurer de quoi subvenir aux frais exorbitants de la fête. C'est le cas de Mme Khaldaoui, institutrice dans une école privée avec deux enfants à charge.
Divorcée et vivant seule avec sa fille de treize ans et son fils de dix ans, la vie n'est pas rose pour elle. Tourmentée et inquiète, elle attend son tour devant le guichet d'une maison de crédit, «Je ne me soucie guère du taux d'intérêt ou de la façon pour rembourser.

Tout ce que je souhaite, c'est qu'on m'accorde cette faveur. C'est mon troisième crédit depuis le mois de septembre : le premier c'était pour financer la rentrée scolaire, le deuxième pour le mois de Ramadan et maintenant pour «Al Hawli», dit-elle avec amertume. Les charges indispensables pour cette fête obligent les familles à modeste revenu de peiner et même de souffrir pour faire face à des charges prohibitives exigées par cet évènement. En plus de l'achat du mouton s'ajoute l'habillement des enfants.

Un achat quasi-obligatoire puisque cela relève des habitudes de renouveler la garde-robe de chaque membre de la famille, surtout les petits. Ajouter à cela, toutes les promotions proposées pour l'achat des ustensiles spécifiques pour la fête et les articles électroménagers (réfrigérateur, four, congélateur…) qui attirent et séduisent plusieurs personnes qui jugent que c'est l'occasion à ne pas rater. «Comment faire face à toutes ces exigences ?», est la question que se posent toutes les familles à revenu modeste principalement. Les affiches et les spots radiophoniques annoncent déjà des promotions proposées par des maisons de crédit.

Autant de moyens qui peuvent résoudre momentanément le problème de quelques-uns, mais pas tous. Ceux qui ne peuvent pas justifier une entrée d'argent ou ceux qui n'ont pas de salaire fixe n'ont pas droit à cette solution. Et généralement, ces personnes n'ont pas d'autres choix que de se tourner vers la Joutia du quartier des Houbous à Casablanca. En effet, le «dellal» ne chôme pas en ce moment. Différents articles, deuxième main en général, font l'objet de la criée «Il y en a qui viennent faire des affaires en cette période de l'Aïd, ils les achètent pour les revendre après en doublant le prix. Les pauvres gens sacrifient leurs affaires et même leurs habits pour payer le prix du mouton ! Que Dieu les aide», se désole Si Ahmed, un commerçant. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Si le citoyen moyen souffre pour se procurer un mouton, les éleveurs se réjouissent de l'occasion. C'est le cas d'ailleurs de Haj Mohamed, originaire de la région de Beni Meskine, qui vient de s'installer dans un rez-de-chaussée d'un immeuble en construction à Casablanca avec une centaine de têtes d'ovin, et qui est fier de son troupeau : «Les moutons sont tous des Sardi comme vous les voyez, leur viande est un délice, leur graisse est inoffensive.
Tous, ont été nourris pour l'occasion», dit-il en présentant un de ses ruminants en lui ouvrant le museau pour laisser apparaître deux incisives bien tranchantes. «Chacun coûte 3.000 DH.

C'est un prix fixe», ajoute-t-il d'un air décisif et déterminé. D'autres races font également leur apparition sur le marché en ce moment : le «Timahdit» de la région de Meknès, Ifrane, Khénifra, les «Beni Guil» provenant de l'Est du Maroc ou «Demane» de la région de Ouarzazate et Errachidia… La différence entre elles reste sans aucun doute le prix. Si certaines sont chères, d'autres restent toutefois abordables, surtout pour les petites bourses. Sur ce, bon Aïd à tous !
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L'Aïd, symbole de partage

La fête du sacrifice est célébrée le dix du mois de Dou Al Hijja, douzième mois du calendrier musulman (mois lunaire).
Cette fête commémore le sacrifice d'Abraham qui s'apprêtait à égorger son fils unique Ismaël à la demande du Créateur. Récompensant sa soumission (Islam) et son asservissement à Dieu, Jibril (l'ange et le messager) remplace l'enfant du Prophète par un mouton. Depuis ce jour, une bête est sacrifiée au nom de Dieu (mouton, chèvre, buffle, vache, chameau) juste après la prière de la fête.
Il s'agit d'un geste de remerciement pour la générosité
de Dieu mais aussi une occasion pour partager joie et plaisir entre famille autour d'un bon repas.

*Journaliste stagiaire
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