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Nouvelles inquiétudes sur les banques

Une nouvelle nationalisation bancaire en Islande et une série d'informations sur les banques britanniques ont rendu les marchés ultra-nerveux mardi, au lendemain d'un "lundi noir" boursier, tandis que les dirigeants européens s'apprêtaient à renforcer la protection des épargnants.

Nouvelles inquiétudes sur les banques
L'Islande a annoncé mardi la nationalisation de la deuxième banque du pays et l'octroi par la Russie d'un prêt de 4 milliards d'euros pour aider le pays nordique, dont l'économie menace de vaciller en raison de la crise financière internationale. Mais le vice-ministre des Finances russe, Dmitri Pankine, a démenti l'octroi de ce prêt. L'économie islandaise est largement basée sur son système financier, qui représente huit à neuf fois son PIB.Plusieurs banques européennes ont dû démentir des besoins de capitaux. Deutsche Bank, la première banque privée allemande, a indiqué qu'elle ne prévoyait pas d'augmentation de son capital, pour couper court à des rumeurs qui faisaient plonger le titre. A la mi-journée, l'action perdait encore 8,37%. En Grande-Bretagne, le directeur général de la banque Barclays, John Varley, a nié également que son groupe ait demandé une injection de capital au gouvernement, affirmant qu'il n'avait "aucune raison de le faire".

La banque Lloyds TSB, qui vient de racheter sa rivale HBOS, a pour sa part admis auprès de l'AFP qu'elle recherchait "des opportunités" pour lever du capital", après que la BBC eut rapporté qu'elle avait fait lundi une telle demande au gouvernement, avec Royal Bank of Scotland et Barclays. Ces révélations de la BBC ont fait s'effondrer les titres des trois banques, Royal Bank of Scotland perdant, à un moment, plus de 30%. De son côté, l'action de la banque franco-belge Dexia poursuivait sa dégringolade, au lendemain d'une chute de 20,29%, l'arrivée à la tête du groupe de Jean-Luc Dehaene et Pierre Mariani ne suffisant pas à calmer les inquiétudes. En milieu de journée, Dexia reculait de 8,33%. Côté politique, les ministres des Finances de l'Union européenne, réunis à Luxembourg, pourraient annoncer un relèvement de la garantie dont peuvent disposer les épargnants en cas de faillite de leur banque, pour la faire passer de 20.000 à 100.000 euros, dans une première réponse concrète à la crise. L'objectif serait avant tout de rassurer des petits épargnants de plus en plus inquiets.

L'Europe resterait toutefois en-dessous du seuil prévu aux Etats-Unis dans le cadre du plan de sauvetage récemment adopté. Il a été relevé à 250.000 dollars (184.000 euros). L'idée est aussi d'harmoniser au sein de l'UE des politiques discordantes et d'éviter une fuite des capitaux vers les banques des pays les plus généreux, alors que plusieurs pays européens ont annoncé ces derniers jours des mesures pour relever leurs garanties. Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a jugé nécessaire mardi à "une réponse commune" de l'Union européenne à la crise. Dans le même temps, plusieurs hauts responsables tentaient de calmer les épargnants. Le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordo ez a assuré mardi que "rien ne (mettait) en danger l'épargne des Espagnols". De même, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a affirmé qu'aucune banque française ne risquait la faillite et que l'épargne serait "totalement préservée".

Sur les marchés, les opérateurs guettaient le moindre indice d'une action coordonnée des banques centrales pour juguler la crise et en particulier une éventuelle baisse des taux d'intérêt. Mais le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Masaaki Shirakawa, s'est dit opposé mardi à une telle idée. En attendant, les instituts d'émission continaient d'injecter des liquidités dans le système pour pallier la méfiance des banques qui refusent de se prêter de l'argent entre elles. La Banque centrale européenne (BCE) a alloué mardi 50 milliards de dollars puis 250 milliards d'euros, tandis que la Banque du Japon (BoJ) annonçaient l'injection de 1.000 milliards de yens (7,25 milliards d'euros). Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke doit prononcer un discours à 17H15 GMT.
Les Bourses européennes évoluaient en dents de scie au gré des nouvelles et des rumeurs sur les banques, après des séances tout aussi agitées en Asie où Tokyo a clôturé sur une baisse de 3,03%.

Les places européennes, qui avaient ouvert dans le vert, sont passées momentanément dans le rouge au moment de la dégringolade à Londres du titre de Royal Bank of Scotland. Mais vers 11H00 GMT, elles avaient toutes repris des couleurs, le CAC 40 gagnant 1,12% à Paris, le Footsie 0,45% à Londres et le Dax 0,72% à Francfort. En Russie, les cotations ont été suspendues pendant trois heures sur les deux places financières moscovites, avant l'ouverture, au lendemain d'un plongeon historique. Les Bourses des riches monarchies du Golfe ont enregistré de fortes baisses mardi, celle d'Arabie saoudite, la première du monde arabe en termes de capitalisation, perdant près de 9% dès l'ouverture avant de se redresser légèrement. L'indice TASI s'est effondré de plus de 570 points (-8,6%) avant de remonter à -7,4% (6.230,43 points) une heure après l'ouverture. La veille, cet indice avait perdu 9,81%.

Les investisseurs saoudiens et des autres pays du Golfe se laissent aller à la panique en raison de la crise financière mondiale, a estimé l'économiste saoudien Abdelwahab Abou-Dahech. "C'est une catastrophe. Il est clair que nous resterons volatiles et imprévisibles tant que les marchés internationaux seront sous l'influence de la crise financière", a-t-il dit. "Nous faisons partie de ce monde et subissons l'impact psychologique et pratique de ce qui se passe sur les marchés internationaux", a renchéri l'économiste koweïtien Ali al-Nimech. La plupart des grandes banques saoudiennes ont toutefois assuré, via des messages mis en ligne sur le site internet TASI, qu'elles n'étaient impliquées d'aucune manière dans la crise des subprimes (crédit hypothécaires consentis à des emprunteurs peu solides) américaines. Les autres Bourses du Golfe étaient également en baisse.
La Bourse d'Abou Dhabi a ainsi perdu environ 4,55 %.

Le Koweït Stock Exchange, la deuxième Bourse du monde arabe en termes de capitalisation, a chuté pour sa part de 3,6%, réagissant apparemment au refus du gouvernement d'accéder aux demandes d'intervention formulées par des députés. Le Dubai Financial Market Index a enregistré une baisse d'environ 5% tandis que la petite place de Mascate chutait de 7,3%. Enfin, la Bourse de Doha a perdu 1,4%.
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L'aide au marché interbancaire

Le Fonds monétaire international (FMI) a prôné mardi dans son rapport biannuel sur "la stabilité financière mondiale" une aide des banques centrales au marché des prêts interbancaires, sous forme de "soutien limité et indirect". "Pour atténuer les difficultés de financement interbancaire, les pouvoirs publics devraient prendre des mesures visant à remédier à la fois aux problèmes indissociables de crédit et de liquidité", a estimé le FMI dans ce rapport, publié à quelques jours de sa traditionnelle réunion d'automne. La crise du crédit, en faisant grimper les taux auxquels les banques se prêtent entre elles, a diminué la portée de l'outil traditionnel de la politique monétaire, les taux directeurs, a diagnostiqué l'institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn. "Les facilités de prêts des banques centrales visant à restaurer le fonctionnement des marchés interbancaires pour transmettre la politique monétaire doivent être conçues avec soin", a précisé l'institution.

Les banques centrales "devraient fournir des incitations pour que les participants aux marchés commencent à faire des transactions entre eux et par conséquent permettre une sortie ordonnée de la banque centrale une fois que les tensions les plus extrêmes se sont apaisées", selon le FMI. Le Fonds a cité en exemple le choix de la Banque centrale européenne d'étendre, avec effet au 1er janvier 2009, le champ des titres financiers qui peuvent être présentés en garantie contre un refinancement auprès d'elle. Il a également conseillé de "faciliter la réduction de l'incertitude entourant l'évaluation du risque de crédit par les participants au marché".
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