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Les syndicats décortiquent le dialogue social

Interview: Abdelilah Hallouti (Untm), Khalid Houir Alami (Cdt), Abderrahmane Hachimi (Fdt) Et Mohamed Kafi Cherrat (Ugtm)

Les syndicats décortiquent le dialogue social
LE MATIN : Quelle est votre évaluation de la situation sociale au Maroc ?

Khalid Houir Alami : C'est d'abord une situation inquiétante dont les raisons sont visibles un peu partout, à l'école publique, dans la santé, dans les hausses des prix des produits de première nécessité et des services. La crise est aussi dans l'administration, la justice et partout où le citoyen se dirige dans sa vie quotidienne ou sa relation avec les institutions, l'inquiétude est de mise. Son intensité a augmenté ces dernières années lorsque les politiques gouvernementales n'ont pas pu satisfaire toutes ces attentes. Ce qui a poussé les syndicats à protester notamment à côté d'autres mouvements de la société civile. Le hic, est l'absence d'une réelle considération de cette donne que ce soit de la part du Parlement ou du gouvernement et je dirais même des partis politiques. Car en faisant une petite rétrospective, ce qui est arrivé aux élections du 7 septembre était un séisme et un signal d'alarme de la part du peuple marocain. Car, on ne peut demander au citoyen de s'intéresser à la politique dans un contexte social difficile. En tant que Centrales syndicales, nous insistons sur le fait que toute réforme doit commencer par le social. Je suis convaincu que malgré les contraintes externes, le Maroc dispose des moyens matériels et humains à cette fin. Le vrai problème est celui de la gestion et la bonne gouvernance.

Abdelilah Hallouti : Je tiens d'abord à vous remercier d'avoir réuni les syndicats autour de la même table. La situation sociale se passe de tout commentaire, elle est criante. Même les gouvernements actuel et précédent en conviennent. Ce qui les a poussés ainsi que les syndicats de chercher des issues pour une crise sociale qui a commencé en 2000. Plus qu'inquiétante, la situation aujourd'hui est dangereuse principalement au niveau des salariés du secteur privé. Ces derniers ne ressentent aucune dignité à être citoyen marocain. Nous avons plusieurs sociétés où les salariés travaillent dans des conditions qui ressemblent beaucoup à celles des immigrés clandestins en Europe. Et pour débloquer la situation, le gouvernement offre une hausse du Smig de 10%. Quant aux raisons de l'escalade, je pense que les précédents accords entre syndicats et gouvernement ne sont pas appliqués. Je ne parle pas ici du fonctionnaire qui devait constituer la classe moyenne et qui se trouve maintenant contraint à vivre dans la précarité. Certes, il y a des contraintes internationales, mais le gouvernement doit innover puisque les moyens ne manquent pas. Nous avons appris que l'Exécutif a injecté 20 milliards de DH supplémentaires dans le Budget 2008. Si le gouvernement persiste dans son atonie et les syndicats ne s'inscrivent pas dans une revendication réfléchie, la situation pourrait déboucher sur l'explosion.

Abderrahmane Hachimi: Je pense qu'il y a désormais unanimité parmi les acteurs politiques, syndicaux et sociaux sur la gravité de la situation et les écarts sociétaux béants. L'inquiétude est une donne structurelle dans l'économie marocaine. Nous reconnaissons, toutefois, que les réformes de 1998 ont apporté des acquis à tous les niveaux. Or, les législatives du 7 septembre ont, également, posé la question si les chantiers et les réformes de ces dix dernières années ont répondu aux attentes des masses laborieuses et des démunis. La réponse est non. La crise a toujours existé, mais les syndicats cherchaient les possibles équilibres pour arriver graduellement et sans heurts aux réformes. Nous avons milité, dans la FDT, bien avant le 7 septembre. Ce qui est nouveau, c'est que notre militantisme s'est centralisé contrairement à l'époque où la coordination avec d'autres syndicats étaient prédominante et a débouché sur plusieurs accords dont la plupart n'ont pas été appliqués. Après la nomination de ce gouvernement, nous avons constaté un déséquilibre entre ce qu'il offre au patronat et ce qu'il concède aux salariés. La Loi de finances a donné des cadeaux fiscaux aux entreprises dans l'espoir de relancer l'emploi et l'investissement. Tout le monde a vu comment le Livre blanc de la CGEM a été l'objet du débat au sein d'un conseil de gouvernement, et dont certaines dispositions limitent les avantages sociaux. Face à cette situation, nous pensons que seul un syndicat peut défendre les intérêts des salariés. Dans cette perspective, nous avons contacté toutes les centrales représentatives pour resserrer les rangs. Mohamed Kafi Cherrat: La crise sociale d'aujourd'hui est la résultante d'une évolution historique et d'un cumul. A l'UGTM, nous pensons que l'effritement de la classe moyenne, cette soupape de sécurité, a secoué les équilibres sociétaux. Il y a une trentaine d'années, notre syndicat a posé la question de quelle politique socio-économique pour le Maroc. Aucune réponse à ce jour. Certes, nous sommes à la merci des recommandations des institutions internationales et des équilibres budgétaires, mais aucun effort n'a été fourni à ce niveau. Depuis les années 60, la grille des salaires offre 170 DH comme indemnité de loyer. Quant au dialogue social dans son acception institutionnelle, il n'a vu le jour qu'à la fin des années 90 grâce à la déclaration commune de 2006. Celle-ci stipule clairement que le gouvernement doit se réunir deux fois par an avec les syndicats. Ce qui n'a jamais été appliqué d'où l'amoncellement des problèmes sociaux. Mais, je pense qu'il y de l'espoir.

C'est aussi la responsabilité des syndicats qui ne sont plus aussi forts que par le passé ?

Mohamed Kafi Cherrat: Il y a une opinion qui dit que l'action syndicale a reculé, ce qui est vrai. Mais, il faut reconnaître que dans un certain temps, le vrai militant syndicaliste était persécuté. On avait mis des barrières entre les Marocains et l'action syndicale et sociale. Mais il faut aussi avoir le courage de dire qu'à un certain moment les syndicats se sont investis dans leurs guerres intestines au lieu de s'intéresser aux attentes des Marocains. Peut-être, nous a-t-on posé un piège, et nous y sommes tombés, ce qui a éclaté l'action et les voix syndicales en laissant la brèche à des politiques à l'encontre des attentes sociales. Revenons un peu en arrière. Il y'avait d'abord le syndicat unique. Ensuite les centrales se sont multipliées. Mais ce concept de multiplicité a été utilisé contre l'unité syndicale. Ce qui a débouché à la déclaration commune entre le gouvernement et les syndicats. Ces derniers en ont pris conscience en 1989. Ce fut après l'époque du gouvernement d'alternance où on a opté pour l'apaisement pour lui donner sa chance et attendre ses réalisations. Ce qui n'a pas mis fin aux mouvements sectoriels avec une cadence accélérée. Khalid Houir Alami : Je ne suis pas d'accord avec cette analyse. La paix sociale doit être toujours conditionnée par le degré de respect des droits économiques et sociaux des travailleurs. Ceci étant, aucun syndicat n'a jamais signé un document sur la paix sociale. Juste après la déclaration commune, il y a eu l'amendement de la Constitution, puis l'accord social, ensuite la représentation des syndicats dans la Chambre des conseillers et finalement l'ère de SM le Roi Mohammed VI. Eu égard à tous ces changements, les syndicats se devaient de concéder une période de répit. Malgré tout, en 2002, la CDT s'est engagée dans deux grèves générales. A cette époque aussi les syndicats ont réussi l'acquis du Code du travail.

Que généralement on n'applique pas...

Khalid Houir Alami : En tout cas, c'est une bonne chose que d'avoir une loi. Aujourd'hui, on peut protester contre les chefs d'entreprises s'ils ne la respectent pas. Les syndicats sont restés vigilants pour que le texte soit à sa version actuelle. Ils ont fait montre d'une grande présence et d'une force de proposition et volonté d'arriver à des accords qui se sont soldés pas des conventions dans plusieurs secteurs comme l'enseignement, la santé, les collectivités locales.

Nous avons constaté que les syndicats n'ont pas exigé du gouvernement des séances de dialogue où tous les syndicats seraient autour de la même table. Est-ce un signe de faiblesse après une longue période de paix sociale ?

Abderrahmane Hachimi: La paix sociale n'équivaut pas à l'absence de grèves générales. La vérité est que les protestations sectorielles n'ont jamais cessé.
Avant, la situation ne poussait pas à des grèves d'envergure, contrairement à aujourd'hui où nous sommes dans un contexte exceptionnel qui exige des solutions exceptionnelles et urgentes comme d'autres pays l'ont fait y compris les Etats-Unis qui ont consacré un important budget pour améliorer le pouvoir d'achat de ses citoyens. Abderrahmane Hachimi: La paix sociale n'existait pas dans les mœurs de la FDT. Au contraire, chaque fois que la situation imposait le recours à l'escalade, on le faisait. Car la grève est un moyen pour défendre les revendications et pousser au dialogue. Quant à la manière dont le gouvernement a géré le dialogue social, nous pensons que la méthodologie gouvernementale est biaisée. Le résultat aurait été autre si l'Exécutif avait opté pour des concertations communes avec tous les syndicats en même temps. Hélas, ce n'était pas des négociations mais de simples séances d'écoute et le gouvernement jouait le rôle de go-between entre les syndicats et le patronat.

Mais est-ce que le gouvernement est seul responsable de ce dialogue éclaté ?

Abderrahmane Hachimi: A la FDT, nous avons essayé d'harmoniser notre action avec la CDT qui tout en saluant l'initiative n'y a pas donné suite. Nous avons également rencontré nos amis de l'UGTM et échangé les points de vue et même les reproches. Sans oublier les autres syndicats qui ont souscrit à la grève nationale du 13 février dernier dans la fonction publique et les collectivités locales. Cela montre que nous étions conscients de l'action unifiée.
Après la grève, nous avons contacté les autres syndicats pour nous mettre d'accord sur le cahier revendicatif et la méthodologie à adopter pour
le dialogue. Abdelilah Hallouti : Le social au Maroc est passé par plusieurs étapes. La constante est que les syndicats n'ont jamais signé un document stipulant la paix sociale. Mais, l'on remarque qu'avec l'avènement du gouvernement d'alternance qui avait ses particularités, les syndicats lui avaient accordé un répit.

A cette époque, les considérations politiques ont pris le dessus sur l'action syndicale…

Abdelilah Hallouti : On ne peut pas séparer le syndical du politique. Ce qui n'empêche pas de faire la différence entre le syndicalisme partisan et celui d'obédience politique. Certes, l'action syndicale ne doit pas être tributaire des orientations partisanes, mais le syndicat fait de la politique en prenant des positions vis-à-vis du gouvernement. Quant à la paix sociale, elle n'a pratiquement jamais existé, puisque la contestation a prévalu dans certains secteurs comme l'enseignement qui est la locomotive de la fonction publique. Le même schéma était présent dans les collectivités locales.
Mais, nous étions en présence de syndicats qui se sont spécialisés dans certains dossiers. Je pense qu'il s'agit là d'effritement de l'action qui ne manquera pas d'exacerber la balkanisation syndicale. Généralement, ces syndicats n'arrivent pas à des solutions probantes comme dans l'enseignement. Quant aux Tansikiats, elles ne pourraient remplacer les syndicats. Ces structures concurrencent plutôt les partis politiques qui ont failli à leur rôle d'encadrement. Concernant le dialogue social, je suis d'accord avec mes confrères qu'il y a eu un problème de méthodologie. A l'UNTM, nous avons signifié au gouvernement que sa vision du dialogue ne peut mener à des solutions. Le premier round n'était qu'une simple séance d'écoute et après un mois, le gouvernement est revenu avec des propositions élaborées sur la base d'études et non des revendications syndicales. Plus encore, les propositions gouvernementales filtraient à la presse avant d'entamer le deuxième round du dialogue qui n'était qu'une partie de marchandage. Durant tout le dialogue, le gouvernement n'a jamais soumis un document écrit aux syndicats, il donnait son offre verbalement. De leur part, les syndicats devaient respecter un minimum de coordination et oublier leurs différends. D'autant plus qu'ils l'ont déjà fait dans le secteur de l'enseignement. De toute façon et eu égard au déroulement des rounds du dialogue, les syndicats auraient refusé l'offre gouvernementale même si elle avait été meilleure.

Khalid Houir Alami : Vu la mondialisation galopante, l'avenir apportera son lot d'amenuisement du pouvoir d'achat et des acquis sociaux.
C'est un contexte qui ouvre la voie aux mouvements de contestation et toutes les structures qu'elles soient syndicales ou autres trouveront matière pour monter au créneau. C'est un choix syndical et non gouvernemental d'aller au dialogue social, chaque centrale à part. Car combien même nos soucis en tant que syndicats sont les mêmes, nos références restent différentes.

Mais à une certaine étape, l'offre patronale était plus courageuse que celle du gouvernement principalement au sujet du Smig…

Khalid Houir Alami : Ce que le patronat a proposé ne représente que 10% de ce qu'il est capable de concéder. Je tiens à signaler que la baisse de l'IS de 35 à 30% équivaut à des milliards de DH de gains pour les entreprises.
Ces dernières n'ont pas pris la peine en contrepartie de promouvoir l'emploi et mieux investir. D'un autre côté, les syndicats sont unanimes sur la nécessité de porter le taux de la promotion interne à 33% au lieu de 22%. Le gouvernement a estimé que cela se traduirait par un coût de seulement 1 milliard de DH. Ce n'est rien comparativement aux cadeaux fiscaux dont le patronat a bénéficiés. Nous avons également proposé une hausse générale des salaires de l'ordre de 500 DH.
Le premier ministre s'est engagé à la prendre en considération, mais il s'est confronté au niet du ministre des Finances.
Mohamed Kafi Cherrat: Je ne suis pas d'accord. Il est difficile de dire que la Loi de finances a passé sous silence les aspects sociaux. Si tel était le cas, le gouvernement n'aurait pas injecté 30 MMDH dans la Caisse de compensation. Quant à la manière dont le dialogue a été mené, je pense que les syndicats en portent la responsabilité. Car en 1989 lorsque les syndicats étaient unis, il y avait un seul cahier revendicatif. Mohamed Kafi Cherrat : Ne polémiquons pas sur cette question. Certes, nous étions dans l'opposition, les intentions des différents syndicats étaient bonnes. Pour exemple, le document du 1er août 1996 a été préparé entre syndicats et en présence du gouvernement et du patronat. Les récents contacts syndicaux n'étaient en fait que des rencontres de courtoisie.

Face à l'éclatement syndical, le patronat était uni. Est-ce la raison de la faillite de ce dialogue social ?

Mohamed Kafi Cherrat: Vous savez, le taux de syndicalisation au Maroc fluctue entre 4 et 6%. En 1989 les syndicats ont été presque absents. Mais après cette époque, on a senti un retour en force syndical qui booste même l'action partisane. S'agissant des propositions gouvernementales, elles sont effectivement insuffisantes, mais personne ne peut dire que les 16 milliards de DH qu'elles vont coûter, n'est rien. C'est parce que l'on dispose de 16 MMDH, et depuis 1990 jusqu'en 1996, le gouvernement n'a débloqué que 3 MMDH. Et cela pendant six années. Nous à l'UGTM nous estimons que ce montant n'est pas suffisant et ne nous permettra certainement pas d'atteindre l'objectif escompté.
Mais nous pensons que l'on ne peut pas aller au-delà du possible. Le gouvernement ne peut s'engager que sur ce qu'il peut programmer aujourd'hui pour être réalisé demain. Il faut reconnaître que ce qui ne peut être réalisé, nous n'y pouvons rien.

Abderrahmane Hachimi: Je voudrais souligner que la FDT est membre actif des « Tansikyates ». Nous ne voulons pas briguer des postes de responsabilité dans ces mouvements parce que nous voulons laisser ce terrain aux militants de base. Nous soutenons néanmoins leurs actions. En ce sens, je voudrais préciser également que nous sommes présents dans les «Tansikyates » non en tant que parti politique, mais à titre de syndicalistes de la FDT. Nous y sommes pour sensibiliser, mais aussi pour protester quand le besoin s'en fait sentir. Nous avons présenté à leurs dirigeants des propositions sur le mode de travail, les relations avec les autres centrales syndicales, chacun selon son rang. L'action syndicale est certes aujourd'hui différente de ce qu'était le cas pendant les années 60, 70 ou 80. L'action syndicale était alors à la fois simple et difficile. Seuls s'y adonnaient les vrais militants, ceux engagés, téméraires et capables de faire face à toutes sortes de menaces et sans crainte d'être arrêtés. Aujourd'hui la situation est autre, les difficultés résident désormais dans les complications de la situation économique et sociale, aussi bien au niveau national qu'international. Le statut intérieur de la FDT permet à différents acteurs indépendants ou membres de partis politiques de faire partie de ses adhérents. C'est ainsi que notre centrale regroupe des militants du PSU du FFD et du PPS. La FDT n'est donc pas le syndicat d'un parti donné et je peux vous assurer que la décision au sein du syndicat est indépendante et autonome. Je voudrais répondre en ce sens au propos de Khalid Lahouir Alami pour lui dire qu'il a le droit de voir les choses selon l'angle qu'il considère juste.
Et nous, au sein de la FDT, nous soulignons que la décision du syndicat est indépendante et nous envisageons les propositions du gouvernement selon l'angle que nous estimons approprié. Le Premier ministre le reconnaît, lui-même, ce qu'il nous a proposé n'est pas suffisant et nous, à la FDT, nous estimons qu'il faut entreprendre des mesures exceptionnelles pour une meilleure gestion de ce dossier. En somme, nous estimons que si les négociations s'étaient déroulées selon des règles prédéfinies et que toutes les cartes avaient été mises sur table, nous aurions pu arriver à un consensus que dicterait la situation. J'ajouterai que la FDT est un membre actif dans les forums sociaux, tout comme le sont les autres centrales syndicales, la CDT, l'UMT et l'UGTM en l'occurrence. Nous nous sommes inscrits également en tant que centrales syndicales dans une dynamique mondiale. Je voudrais souligner à cet effet que même au niveau international l'idée d'une centrale unique est dépassée. A l'exception de certains pays comme le Danemark ou l'Allemagne, le multi-syndicalisme est la règle générale dans tous les pays. Mais cela ne nous empêche pas de coordonner nos efforts. Chaque syndicat à un rôle à jouer dans le cadre de la protection et le renforcement des droits de la masse laborieuse et de leurs adhérents, en particulier.

La participation de l'UNTM au dialogue social suscite aussi bien le commentaire des observateurs que la problématique de la représentativité. Comment expliquer cette participation illégale au dialogue social alors que vous vous faites les défenseurs de la loi et la légalité ?

Abdelilah Hallouti : avant d'aborder cette question, je voudrais revenir à celle de l'indépendance du syndical vis-à-vis du politique. Nous à l'UNTM, avons signé lors de la dernière réunion de notre Conseil national un accord de partenariat avec le PJD. Ce partenariat fait la différence entre ce qui est syndical et ce qui est partisan, entre les instances du parti et celles du syndicat. Et le fait que des militants fassent à la fois partie du PJD et de l'UNTM ne nuit en rien à cette indépendance entre les deux institutions. Cela étant, je voudrais souligner que le gouvernement a présenté une proportion qui pourrait répondre à un seuil minimum. L'UNTM va l'accepter sans, en cela, prendre en considération la position du PJD.
D'un autre côté, il est des militants très actifs au sein de l'UNTM qui n'ont aucun rapport avec le PJD, parce que l'action syndicale est ouverte et imprégnée d'une vraie démocratie. L'UNTM est régi par des statuts, principes et organismes. Un syndicat régi par des statuts et des lois ne peut donc être soumis au dictat d'un parti politique. En ce qui concerne la question de la représentativité évoquée par nombre de syndicalistes, je pourrais dire que nous nous sommes basés sur celle de 2003. La représentativité est définie par l'élection des délégués des employés et des salariés, or, nous savons tous que les élections de 2003 ont été entachées d'irrégularités. Plusieurs listes de l'UNTM ont été annulées, nous avons protesté et porté l'affaire devant la justice.
Je considère que l'UNTM a son poids sur la scène nationale, c'est un plus qualitatif pour l'action syndicale parce qu'elle est venue avec une nouvelle vision de cette action. Nous ne nous considérons pas comme le syndicat capable, à lui seul, d'apporter solution à tous les problèmes. Nous considérons que les autres syndicats ont, chacun, un rôle à jouer et nous collaborons avec eux pour arriver à de meilleurs résultats. Les élections de 2009 approchent et nous ne pouvons parler de représentativité que si ces élections se déroulent dans la transparence. En outre, en parlant de représentativité, certains syndicalistes évoquent le seuil de 6% inscrit dans le code du travail. Or ce code ne parle que des salariés du secteur privé alors que dans le secteur public, nous estimons que nous disposons de cadres compétents capables de dialoguer et d'arriver à des accords. Nous sommes suffisamment présents dans la fonction publique, ce qui a incité l'ancien Premier ministre, Driss Jettou, à nous inviter à la table de négociations. Cela dit, je voudrais insister, par ailleurs, sur le fait que nous, au sein de l'UNTM, sommes disposés à continuer les négociations comme nous le sommes à le quitter et évoluer à l'extérieur du dialogue social. Et chacune de ces deux positions à son propre coût.

Khalid Houir Alami : Le gouvernement s'est toujours dit prêt à négocier avec les centrales qui sont représentées au Parlement ( au sein de la deuxième Chambre). Et comme l'UNTM est représentée au Parlement, le gouvernement est donc tenu de négocier avec elle. Cela même si d'aucuns considèrent toujours que le code du travail est le seul référentiel à prendre en compte. Je pense donc qu'il faudra revoir cette question de représentativité. Je pense qu'il faut aller plutôt vers la concertation et la création de commissions mixtes entre différentes centrales. L'expérience a bien réussi dans le secteur des phosphates où la commission syndicale mixte a pu mener positivement les négociations. Or, si l'on s'en tenait à cette question de représentativité, seule la CDT qui encadre 35% des salariés du secteur serait habilitée à négocier avec la direction de l'OCP. Ce que nous avons fait, c'est nous concerter avec d'autres centrales et nous sommes arrivés à un cahier revendicatif commun. Cette expérience a eu des résultats positifs, car depuis 2005 et jusqu'à aujourd'hui, nous avons signé quatre conventions avec la direction de l'Office. Cette initiative reflète également le degré de maturité auquel sont arrivées ces centrales. La vision unioniste existe donc.

Vous considérez que, à chaque fois que les syndicats arrivent à s'unir sur un objectif, les résultats en sont meilleurs, pourquoi alors n'avez-vous pas présenté un seul cahier revendicatif lors du dialogue social ?

Khalid Houir Alami : A chaque expérience ses propres difficultés. Ce que nous avons fait dans le secteur des phosphates n'a pas été exempt de difficultés, mais nous avons pu les aplanir. Il faudrait souligner, dans ce sens, que c'est un syndicat sectoriel et l'on ne peut pas transposer cette expérience au niveau national. Il est certain que chaque syndicat considère de plus en plus d'un bon œil cette question d'union, de cahier revendicatif commun mais subsistent encore des points de discorde. Les grèves sectorielles posent encore des problèmes, et nous parlons ici de deux secteurs particuliers, l'enseignement et les collectivités locales. La grève a été banalisée. Chaque fois qu'il y a un appel à la grève, toues les agents des collectivités locales et les fonctionnaires de l'enseignement y prennent part sans que cet appel ait été émis forcement par les syndicats auxquels ils sont affiliés.

Abdelilah Hallouti : J'estime que c'est au gouvernement qu'il faut imputer la responsabilité de ce poblème. C'est la situation dans laquelle vivent ces secteurs qui a conduit à ce constat. Les responsables de ces deux secteurs ne veulent pas venir s'asseoir autour de la même table avec nous. Pour revenir à cette question de concertation, voire d'union syndicale, je salue l'initiative qui a été prise dans le secteur des phosphates et à l'ONCF, mais également dans l'enseignement. Ce que je souhaite, c'est que cette union soit reconduite à l'échelle nationale. En ce qui concerne l'enseignement, j'estime que le gouvernement devrait activer l'accord du 1er août qu'il a signé avec les cinq centrales syndicales. C'est d'ailleurs dans le cadre de cet accord que les fonctionnaires de l'enseignement observent des mouvements de grève, d'où cette concertation autour des mêmes dates. Il ne faut donc pas parler de banalisation, surtout si l'on prend en compte cette initiative de prélèvement des jours chômés sur les salaires des fonctionnaires. Ce sont donc des mouvements de grèves observés par ces fonctionnaires pour défendre un cahier revendicatif commun à tous les syndicats qui ont apposé leur paraphe sur l'accord du 1er août. Concernant le dialogue social, je voudrais réitérer mon appel à ce que le gouvernement retire sa liste de propositions. Le gouvernement est en train d'adopter une politique de fuite en avant, cela parce qu'il a manifesté son intention d'appliquer ces propositions sans prendre en considération la position des syndicats. Pour moi, c'est une gifle administrée aux syndicats.

Qu'avez-vous décidé alors pour le rendez-vous de septembre ?

Abdelilah Hallouti : Pour ma part, j'estime que si nous nous sommes engagés vraiment dans un processus du dialogue social, le gouvernement ne doit pas faire des propositions unilatérales qu'il s'empresse de mettre en pratique même si les centrales syndicales les rejettent. Maintenant, si le gouvernement insiste sur la mise en application de ses propositions, ceci aura comme réponse de la part des syndicats, davantage de mouvements de protestation. Et cela ne va certainement pas servir les intérêts de la nation.

Et pour septembre ?

Abdelilah Hallouti : Le gouvernement doit arriver à un accord avec les syndicats sans attendre le mois de septembre. Les syndicats n'ont pas refusé les propositions du gouvernement pour faire dans la surenchère, c'est que ces propositions sont loin d'être raisonnables. Les syndicats ne feront donc pas de surenchère surtout que dans toutes leurs revendications, ils se sont maintenus au seuil minimum. Et si l'on n'arrive pas à satisfaire ces revendications minimales, le gouvernement doit en chercher la cause. Il faut qu'il revienne, dans ce cas, à la table des négociations et entamer de vrais pourparlers. Les syndicats doivent de leur part unir leur rangs, ce qui aboutira à des négociations communes d'abord entres syndicats pour arriver à une plateforme commune des revendications et ensuite avec tous les partenaires sociaux.

Est-ce que les syndicats vont boycotter le prochain round des négociations prévu en septembre si le gouvernement ne revient pas sur ses positions ?

Abderrahmane Hachimi: Je voudrais revenir à une question que je considère comme fondamentale. Comment parler de problèmes sectoriels alors que tous les salariés font face à la cherté de la vie ? Le respect du SMIG est une question prioritaire. Ce n'est qu'en réglant ce point que l'on peut envisager la question des conventions collectives. Je voudrais souligner ici que si la CGEM a pu se restructurer selon les secteurs, nous, dans les syndicats nous ne sommes pas encore arrivés à mettre en place une telle structure basée sur une approche sectorielle. Pour cela, la question nécessite non seulement une restructuration des syndicats, mais une volonté sincère du patronat de s'asseoir avec nous autour d'une même table. Et cela afin de faire couvrir tous les secteurs par des conventions collectives. Pour ce qui est de la décision unilatérale du gouvernement, nous l'en avons prévenu. Et jusqu'au 28 avril, le gouvernement en était encore aux formules comme «le gouvernement expose», «le gouvernement propose», mais deux jours après, il a décidé d'entrer en phase d'exécution de ses propositions sans prendre en considération les positions des syndicats. C'est pour cela que nous avons décidé, avec l'UMT- Union syndicale des fonctionnaires, d'appeler à cette grève du 13 mai. Cela étant, et pour mieux refléter la démocratie interne au sein de la FDT, je vous assure qu'il m'est impossible en tant que représentant de la centrale de me prononcer sur ce qui pourrait se passer en septembre. Car le bureau exécutif n'a été mandaté par le Conseil national que pour annoncer la grève et engager des concertations avec tous les syndicats qui ont adopté cette même décision. Et c'est au bureau exécutif de rendre compte de ces actions au Conseil national qui décidera ensuite de la position à adopter. Ceci montre le niveau de démocratie interne au sein de notre syndicat.

Mohamed Kafi Cherrat: il est vrai que le gouvernement parlait surtout de propositions et au 1er mai, il a annoncé qu'il allait les mettre en exécution. Personnellement, je considère, et c'est le cas partout dans le monde, que le dialogue devrait être basé sur ce qui est sectoriel. Et nous, syndicat, nous avons fermé nos portes à ce dialogue sectoriel. En d'autres termes, je voudrais souligner qu'il existe un dénominateur commun entre toutes nous revendications. J'ai entendu dire que certains revendiquent une augmentation minimale et généralisée à tout le monde de 500 DH. Et si tous les syndicats s'étaient concertés sur cette augmentation minimale et l'avaient proposée lors des séances du dialogue social, je pense que cette revendication aurait été acceptée. Et cela en procédant à une redistribution de l'enveloppe consacrée par le gouvernement aux augmentations de salaires objet du dialogue. Ceci devait être un pas positif parce qu'en parlant de ces 500 DH, cela nous amène à observer que l'augmentation minimale proposée par le gouvernement est de 459 DH, cela en ce qui concerne les échelles allant de 1 à 7, en prenant en considération que celles de 1 à 4 sont en voie d'extinction.

Mohamed Kafi Cherrat: il est vrai que le gouvernement parlait surtout de propositions et au 1er mai, il a annoncé qu'il allait les mettre en exécution. Personnellement, je considère, et c'est le cas partout dans le monde, que le dialogue devrait être basé sur ce qui est sectoriel. Et nous, syndicat, nous avons fermé nos portes à ce dialogue sectoriel. En d'autres termes, je voudrais souligner qu'il existe un dénominateur commun entre toutes nous revendications. J'ai entendu dire que certains revendiquent une augmentation minimale et généralisée à tout le monde de 500 DH. Et si tous les syndicats s'étaient concertés sur cette augmentation minimale et l'avaient proposée lors des séances du dialogue social, je pense que cette revendication aurait été acceptée. Et cela en procédant à une redistribution de l'enveloppe consacrée par le gouvernement aux augmentations de salaires objet du dialogue. Ceci devait être un pas positif parce qu'en parlant de ces 500 DH, cela nous amène à observer que l'augmentation minimale proposée par le gouvernement est de 459 DH, cela en ce qui concerne les échelles allant de 1 à 7, en prenant en considération que celles de 1 à 4 sont en voie d'extinction.

L'objectif de la grève étant d'inciter le gouvernement à revenir sur ses positions, comment, dans un pays qui connaît la situation qui est celle du Maroc, appeler à deux grèves en l'espace d'une semaine. La CDT ne pouvait-elle pas se joindre aux autres centrales pour une grève générale pendant la même date ?

Mohamed Kafi Cherrat: A toute grève, des conditions préalables.
Et à la tête de ces conditions une situation où le seuil des propositions est nul. Or, nous au sein de l'UGTM, nous considérons que la situation n'est pas à ce point négatif. Il y a certains points positifs que nous espérons voir s'améliorer. L'on ne peut pas faire fi de l'enveloppe des 16 MMDH que le gouvernement met sur la table des négociations et dire qu'il n'a rien proposé. L'on ne peut pas, non plus, présenter des revendications qui peuvent mettre à mal le budget d'investissement du gouvernement. Cela aurait pour conséquence de gonfler davantage les rangs des chômeurs pour la situation desquels nous devons tous nous atteler à chercher une solution. L'on ne peut pas présenter une telle revendication sauf si l'on veut que le pays entre dans un cycle d'emprunt et d'endettement, ce qui correspond à une politique qui n'est pas celle qu'a choisie le Maroc.

Abdelilah Hallouti : Il existe un mouvement de protestation, et peu importe s'il a été choisi pour des dates différentes pour ces actions de protestation.
Si les syndicats ont décidé d'appeler à des mouvements de grève, c'est parce qu'ils ont considéré que cette étape de l'histoire du pays l'impose. Ces actions sont donc une forme de protestation face aux propositions du gouvernement. Nous ne nions pas que le gouvernement a fait un effort et ce qu'il a présenté reflète un certain courage et représente une tentative de remédier à la situation sociale que vit le pays. Toutefois, lorsque les syndicats ont refusé les propositions du gouvernement, les deux parties auraient pu faire un petit, mais substantiel effort pour sortir du tunnel et éviter la confrontation. L'appel à la grève lancé par toutes les centrales représente donc une certaine cohésion syndicale, une sorte de coordination indirecte dictée par le rapprochement des points de vue.
Ceci ne fait que rapprocher davantage ces centrales en vue d'instaurer un discours commun et des revendications et visions communes.

Abderrahmane Hachimi: Je voudrais insister sur le fait que nous n'avons pas de position politique envers le gouvernement. Nous vivons une situation de pression sociale, cela nous incite à exercer notre rôle social qui est d'encadrer et contenir cette situation et d'observer des grèves et des mouvements de contestation, en toute légalité, pour arriver à une paix sociale. Pour ce qui est des dialogues sectoriels, je voudrais souligner que l'on ne peut aborder ces pourparlers alors que le gouvernement n'a pas encore respecté ses engagements du 1er août dans le secteur de l'enseignement et les accords conclus dans les autres secteurs comme la Santé et la Justice. C'est un préalable pour nous engager dans tout autre dialogue sectoriel. Le gouvernement doit également nous faire part de ses propositions concernant l'Entraide nationale et les agents d'encadrement relevant du département de la Jeunesse et des Sports. Car il est inconcevable qu'il y'ait encore une tranche de ces agents qui touchent un salaire de 1080 DH, non par mois, mais par an. Ce qui les positionne largement en deçà du SMIG. Il faut donner à César ce qui est à César. Le gouvernement a certes annoncé plusieurs propositions qui versent dans le sens d'améliorer la situation de la masse laborieuse et œuvre également pour l'amélioration du cadre de l'action syndicale, mais il faut qu'il entreprenne de résoudre les problèmes d'ordre financier. Car la vague des augmentations des prix que connaît le pays à eu pour conséquence des tensions et nécessite des mesures exceptionnelles. Mesures qui pourraient aider à mieux appréhender d'autres problèmes liés à cette situation.

Abdelilah Hallouti : Nous, nous estimons qu'il est indispensable de sauver le dialogue social pour remédier à la situation. Ceci implique que le gouvernement doit retirer ses propositions unilatérales et revenir à la table du dialogue avec une nouvelle méthodologie de travail. Et ce, dans les plus brefs délais, dans une semaine ou deux au plus tard. Ceci devrait nous permettre de trouver une solution concertée, sur laquelle syndicats et gouvernement se seraient mis d'accord.

Khalid Houir Alami : Tout jugement de négociations ou d'une institution doit avoir comme point de départ la manière dont est abordée une situation de crise qui a ses propres spécificités, et non son attitude face à une situation normale.
Le gouvernement est, en ce sens, appelé, à déployer tous ses moyens pour répondre aux défis qu'impose la situation. Il ne faut pas nous concentrer uniquement sur le chômage, il faut nous concentrer également sur les investissements. Il faut également reconnaître que le pouvoir d'achat de la population s'est fortement amenuisé.
Et cet ouvrier que nous voudrions capable d'être au niveau des compétences qu'exige la concurrence au niveau international doit voir sa situation prise en considération. Le gouvernement est appelé à faire face à cette situation sociale de crise avec les moyens que cela nécessite. La direction des impôts a présenté, par exemple, des chiffres importants de revenus qui devaient être versés dans les caisses de l'Etat.
Ce ne fut pas le cas, car les patrons d'entreprises rechignent à payer leurs impôts. Nous constatons que face à une dégradation sans précédent du pouvoir d'achat, nous observons partout des manifestations d'opulence. Le gouvernement doit donc faire respecter la loi, et c'est la moindre des choses.
Il est appelé à répartir les revenus du Trésor selon les priorités. Je me demande, dans ce cas, si le budget d'investissement qui est de l'ordre de 30 MMDH a été distribué selon la carte de la pauvreté de 2004. Il est donc question de gestion, de gouvernance et d'adoption d'une logique de priorités.

Mohamed Kafi Cherrat: Je pense que la déontologie des négociations nous oblige à prendre ce que l'on nous propose. Et le processus devrait se poursuivre, le seuil des revendications peut être relevé et nous pourrions continuer à négocier. L'on ne peut pas résoudre tous les problèmes d'un seul coup et comme je l'ai déjà souligné la situation a atteint une phase lourde de conséquences.
Ce qui ne veut pas non plus dire qu'il n'existe pas de solutions. Le gouvernement doit chercher des solutions idoines les syndicats doivent également assumer leur responsabilité de partenaire. Et ce, en commençant par accepter ce qui leur a été proposé et continuer à revendiquer davantage.
Quel que soit le cas, il existe des contraintes et l'on ne peut pas résoudre tous les problèmes d'une seule traite.
Je ne dis pas cela pour dégager le gouvernement de ses responsabilités, mais, je considère que la situation nécessite une politique d'accompagnement par tous les partenaires sociaux, les syndicats et le patronat, en l'occurrence.
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